En effet, la musique originale de Ola Fløttum illustre avec un piano mélancolique le trouble intérieur de la jeune femme, ajoute des violons romantiques pour la relation sentimentale, lorsqu'elle embrasse pour la première fois son amant, puis se dirige vers de la dissonance pour marquer dans un second temps les hésitations de Julie, jusqu'à entreprendre un total décalage par des sonorités légères et sucrée presque sarcastiques comme pour se moquer délicieusement de la romance.
Ainsi, la musique élabore un chemin oscillant entre le soutien émotionnel et l'amusement distancié, afin de refléter au fil des 12 chapitres les multiples facettes du personnage. De la tendresse à la drôlerie, ce patchwork musical sous-tend l'état d'errance de la jeune femme et participe pleinement à notre empathie. Nous ressentons ses remises en question et sa solitude. Pour le réalisateur, "la musique est très émotionnelle mais jamais sentimentale.".
Par ailleurs, pour marquer l'environnement de Julie, notamment lors des scènes de soirées arrosées, et refléter la vie tumultueuse de la jeunesse, des titres préexistants se succèdent, et par leur variété (Chassol, Harry Nilsson, Todd Rundgren, Cymande, Billie Holiday, Erik Satie, Ravel, Art Garfunkel - voir le tracklist complet) reflètent le sentiment d'une dispersion, d'un éclatement, mais le tout dans un même élan vital. Joachim Trier confirme cette idée d'un mouvement unique qui embrasse tous les chapitres : "Je voulais que ce film soit comme une comédie musicale."
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