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• Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :
Le Garçon et le Héron (2023)
Kimi-tachi wa Dō Ikiru ka / The Boy and the Heron - Film - BO : Joe Hisaishi
Le Vent se lève (2014)
Kaze tachinu - Film - BO : Joe Hisaishi
Ponyo sur la falaise (2009)
- Film - BO : Joe Hisaishi
Le Château Ambulant (2005)
- - BO : Joe Hisaishi
Le Voyage de Chihiro (2002)
Sen to Chihiro no Kamikakuchi - Film - BO : Joe Hisaishi
Princesse Mononoké (2000)
Mononoke Hime - Film - BO : Joe Hisaishi
Porco Rosso (1995)
- Film - BO : Joe Hisaishi
Kiki la petite sorcière (1989)
Majo no takkyubin - - BO : Joe Hisaishi
Mon Voisin Totoro (1988)
Tonari no Totoro - Film - BO : Joe Hisaishi
Le Château dans le ciel (1986)
Castle in the Sky Castle in the Sky - Film - BO : Joe Hisaishi
Nausicaä de la vallée du vent (1984)
Kaze no tani no Nausicaa - - BO : Joe Hisaishi
Pendant la seconde guerre mondiale, le père de Miyazaki dirige l'entreprise familiale, "Miyazaki Airplane", une fabrique de gouvernails pour avions de chasse. Très vite, le petit Hayao se passionne pour l'aviation : son intérêt pour les engins volants ne le quittera plus. En 1947, sa mère tombe malade, et doit rester au lit pendant 9 ans, suite à une tuberculose (son film Mon Voisin Totoro évoquera plus tard cet événement à travers les yeux de deux petites filles). C'est pendant ses études au lycée public Toyotama que Hayao découvre le premier film d'animation japonais en couleurs : La Légende du Serpent Blanc, produit par les studios Toeï Doga. C'est le choc : il décide de devenir artiste et commence à dessiner avions et bateaux, tout en continuant des études en économie.
En 1963, il parvient à trouver un emploi à la Toeï comme intervalliste, notamment sur la première série TV animée du studio, "Ken l'enfant-loup". Peu de temps après son arrivée, des problèmes entre employés et dirigeants éclatent au sein de la Toeï : Miyazaki décide de défendre les intérêts des animateurs et devient secrétaire du syndicat, dont Isao Takahata est vice-président. C'est la première rencontre entre les deux hommes, qui fonderont plus tard le célèbre Studio Ghibli. A cette époque, c'est un certain idéal communiste qui les rapproche, mais aussi une volonté féroce de renouveller l'animation japonaise, avec un propos plus réaliste et plus engagé. C'est ainsi qu'il collaborent étroitement sur Horus, Prince du Soleil entre 1965 et 1968, alors que les séries TV se multiplient au détriment des longs-métrages. Cependant, Hayao travaillera sur de nombreuses séries jusqu'au début des années 80.
Durant les années 1970, Hayao Miyazaki effectue plusieurs voyages en Europe pour des repérages de paysages (en Suède, en Suisse, en Italie) mais aussi en Argentine. Ceci explique en partie pourquoi ses films se déroulent souvent au coeur de décors typiquement européens. Après de longues années de labeur au sein de plusieurs studios (où il abat parfois le travail de trois animateurs à lui tout seul !), Hayao réalise son premier long-métrage en 1979 : Le Château de Cagliostro, où il met en scène le personnage de Lupin III, de la série TV du même nom. Une sympathique relecture du conte de fées allié à une enquête policière délirante. Mais en 1982, Hayao est au chômage. Il se met à dessiner une bande dessinée dantesque se déroulant dans un monde imaginaire menacé de destruction : c'est Nausicaä de la Vallée du Vent. Il y met en scène un bestiaire unique et des préoccupations écologiques, au sein d'une complexe intrigue politique menée par des personnages féminins forts et déterminés, et où les hommes sont des suiveurs ou des individus corrompus. C'est la base de la mythologie de Miyazaki. Il n'achèvera la saga que 13 ans plus tard (publiée en France en 7 tomes chez Glénat).
