Le jury est arrivé sur Poitiers mardi dernier. Il est composé de 5 professionnels du cinéma, venant de divers horizons :
- Muriel Merlin, productrice associée chez 3B productions et Tessalit Productions,
- Elisa Miller, réalisatrice, lauréate du prix du scénario avec son court-métrage Roma aux Rencontres Henri Langlois 2009,
- François Marthouret, acteur de cinéma et de théâtre,
- Marc Syrigas, scénariste,
- Stephen Torton, artiste polyvalent (photographe, cinéaste).
Cinezik : Prêtez-vous une grande importance à la musique dans les courts ? Est-ce quelque chose qui rentre dans vos critères de sélection ?
Marc Syrigas : Oui, au même titre que l'image. On prête attention aux effets aussi parce que parfois il y a trop de musique, trop d'effets, ou parfois elle est justement distillée dans les films. C'est important, mais on ne va pas choisir un film parce qu'il a une bonne musique.
Que pensez-vous de la présence musicale dans les courts de la compétition ?
Muriel Merlin : Je trouve que la musique dans les films aujourd'hui prend une place trop importante. Mais dans la sélection, à part un ou deux films, finalement elle est assez bien utilisée. Il y a un ou deux films où je trouve qu'elle est utilisée de manière abusive comme on voit aujourd'hui dans les longs-métrages. Je pense que la musique ne doit pas se faire sentir dans le film. Alors que je trouve qu'actuellement il y a une nette tendance à ce que la musique supplante les éléments de la mise en scène et de la réalisation, ce qui est assez inquiétant d'ailleurs. Hors là, j'ai trouvé qu'à part, un ou deux films, la musique est là où elle doit être. Donc c'est plutôt assez réussi dans l'ensemble. Cependant, il y a des courts qui n'ont pas de musique...
Mais c'est facile de faire aujourd'hui un long-métrage avec tous les tubes qui existent et que l'on aime bien, du moment qu'on a le budget pour le faire. Je pense que pour les courts-métrages ils doivent trouver des astuces ou même faire du design sonore, ce qui est parfois plus intéressant que de mettre un morceau musical sur lequel on paye juste les droits. Il y en a quelques-uns qui ont travaillé sur le design sonore, sur des bruits d'objets ou sur une musique qui est moins harmonique.
M.S : Quand il y en a trop, ça devient vite insupportable. Il faut vraiment manier la musique avec délicatesse.
La musique peut-elle influer sur votre réception des films ?
M.S : Il ne faut pas que ça s'entende, il faut que ce soit un élément de la mise en scène comme un autre.
Il ne faut pas que la musique procure plus d'émotion que le scénario ?
M.S : Non et ça ne peut pas être le cas.
François Marthouret : Et souvent malheureusement depuis très longtemps, dans l'histoire du cinéma, la musique est là pour nous indiquer ce que l'on doit ressentir. C'est un pléonasme permanent quand ce n'est pas une accumulation insupportable, c'est-à-dire un fond sonore permanent. Mais même dans les films des grands maîtres, parfois à Hollywood, il y a cette musique qui nous dit ce qu'on doit sentir quelques secondes avant que l'action n'arrive.
M.M : Surtout à Hollywood (rires).
F.M : Mais si la musique peut être considérée comme un personnage supplémentaire, c'est intéressant.
M.S : C'est facile surtout.
F.M : Oui c'est facile mais il faut que ce soit un élément absolument constitutif de la mise en scène, plus qu'un élément de vente.
M.M : Dans un film qui est un peu faible par exemple, c'est vrai que la musique va soutenir l'émotion là où le film sera un peu faible. Et du coup cette habitude qui vient beaucoup je trouve des Etats-Unis et un peu du téléfilm fait que c'est une tendance en ce moment.
Le vendredi 10 décembre à 17H30 au Théâtre Auditorium de Poitiers, Stephen Torton présentera un de ses courts-métrages, One day on Crosby Street, qu'il définit comme une « réaction à une situation, la captation d'un moment de vie ». Ce court-métrage fut réalisé dans un atelier de Jean-Michel Basquiat, à l'époque où il y était assistant.
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