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L'Autre (2009)
- - BO : Rep Müzak
Cinezik : Comment travaillez-vous en binome ?
Patrick Mario Bernard : On a travaillé ensemble sur ce film sans jamais se poser la question de la répartition des tâches, de manière fluide et naturelle, les places sont interchangeables dans toutes les situations, que ce soit à l'écriture, à la mise en scène...
Vous êtes des artistes complets, vous touchez à tous les éléments d'un film, dont la musique pour Patrick Mario Bernard, comme cela se passe...
Pierre Trividic : La couleur des murs, les bruits de la rue, la musique, ne sont pas moins importants que le scénario. Et je suis même prêt à défendre l'idée qu'un film, ça s'écoute autant que ça se voit. De là à avoir envie de s'intéresser à toutes ces choses, tous ces niveaux de construction, il n'y a qu'un pas à franchir si on a l'appétit pour cela, et l'appétit existe. C'est vrai de la question de la musique qui est plutôt le rayon de Patrick. Les chantiers musicaux sont anticipés le plus possible, et en général nous nous faisons grâce à son travail une idée précise du climat musical et sonore, étroitement liés, avant de commencer à tourner.
La musique faisait déjà partie du scénario ?
P.M.B : Avant de penser aux images, on a pensé au son que pouvait avoir le film, et à ce qu'entendait le personnage d'une certaine manière. En traversant ces strates urbaines, on s'est beaucoup promené avec un magnétophone et on a échantillonné des autoroutes, on a travaillé sur des harmonisations de ces sons pour trouver une musicalité là-dedans. C'était un travail nécessaire pour nous parce qu'on préfère entendre le son du film avant d'en voir les images. Et ensuite les choses vont très vite, une image amène un son et réciproquement. Et tout cela pendant que le scénario se construit.
Ce qui nous paraissait amusant dans la partie sonore du film, c'est la façon dont on est traversé par le son, c'est à dire qu'en se déplaçant dans le paysage on traverse les couches sonores, c'était un pari assez fort de faire exister ces changements de sonorités d'un espace à un autre, comme un élément de la vie.
Pierre Trividic, vous êtes dialoguiste (notamment sur "Lady Chatterley"), quel est votre point de vue sur un dialogue réussi ?
P.T : Il nous semble que le dialogue est juste quand il sonne bien, c'est une question musicale aussi. Le sens y est quand le son y est. C'est comme de la musique le dialogue, le sens de ce qu'on se dit est autant sur notre visage, le mouvement de nos mains, nos regards que dans le sens des mots...
Vous avez dit que le film devait être comme une chanson, avec couplets et refrain, alors, quel est le refrain du film ?
P.T : Oui, il y a des refrains, les transports en commun, on repasse par les mêmes endroits, on refait les mêmes choses, on repasse chez soi tous les soirs, cette régularité qui exprime un ressassement fait partie de l'histoire. Cela nous plaît beaucoup de considérer les films comme des chansons, c'est à dire pas comme des livres, pas comme des tableaux, pas comme des statues ni de l'architecture, mais plutôt comme des chansons, avec leur côté cyclique et cette légèreté qu'elles ont même quand elles sont graves.
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