En 1984, il adapte les deux premiers tomes de son manga Nausicaä pour le cinéma (le film sortira sur les écrans français vingt ans plus tard), puis fonde le Studio Ghibli avec son ami Isao Takahata, en 1985. Hayao voyage au pays de Galles pour la préparation du Château dans le Ciel, le premier film produit par le Studio Ghibli. C'est à cette époque qu'il rencontre Joe Hisaishi, qui mettra en musique tous ses films depuis Nausicaä. Mais c'est en 1988 qu'il rencontre son premier succès : avec Mon Voisin Totoro, Hayao Miyazaki délivre un film ultime sur l'enfance et son personnage à fourrure devient l'emblème du Studio Ghibli. Mieux : il devient une icône japonaise. Aujourd'hui encore, des milliers de produits dérivés à l'effigie de Totoro sont écoulés à travers le monde. En 1989, il dessine un nouveau manga autour des hydravions, qui l'inspirera plus tard pour Porco Rosso. Il réalise entre temps Kiki la petite sorcière, récit initiatique contant le passage de l'enfance à l'adolescence, puis en 1992, Porco Rosso, une poignante histoire d'amour impossible sur fond d'aviation, où le personnage principal est un pilote soumis à une malédiction qui lui donne un visage de cochon. Ce film synthétise de nombreuses thématiques clés de son auteur : la monstruosité apparente, les malédictions des sorcières, les engins volants, les paysages européens, et un certain romantisme...
Hayao Miyazaki retrouve la consécration en 1997 avec Princesse Mononoké, plus gros succès cinématographique de tous les temps au Japon, à l'époque. Ce nouveau film fleuve (plus de deux heures) lui permet de retrouver ses préoccupations écolos et les personnages féminins charismatiques de Nausicaä. Mais la réalisation du film l'exténue et il annonce que c'est son dernier. Cependant, Miyazaki a changé et n'est plus aussi convaincu qu'auparavant de ses idéaux humanistes et écologiques. Comme c'est un artiste un peu têtu et revêche, il ne peut pas en rester là, et décide rapidement de revenir sur sa décision d'une retraite pour écrire et réaliser Le Voyage de Chihiro en 2001, sorte de relecture personnelle d'Alice au Pays des Merveilles où il mélange récit initiatique et folklore japonais, au sein d'un film visuellement bourré de détails, aux décors somptueux. C'est une nouvelle consécration mondiale, tandis que le public étranger découvre à peine son travail. Le film remporte de nombreux prix à travers le monde, notamment l'Oscar du meilleur film d'animation et l'Ours d'Or au Festival de Berlin.
Aussitôt il se remet au travail, mais cette fois-ci sur une adaptation littéraire (pour la première fois) : Le Château Ambulant, d'après le roman de Diane Wynne Jones. Hayao Miyazaki en fait un récit mélancolique et drôle sur la vieillesse, toujours avec un bestiaire foisonnant et des décors ultra réalistes. Pour ce film, il voyage de nouveau en Europe, notamment à Strasbourg. Plus tard, après la sortie du film, il est de passage à Londres : il découvre les peintres préraphaélites, notamment "Ophelia" de John Everett Millais (1852). C'est un nouveau choc : il découvre que ces peintres, adeptes des détails, ont fait mieux que lui il y a déjà deux cent ans. Il décide alors de prendre un nouveau virage graphique : terminés les films fastueux, place de nouveau à la simplicité, dans la lignée de Totoro. C'est ainsi qu'en 2008 il réalise un nouveau film pour enfants, Ponyo sur la falaise, acclamé à la Mostra de Venise.
Atteint de problèmes de santé (aux yeux mais surtout à la main - il a de moins en moins de tension dans sa main pour dessiner), on ignore si Ponyo sera définitivement le dernier film de Miyazaki. Mais l'homme est un artiste au sens noble, quelqu'un pour qui faire un film est un démarche nécessaire d'accomplissement, qui exige tous les sacrifices. C'est ainsi que parle la femme du maître : « Miyazaki réalisera des films jusqu'à sa mort. Il ne peut pas vivre sans faire de films. »
Interview B.O : Pierre Desprats (Les Reines du drame, de Alexis Langlois)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)