mutal,leloup,morizet,rossi, - 3 questions à 4 jeunes compositeurs présents au Festival d'Aubagne 3 questions à 4 jeunes compositeurs présents au Festival d'Aubagne

mutal,leloup,morizet,rossi, - 3 questions à 4 jeunes compositeurs présents au Festival d'Aubagne

- Publié le 30-03-2013




Le Festival d'Aubagne qui s'est tenu 18 au 24 mars 2013 invite comme chaque année de nombreux compositeurs, que ce soit pour présenter un film en compétition, pour participer aux rencontres "troisième personnage", ou pour la Master Class de composition. Jérome Rossi, Sylvain Morizet, Samuel Leloup et Selma Mutal répondent à trois questions sur leur métier.

 Voir la page dédiée du Festival d'Aubagne 2013

 

1/ Quel a été le déclencheur qui vous a conduit à la musique de film ?
2/ Quels sont pour vous les enjeux dans la collaboration entre le réalisateur et le compositeur ?
3/ Quelle est la raison de votre présence au FIFA (Festival d'Aubagne) ?

Jérome Rossi, pianiste et compositeur

1/ Depuis que je suis tout petit, je suis très sensible aux images et au cinéma. Jʼai commencé lʼétude de la musique très tôt et dès mes 7 ans, je mʼamusais à improviser et imaginer les images qui correspondaient. Le déclencheur professionnel a eu lieu vers 24 ans quand jʼai pris contact avec différents réalisateurs via la «Maison du film court». La réalisatrice Sophie Bensadoun sʼest alors intéressée à mon travail et a utilisé dans un de ses films une petite valse que jʼavais
composée. Cʼest à ce moment-là que jʼai compris ce que ma musique pouvait apporter aux images. Je suis resté en contact avec Sophie Bensadoun avec qui je collabore pour des documentaires notamment.

2/ Lʼenjeu principal est celui dʼune bonne compréhension mutuelle. Je pense que cʼest au compositeur de faire accoucher au réalisateur son souhait musical,
la manière dont il veut accompagner son film. Souhaite-t-il que la musique aille plus loin que les images? Ou est-ce quʼau contraire désire t-il que la musique se contente juste dʼaccompagner les images sans trop prendre de place ?

3/ Jʼétais déjà venu lʼannée dernière au Festival International du Film dʼAubagne pour un atelier appelé « Le troisième personnage» qui permet de mettre en relation un réalisateur et un compositeur. Le compositeur reçoit un scénario trois semaines avant le festival et fait quelques propositions musicales au réalisateur lors de leur rencontre. Cette année, je suis présent car lʼun des courts-métrages pour lesquels jʼai composé la musique est sélectionné au Festival. Il sʼagit du film DANS LE PAS DE LÉA de Renaud Ducoin, un réalisateur avec qui je collabore depuis longtemps.


Sylvain Morizet, pianiste, compositeur et orchestrateur de musique de film

1/ Je viens dʼun milieu dʼingénieur et cʼétait un peu compliqué dʼannoncer que je voulais être musicien. Jʼai donc fait le Conservatoire de Paris en tant quʼingénieur du son. A la base, cette formation est destinée aux futurs directeurs artistiques. En parallèle, jʼétudiais lʼharmonie et lʼécriture car cela mʼa toujours passionné. Jʼai ensuite testé un peu le métier dʼingénieur du son qui ne mʼa pas du tout plu. Je me suis alors orienté vers la musique de film.

2/ Lʼenjeu premier est le film en lui-même. On travaille tous sur le même film et le but est quʼil soit le mieux possible évidemment. Lʼenjeu est donc dʼessayer de trouver un terrain dʼentente pour que le film soit le meilleur possible à tous points de vue. On parle toujours de conflits entre réalisateur et compositeur, mais je pense que cʼest un faux débat. Le but premier est de servir le film et non pas de faire une démonstration de virtuosité. Dans ce cas-là, autant composer de la musique de concert. Lʼenjeu est humain aussi. Il faut quʼil y ait une réelle entente entre le compositeur et le réalisateur. En ce qui me concerne, si je sens que le courant risque de ne pas passer entre un réalisateur et moi, je préfère ne pas insister et laisser la place à un autre compositeur.

