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• Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :
Les Linceuls (2025)
The Shrouds - Film - BO : Howard Shore
Les Crimes du Futur (2022)
Crimes of the Future - Film - BO : Howard Shore
Maps to the stars (2014)
- - BO : Howard Shore
Cosmopolis (2012)
- - BO : Howard Shore
A Dangerous Method (2011)
- Film - BO : Howard Shore
Les Promesses de l'Ombre (2007)
Eastern Promises - Film - BO : Howard Shore
A History Of Violence (2005)
- Film - BO : Howard Shore
Spider (2002)
- Film - BO : Howard Shore
eXistenZ (1999)
- Film - BO : Howard Shore
Crash (1996)
- Film - BO : Howard Shore
M. Butterfly (1994)
- Film - BO : Howard Shore
Le Festin Nu (1992)
Naked Lunch - Film - BO : Howard Shore, Ornette Coleman
Faux-semblants (1988)
Dead Ringers - Film - BO : Howard Shore
La Mouche (1987)
The Fly - Film - BO : Howard Shore
Videodrome (1984)
- Film - BO : Howard Shore
The Dead Zone (1984)
- - BO : Michael Kamen
Scanners (1981)
- Film - BO : Howard Shore
Chromosome 3 (1979)
The Brood - Film - BO : Howard Shore
D'abord attiré par la littérature, qu'il étudie quelques années à Toronto, David Cronenberg évolue rapidement vers le cinéma en fréquentant le milieu artistique underground de Toronto à la fin des années 60. Il signe alors deux courts métrages, "Transfer" et "From the Drain", puis ses deux premiers longs STEREO (1969) et CRIMES OF THE FUTURE (1970) où l'on retrouve déjà ses thèmes de prédilection tels que la sexualité, le corps comme terrain d'expérimentation, la médecine et la psychanalyse.
Il travaille ensuite de nombreuses années dans la télévision, puis signe deux autres long-métrages troublants, FRISSONS en 1975 et RAGE en 1976. Mais ce n'est qu'avec son cinquième film, CHROMOSOME 3 (The Brood, 1979) qu'il collabore pour la premier fois avec Howard Shore, compositeur canadien qu'il ne quittera jamais plus, à une exception près (Dead Zone)... On découvre ici une alliance musique et image organique et violente, très psychologique, proche du PSYCHOSE d'Hitchcock mais en plus virulent et plus viscéral. Leur collaboration se poursuit avec SCANNERS en 1981, où Shore utilise des synthétiseurs pour créer une atmosphère de folie destructrice régie par des hommes-médiums au cerveau ravageur, les Scanners. Dans le prolongement de cette expérience naît VIDEODROME en 1984, partition exclusivement électronique où Shore expérimente les sonorités et les atmosphère synthétiques avec un superbe sens des textures.
La même année, David Cronenberg adapte le best-seller de Stephen King, DEAD ZONE, et pour l'unique fois dans sa carrière fait une impasse sur Howard Shore, puisqu'il confie la musique à Micheal Kamen, pour qui il s'agira de la première (et brillante) première musique orchestrale. Il retrouve néanmoins son acolyte de toujours sur LA MOUCHE en 1986, film opératique où le corps de Jeff Goldblum fusionne avec celui d'une mouche. Howard Shore compose une musique orchestrale grandiose qui tranche avec ses partitions minimalistes précédentes. Cronenberg ne réalisera pas les deux suites qui verront le jour après le succès du film, mais en tirera un opéra qu'il monte avec Howard Shore en 2008.
Fort de ces succès dans le domaine de l'horreur et de la science-fiction, David Cronenberg se tourne vers un cinéma plus psychologique et introspectif avec FAUX-SEMBLANTS en 1989, observant la relation trouble et fusionnelle de deux frères jumeaux interprétés par Jeremy Irons. La musique de Shore se fait sournoise et dansante, comme un ballet funèbre. Il retrouvera l'acteur sur M. BUTTERFLY en 1994, dans le rôle d'un diplomate française qui tombe amoureux d'une chinoise chanteuse d'Opéra. Un autre changement de registre (le drame), qui permet à Howard Shore de développer une veine plus dramatique et mélancolique dans sa musique, qu'il construit autour de l'Opéra de Puccini "Madama Butterfly" présent dans le film.
Auparavant, il signe le film le plus délirant de sa carrière : LE FESTIN NU (1991) adaptation du roman de William S. Burroughs. Un film fou, labyrinthique, totalement surréaliste. Howard Shore compose une musique révolutionnaire fusionnant orchestre symphonique et free-jazz avec l'aide du célèbre saxophoniste Ornette Coleman. En 1996, il réalise le très controversé CRASH où il décortique les fantasmes sexuels de personnages fascinés par les voitures, les accidents et les mutilations du corps qui peuvent en résulter. Howard Shore compose l'une de ses musiques les plus fascinantes avec des guitares électriques lancinantes, créant une magnifique atmosphère métallique hypnotique sur les images du film de Cronenberg.
Avec EXISTENZ en 1999, le duo explore le thème de la réalité virtuelle avec l'histoire d'un jeu vidéo où fiction et réalité se troublent. Shore signe un score dense et intriguant, faussement lisse, très introspectif, qui laisse planer le doute sur les frontières entre réalité et fiction. Avec SPIDER en 2002, Cronenberg revient à un cinéma exclusivement psychologique en racontant l'histoire tragique d'un personnage schizophrène sur les traces de ses origines, avant de signer un grand retour en 2005 avec A HISTORY OF VIOLENCE, où son cinéma se complexifie plus que jamais avec l'histoire d'un père de famille qui se révèle plus violent et troublant qu'il ne le laissait supposer. Howard Shore compose une musique toujours dense et efficace mais qui se fait parfois légère comme pour évoquer ce que l'image ne dit pas. Le duo atteint ici un degré de maturité cinématographique rarement atteint par d'autres.
En 2007, Cronenberg prolonge son exploration des fondements du conflits et des cicatrices des cultures avec LES PROMESSES DE L'OMBRE, polar glacial qui se déroule au sein de la mafia russe à Londres. Il retrouve Viggo Mortensen, plus habité que jamais dans un rôle saisissant d'ambiguité et Howard Shore, qui signe une partition élégiaque comme pour souligner la noblesse du personnage de Mortensen, pourtant capable des pires cruautés. Mais chez Cronenberg, personne n'est jamais réellement ce qu'il paraît être... les corps ne sont que des carapaces.
Entre David Cronenberg et Howard Shore, c'est une collaboration pour le meilleur et pour le pire, toujours fusionnelle, jamais anecdotique, l'un apportant à l'autre ce qui lui manque, où plutôt ce dont il a besoin pour s'enrichir. Une belle complémentarité doublée d'une sacrée dose de folie et de créativité, tout au long des 25 ans de carrière du duo canadien. Et dire que le meilleur est peut-être encore à venir...
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)