Un an avant son décès, le grand Bernard Herrmann (65 ans) signe une dernière musique pour un réalisateur de la nouvelle génération, Martin Scorsese (34 ans). Si on retrouve les cordes graves que l'on pouvait entendre dans ses partitions pour Hitchcock (Vertigo) ou Welles (Citizen Kane), les cuivres et les percussions font une entrée marquante dans son univers. Ces sonorités jazz illustrent les déambulations nocturnes du personnage (Robert De Niro), avec le défilement des néons de la ville, et représentent le versant lumineux d'un cauchemar.
Car en effet, malgré des couleurs chaudes, c'est un sentiment lugubre qui domine. Le caractère désabusé du thème au saxophone assourdi par les violons dissonants marque une descente aux enfers. Le glockenspiel parachève le tableau noir en attribuant à cette errance fantasmagorique un aspect irréel, presque fantastique, avec des rues peuplées de monstres invisibles.
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