3/ Pour le soleil, cʼest un peu raté pour cette année ! (rires) Il y a deux ans, jʼavais participé à la Master Class dirigée par Charles Papasoff. Toute lʼéquipe sʼétait très bien entendue et lʼon sʼest donc retrouvé lʼannée suivante au Festival pour participer à lʼatelier « le troisième personnage». Cette année, nous sommes à nouveau tous réunis pour jouer un morceau du ciné-concert présenté lors du festival. C'est la raison "officielle" ! Cʼest surtout pour se retrouver tous ensemble car lʼambiance est vraiment très agréable au FIFA. Jʼespère pouvoir revenir lʼannée prochaine...

Samuel Leloup, violoniste et compositeur

1/ Je suis violoniste et j'ai fait mes études au Québec. Jʼétais très intéressé par les cours dʼharmonie car ils mʼont permis de comprendre ce que je ne pouvais pas comprendre avec la simple étude de mon instrument, même si je suis un fou des doubles cordes. Au cours de ces études, jʼai joué avec lʼorchestre symphonique de Québec avec lequel jʼai participé à un concert où lʼon interprétait une suite symphonique de "Star Wars" avec une projection dʼimages de la NASA sur écran géant. Cʼest là que jʼai pris goût à la musique pour lʼimage.

2/ Pour moi, lʼenjeu est de faire le film du réalisateur et dʼapporter notre musique pour mettre en valeur ce dont il a besoin dans son film. Comprendre ce quʼil veut faire passer comme message avec son film. Il y a plusieurs cas de figure. Parfois le réalisateur sait ce quʼil attend de la musique. A ce moment-là, le compositeur est là pour interpréter ce quʼil dit en mot et le traduire en notes. Mais ce nʼest pas toujours le cas. Parfois il faut amener le réalisateur à comprendre lui-même ce quʼil attend de la musique. Là, cʼest un travail plus complexe et le dialogue est primordial.

3/ La raison première de ma présence au FIFA est, comme lʼa dit Sylvain, le concert avec la «PapaTeam» de Charles Papasoff. Nous avons tous un très bon souvenir de la Master Class avec lui. Cʼest un excellent pédagogue. Lʼambiance était tellement bonne pendant les dix jours de cette Master Class que nous avons été ré-invités cette année pour jouer un morceau du ciné-concert.

Selma Mutal,
pianiste et compositrice, a dirigé la Master Class de composition de musique à lʼimage organisée par le FIFA 2013

1/ Quand jʼavais 8 ans, je suivais des cours de piano, je jouais tous les morceaux classiques. Et un jour, jʼai découvert un recueil de partitions de musiques de films avec des thèmes mélo qui me faisaient penser au prince charmant du film. Ensuite, beaucoup de personnes mʼont dit que mes compositions étaient cinématographiques. Mais cʼest au cours de ma formation musicale que jʼai développé un intérêt particulier pour la musique à lʼimage. Jʼai commencé par la télévision et par le théâtre. Jʼai ensuite travaillé sur des petits cours-métrages et des documentaires. Jʼai ensuite composé pour le cinéma comme je le fais actuellement.

2/ Je collabore aussi avec le milieu la danse contemporaine. Et de la même manière que le support chorégraphique me guide dans ma composition, c'est le support de lʼimage qui m'inspire, plus que le dialogue avec un réalisateur.

3/ J'ai été invitée pour animer une Master Class de composition de musique à lʼimage organisée par le FIFA. Cette Master Class est adressée à des compositeurs qui doivent créer la musique pour le ciné-concert qui clôture le festival. Le principe est de prendre un certain nombre de courts-métrages dont la majorité sont des films muets. Nous avons la contrainte du temps : en dix jours, il faut créer en équipe la musique de ce ciné-concert.

Propos recueillis à Aubagne le 23 mars 2013 par Hélène Van Loo.

 


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