- Clermont-Ferrand 2011 : Interview de Silvain Vanot, compositeur dans le jury Clermont-Ferrand 2011 : Interview de Silvain Vanot, compositeur dans le jury

 - Clermont-Ferrand 2011 : Interview de Silvain Vanot, compositeur dans le jury

- Publié le 12-02-2011




Après diverses expériences musicales, Silvain Vanot se spécialise dans la musique de film. Il compose tant pour des documentaires et des courts-métrages (LE MÔME TINTOUIN de Loïc Malo en 2010), que pour des longs-métrages (LA FABRIQUE DES SENTIMENTS de Jean-Marc Moutout).
Pour la 33ème édition du festival du court-métrage de Clermont Ferrand, Silvain Vanot fait partie du Jury pour la compétition nationale. Il nous livre ses impressions sur la musique dans les films de cette sélection.

Cinezik : Que pensez-vous de la compétition nationale sur le plan musical ?

Silvain Vanot : J'ai plusieurs choses à en dire. La première, c'est que je trouve qu'il y a assez peu de musique originale. Il y a un recours, pas systématique mais très fréquent, aux musiques additionnelles, aux musiques déjà existantes, ce que je peux comprendre. On n'est pas obligé de prendre une musique originale mais je trouve qu'en pourcentage, la part qui leur réservée est vraiment faible.

L'autre chose, c'est que je trouve que l'on bascule souvent du côté de l'ambiance. Je ne demande pas forcément une partition pour orchestre, mais je trouve que parfois la musique est vraiment reléguée à l'arrière plan, dans une utilisation purement ambiante. Et du coup, les films pour lesquels sont vraiment composées les musiques originales se dégagent assez nettement. Ce sont des tendances que j'ai remarquées. Mais il y a aussi des films sans musiques et ça me va très bien.

Aussi, concernant l'ambiance, il y a maintenant dans tous les logiciels que l'on utilise un certain nombre de sons déjà créés. Parfois j'aimerais bien que ce soit un petit peu plus trituré, peut être un petit peu harmonisé. C'est une impression que l'on a tous eue (les membres du jury) car en voyant 63 films en cinq jours, on peut s'en rendre compte.

Pour autant ça ne me gêne pas qu'il y ait une fusion à un certain moment entre l'ambiance et la musique, qu'elle soit originale ou pas. Il y a des musiques de films faites par des ingénieurs du son, des musiciens qui vont en même temps travailler sur le bruitage. C'est juste que parfois, je vois au générique une mention "musique originale" pour quelque chose que je considère être vraiment plus proche de l'ambiance, y compris en termes techniques. Il y a quelques films qui ont suscité chez nous un peu un sentiment de malaise, évidemment chez moi en particulier car j'ai l'habitude de disséquer de la musique de films.

Cependant, je dois dire à la décharge des compositeurs que ça peut aussi venir des réalisateurs qui peuvent avoir une fâcheuse tendance à se méfier de la musique comme source d'interprétation différente de ce qu'ils ont voulu faire passer ou créer. Donc parfois il faut trouver un point de convergence avec le réalisateur, savoir l'emmener quelque part pour ne pas systématiquement aller vers cette expression non musicale. Je sais que c'est une tendance qui existe chez les réalisateurs d'une façon générale. Et en voyant beaucoup de films, je trouve que c'est un peu « a minima », et c'est dommage.

Ce qui est assez courant aussi, c'est de mentionner la musique au générique alors qu'elle se résume à quelques notes, ou elle n'est présente que sur le générique de début et de fin...

S.V : C'est vrai que le court-métrage appelle un petit peu ça, dans le sens où les réalisateurs disposent de peu de temps pour développer une narration, pour faire passer les informations.
Mais justement, c'est là l'enjeu, d'arriver à employer la musique sur la longueur du film en
lui donnant le temps d'évoluer, d'accompagner les personnages, l'éclosion des sentiments, les bouleversements narratifs. Là au festival, je trouve que très souvent dans beaucoup de films, il y avait vraiment une utilisation « a minima ». Parfois, je pense que plus on va vers l'économie, mieux c'est, mais ici ce n'est pas une question d'économie. Il y a juste une espèce de facilité qui consisterait à mettre la musique au début et à la fin. Même si on a aussi eu des choses qui allaient à la saturation.

Nous sommes dans un pays où l'écriture de la musique de film fait l'objet de très peu de formation spécifique, ce que je ne trouve pas forcément mal.
Il y a des pays où ces formations existent : est-ce que ça change grand chose ? Je n'en suis pas sûr. Dans les films qui étaient des co-productions avec des pays étrangers, je n'ai pas trouvé qu'il y avait un rapport radicalement différent à la musique.

Propos recueillis par Floriane Jenard à Clermont Ferrand.

 


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