par Benoit Basirico
- Publié le 10-05-2019Après le succès du PARRAIN qu'il considérait comme une commande commerciale, Francis Ford Coppola (âgé seulement de 35 ans) décide de réaliser ce film plus intime, et fait appel à David Shire, de deux ans son ainé (et seulement deux ans d'expérience au cinéma derrière lui), qui succède dans son oeuvre à Nino Rota (qui avait 61 ans). Ce désir de renouvellement et de modestie passe aussi par la musique. Alors que le compositeur souhaitait au départ écrire pour ce film d’espionnage une partition pour orchestre, à la mesure du grand cinéaste qu'il avait devant lui, le réalisateur exigea cependant une musique pour un seul instrument (le piano) afin d’illustrer la solitude du personnage (Gene Hackman).
Avec cet air épuré, Shire accompagne la simplicité du projet, et le dénuement du protagoniste. Mélancolique, teintée de jazz, cette partition est troublante. Elle transmet des émotions inhabituelles dans le cinéma américain d'alors. Cette musique de film contribue au renouveau d'un Nouvel Hollywood qui se détourne des grosses formations pour des ensembles plus restreints. On peut même imaginer que la proposition de David Shire, guidée par une première intuition du cinéaste, a orienté la direction prise par Martin Scorsese (et Bernard Herrmann) pour la complainte cuivrée de "Taxi Driver" (avec un autre personnage solitaire et une autre Palme d'Or deux ans plus tard).
par Benoit Basirico
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)