Ronan Maillard : J'avais travaillé sur SUPERSTAR (Xavier Giannoli, 2012) avec Sinclair. J'étais son orchestrateur, à ce titre j'ai pris certaines choses en charge et lors de l'enregistrement j'ai pu échanger avec le réalisateur. On a ensuite retravaillé ensemble pour une publicité du Club Med. C'était encore avec Sinclair qui m'a laissé gérer les aspects liés à l'écriture "classique". Pour MARGUERITE, le réalisateur a pensé à moi car il voulait un orchestrateur capable d'arranger les musiques de répertoire, la majeure partie de la BO.
A quel stade êtes-vous intervenu ?
R.M : Le montage était commencé, il y avait 25 minutes de film monté. La première fois que j'ai vu Xavier pour ce film c'était le jour des attentats de Charlie Hebdo. On a commencé à parler de cette actualité avant de s'atteler au film. Je me suis ensuite très vite concentré.
Xavier Giannoli a t-il une grande connaissance musicale et savait-il ce qu'il voulait ?
R.M : Oui, Xavier a une grande culture musicale. Il a fait un travail en amont de recherche musicale extrêmement poussée, notamment pour toutes les parties où le personnage de Catherine Frot chante. Il cherchait des musiques additionnelles. Là-dessus, il m'a demandé de faire un travail de directeur artistique pour lui faire des contre-propositions sur ce que lui-même avait déjà trouvé. Il avait donc mis beaucoup de musiques temporaires sur son montage qui indiquaient la direction qu'il voulait. J'ai eu la tâche de me fondre dans ce qu'il avait mis. C'était le fil conducteur, je m'en suis inspiré, puis je l'ai adapté en fonction des scènes.
Quel a été votre travail au niveau des musiques chantées ?
R.M : La synchronisation des lèvres de Catherine Frot s'est faite à partir d'enregistrements temporaires. J'ai dû ensuite refaire tous les enregistrements et arrangements avec un orchestre en respectant la synchronisation.
Quel a été votre approche concernant la musique originale ?
R.M : J'ai travaillé sur une musique qui apporte un certain climat plutôt que d'être dans la redondance thématique. Tout en sachant ce qu'il voulait ou ne voulait pas, Xavier Giannoli est très ouvert, il aime bien être surpris, j'ai donc pu tenter des choses.
Pour le réalisateur, quel rôle devait jouer la musique originale ?
R.M : Il cherchait à obtenir une certaine distorsion musicale. Il fallait être dans la tête de cette femme, il ne fallait pas chercher à la plaindre, mais se dire que c'est une femme qui devient complètement folle. Il fallait être dans sa tête.
L'idée était donc de retranscrire la folie et la disgrâce du personnage, sans aller dans des choses trop grossières musicalement. C'est une musique qui est faite sur un ressenti à fleur de peau plus que sur une certaine technique d'écriture.
Etiez-vous présent au stade du mixage ?
R.M : J'ai pu également travailler au mixage avec le réalisateur pour pouvoir peaufiner la musique jusqu'au dernier moment. C'est l'occasion de parfaire le film dans le moindre détail.
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)