Tournée en anglais, BORGIA comprend 12 épisodes de 52 minutes, produits par l'Américain Tom Fontana, auteur de la série carcérale OZ. Au pupitre, il y a Cyril Morin, compositeur pour le cinéma (LA FIANCEE SYRIENNE, THE HUMAN RESOURCES MANAGER) mais aussi beaucoup pour la télévision, il a d'ailleurs déjà écrit une BO pour Canal Plus avec la série policière "Mafiosa, le clan", diffusée en 2006. Il s'agit cette fois-ci d'une production internationale, avec un tournage à Prague, un producteur exécutif à New York, et une musique enregistrée entre Los Angeles , Paris et Budapest. La chaîne et la production ont fait un grand casting de compositeurs avant de choisir le français. "Il fallait être à la fois moderne et ancien, entre plusieurs cultures, et mon passé de compositeur correspondait assez bien. Il restait à convaincre sur le son général et j'ai fait pas mal de recherches pour cela". Il a pu ensuite commencer à concevoir la musique trois mois avant de voir un pré-montage afin de s'immerger en amont. "La photo, le décor, les acteurs, tout cela inspire la musique..."
Cette fresque historique est l'histoire de « Borgia », située à l'époque de Léonard de Vinci et de Michel-Ange, période de grande créativité mais aussi de grande violence, querelles entre royaumes et empires, où le Vatican jouait le rôle d'arbitre. Les Borgias évoluent dans une Rome peu luxuriante, trés sombre, avec peu de richesse. La musique, interprétée par l'orchestre symphonique de Budapest, ne joue pas le religieux ni l'historique, demeure actuelle, dans le style des productions hollywoodiennes d'aujourd'hui, mais avec un aspect beaucoup plus abrupte, moins académique, pour jouer la cruauté de Rodrigue Borgia, par ses sombres harmonies, mais aussi une certaine grâce et poésie.
Pour le compositeur "l'idée était de ne pas faire ‘époque' ni ‘religieux' dans un environnement qui l'est déjà beaucoup. L'idée était de se décaler et d'avoir une vision d'aujourd'hui, plus moderne, tout en sonnant en rapport avec l'époque. Un jonglage permanent".
Pour l'influence américaine, le musicien s'en défend : "L'orchestre est mon choix (et non pas une influence américaine). Les cordes amènent une émotion unique et un effet de masse, de puissance, ce qui est important pour une telle série et de tels personnages". Lors des discussions musicales avec le producteur exécutif (Show Runner) Tom Fontana, il a été indiqué que la musique devait être "crue, dure, et pas forcément jolie, puis évoluer vers plus d'humanité, avec plus de mélodies".
Pour les choix instrumentaux, au delà de l'orchestre, nous entendons de la guitare, car Rodrigo Borgia est d'origine Catalane. Pour le compositeur, "il fallait suivre le personnage, l'accompagner dans des sentiments humains, même s'il peut être monstrueux." Concernant le récit et les épisodes de cette série, Cyril Morin a écrit pour chaque scène une musique différente, 350 morceaux en tout au final. "Ce qui fait la richesse de cette série, c'est qu'il n'y a pas de répétitions. Il n'y a pas de thème récurent pour chaque épisode, mais une évolution des thèmes. On commence avec des sons bruts pour évoluer au même rythme que la famille Borgia, allant du Moyen Age à la renaissance."
En savoir plus : http://borgia.canalplus.fr/
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