Il ouvre son film avec une chanson de Joe Dassin ("Et si tu n'existais pas") qu'écoute le personnage (Jean Dujardin) dans sa voiture. Celui-ci nous est présenté d'emblée dans une certaine normalité, écoutant de la variété. On est d'emblée en empathie avec lui. Puis, petit à petit, il plonge dans la névrose. A cet effet, le cinéaste (auparavant compositeur de ses films) fait intervenir à plusieurs reprises un motif instrumental inquiétant de Mort Stevens (tiré du thème de la série "Hawaii 5-0") pour marquer le basculement du personnage dans la folie.
Ainsi, la musique est à double face, ordinaire et torturée, à l'image du personnage de Adele Haenel, également "normale" en apparence, serveuse dans un bar, mais qui s'avère être aussi désaxée que son client (apprenti vidéaste). Pour compléter ces aventures loufoques, parmi les nombreux morceaux utilisés, il y a une composition de Janko Nilovic ("La Longue Marche") qui fait penser à un western et complète le costume 100% daim du personnage, ainsi qu'une flûte buissonnière entendue à la vision du mammifère en chair et en os, illustrant là encore la dualité de l'animal, entre la vie et la mort. Certaines pièces de jazz complètent le tableau dans une décontraction contrastant avec la violence à laquelle recourt le protagoniste, comme pour se mettre dans le regard de la jeune femme qui apprend les méfaits du héros avec la plus grande indifférence, voire fascination. Un film de psychopathe qui n'en a pas l'air, grâce à une B.O ludique et ambigüe.
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