Cinezik : Quelle était l'intention musicale initiale ?
Thibault Agyeman : Quand Denis Do m'a proposé ce projet, il m'a expliqué ce qu'il cherchait comme identité musicale, l'idée était d'esquiver au maximum le côté trop ancré au Cambodge pour rendre la musique beaucoup plus universelle. On a beaucoup discuté, il y a eu des allers-retours, et on s'est quand même arrêté sur la possibilité d'intégrer quelques instruments comme la flûte ethnique pour marquer le spectateur de manière géographique, mais cela reste très subtile.
La musique dégage une douceur, aux antipodes du sujet sombre...
T.A : Le film cible un public à la fois jeune et adulte, avec un sujet très fort. Je l'ai abordé un peu comme un film en images réelles, de manière assez mature, mais comme c'est un film d'animation, j'ai essayé de suivre le trait poétique qui s'est dégagé du dessin. Il fallait rendre les choses très réelles avec la possibilité de pouvoir être poétique sur certaines parties.
Y a-t-il eu des références ?
T.A : Le réalisateur m'a évoqué dans ses références Joe Hisaishi, le grand compositeur japonais. C'était récurrent, avec cette utilisation particulière du piano, quelque chose de très épurée et intime, quelque chose qui ne soit pas dur, de très enfantin, presque comme une berceuse, avec des mélodies simples qui ont la capacité à être calmes. On n'a pas eu besoin d'avoir beaucoup de musiciens, quatre il me semble, un violoniste, un violoncelliste, et deux flûtistes, une classique et une ethnique.
La musique se déploie parfois pour magnifier le dessin des paysages cambodgiens...
T.A : Pour le thème du père Khuon ("Khuon Return"), c'est un personnage fort en caractère, il cherche à faire les choses bien, c'est un moment du film où il y a du temps pour la musique, avec des paysages qui apparaissent à l'écran, c'était le moment d'étaler son thème sur la longueur. Il y a trois grands thèmes, celui de la mère, où la flûte l'emporte, celui du père, avec le violoncelle, et celui de l'enfant.
La musique illustre aussi la violence du sujet...
T.A : Il y a des moments beaucoup plus durs lorsqu'il est question des Khmers rouges, il y a une musique beaucoup plus atonale, sans mélodie, lourde dans les graves, un gros contraste avec ce qui a précédé.
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