Cinezik : Vous êtes guitariste dans le groupe Tin Hat ?
Mark Orton : Oui, ce groupe est toujours en tournée, même si nous étions plus actifs auparavant. La musique de ce groupe est très souvent utilisée dans les films.
Vous avez surtout fait beaucoup de documentaires, de court-métrages, et ce film d'Alexander Payne est votre premier véritable film de studio ?
M.O : C'est mon premier film pour un studio mais j'ai fait un certain nombre de long-métrages avant, et beaucoup de documentaires et de films indépendants en effet.
Alexander Payne (MONSIEUR SCHMIDT) a eu auparavant une collaboration avec Rolfe Kent. Pourquoi a t-il fait appel à vous pour NEBRASKA ?
M.O : C'est une bonne question. J'aime beaucoup la musique de Rolfe Kent, que j'ai rencontré au festival de Sundance. Je pense que cette fois-ci Alexander voulait une musique différente de ce que l'on trouve à Hollywood. Ce n'est pas que Rolfe fait ce type de musique, il est très bon, mais je pense qu'il voulait quelque chose de différent. Ce qui l'a attiré dans ce que je fais, c'est davantage le côté folk de ma musique. Ce que Alexander voulait, plutôt que de la musique typiquement américaine, c'était une musique plus italienne, dans un style un peu italien. Beaucoup d'éléments de ma musique l'attirait : l'accordéon, le violon...
A quel moment êtes-vous intervenu sur le projet ? Le film était-il tourné ou monté ?
M.O : J'ai commencé à travailler plus tôt que d'habitude pour ce film. Il y avait déjà plusieurs musiques que j'avais composées qui étaient utilisées au tout début du film. J'étais en contact avec le monteur son, Richard Ford. On a beaucoup communiqué, je lui ai envoyé quelques extraits de musiques que j'avais faits, notamment pour un autre long-métrage qui s'appelait SWEET LAND et Alexander aimait beaucoup ce type de musique. A la base, il y avait la musique de mon groupe Tin Hat que l'on a utilisée comme une inspiration pour ce film.
Cette musique de film est proche de votre style habituel ?
M.O : C'est assez proche, c'est la version simple de ce que je fais habituellement parce que le groupe dans lequel je suis, Tin Hat, fait des choses qui sont assez avant-gardistes.
Quelle est pour vous la plus grosse contrainte dans le fait de travailler pour l'image par rapport au fait de jouer dans un groupe ?
M.O : J'aime beaucoup travailler avec les images, c'est vraiment une discipline très différente. Pour ce film, les contraintes habituelles de travailler avec les dialogues n'étaient pas vraiment là. Il y a environ 28 moments musicaux dans ce film, et sur ces 28, il y en a 25 qui n'ont pas de dialogues. C'était une très bonne opportunité de composer de la musique pour ce film sans la contrainte de travailler avec les dialogues. J'avais beaucoup plus de liberté en tant que compositeur.
Il y a un travail mélodique avec un thème qui revient, était-ce une intention de votre part ou une volonté du réalisateur ?
M.O : Je pense que ce film se prêtait bien à la naissance d'un thème, avec trois compositions qui se répètent. Le thème prend des sens différents au fur et à mesure que le film évolue, avec une simplicité correspondant au personnage principal dans sa lutte contre Alzheimer. La musique renvoie à l'innocence de ce personnage.
La musique peut complètement changer le ton d'une scène. Des aspects humoristiques auraient pu rendre une scène burlesque, mais votre choix était au contraire d'accompagner l'émotion et la tendresse du personnage. N'y avait-il pas une crainte de tomber dans le pathos ?
M.O : Je trouve qu'on a trouvé un bon équilibre. Dès le début, on s'est questionné sur ce qu'était la comédie finalement. Dans la scène où les cousins sont déguisés pour voler les billets, c'est un moment très amusant, on aurait pu utiliser de la musique plus comique, mais Alexander préfère quelque chose de plus subtile que cela.
Est-ce que de la musique était jouée sur le tournage ? Aviez-vous de la musique pendant le tournage ?
M.O : J'aime cette idée. Demain, je vais rencontrer Carlo Mazzacurati, un réalisateur italien. Il tourne à Rome en ce moment, je vais travailler sur le tournage et sûrement jouer de la musique. Mais pour NEBRASKA, non, car j'ai été appelé trois mois après que le tournage se soit fini.
Attendez-vous d'être appelé par des réalisateurs ou il vous arrive de démarcher, de faire des demandes ?
M.O : Cela dépend du réalisateur. J'ai un agent qui s'en occupe. Quand ma musique est déjà utilisée dans un film, il est facile de contacter le réalisateur à ce moment-là. Avec mon groupe sur scène, je rencontre des gens du cinéma. Tin Hat se produit aussi pour des ciné-concerts sur des films muets, et parfois j'envoie des maquettes.
Y'a t-il des réalisateurs qui vous font rêver ? Avec lesquels aimeriez-vous collaborer ?
M.O : En effet, il y a certaines personnes avec qui j'aimerais travailler, par exemple sur DELICATESSEN 2 car j'apprécie le travail de Caro et Jeunet...
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