Pablo Pico signe la musique de ce film d'animation, premier long-métrage de Simon Rouby qu'il retrouve après son court-métrage animé "La marche" (2010).
Interview B.O : Pablo Pico, l'Afrique de ADAMA
[© Texte : Cinezik] •
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
01 Au-delà des falaises - Pablo Pico, Oxmo Puccino
02 La cérémonie - Pablo Pico
03 Adama (Thème) - Pablo Pico
04 Jeux d'eau - Pablo Pico
05 Mauvais présage - Pablo Pico
06 Esprit des falaises - Pablo Pico
07 La fuite - Pablo Pico
08 L'oiseau - Pablo Pico
09 Paname - Pablo Pico
10 Bienvenue à l'albatros! - Pablo Pico
11 Valse de Craonne - Pablo Pico
12 Maximin - Pablo Pico
13 La dune - Pablo Pico
14 L'embarquement - Pablo Pico
15 Le train - Pablo Pico
16 La récolte - Pablo Pico
17 No Man's Land - Pablo Pico
18 A travers la terre - Pablo Pico
19 Le plongeon - Pablo Pico
20 La prophétie - Pablo Pico
Il y a dans ADAMA une volonté de tirer une diagonale entre l'Afrique et l'Europe. Une trajectoire traitée du point de vue du personnage d'Adama, comme s'il était le « premier homme » à rencontrer l'Europe industrielle du 20ème siècle.
Au fil de son cheminement, le spectateur suit Adama en train d'apprendre, de digérer, et de comprendre ce qui l'entoure, et c'est autour du personnage d'Abdou, figure chamanique du guide, du passeur, que se catalyse cet apprentissage.
C'est avec ces contraintes inhérentes au scénario que se sont posées, très tôt, les questions musicales. Que faire de la « musique africaine » telle que nous la connaissons aujourd'hui ? Que faire des grands styles de musique moderne issus de la rencontre entre Afrique et Occident que sont le Jazz, Le Blues, le Hip-Hop... ? Faut il jouer l'anachronisme et représenter l'Occident par son apport de l'électricité dans la musique ? Que faire du cliché des « tams-tams » de l'Afrique ? Telles sont, parmi d'autres, les questions fondamentales soulevées en abordant le travail.
Abdou, le passeur, a son instrument : la flûte, en l'occurrence une flûte traversière peule. Il est « celui qui sait », et donc sa flûte s'autorise tout. Elle est parfois diégétique, parfois extra-diégétique, tout comme le personnage, qui est parfois mendiant, parfois omniscient. L'instrument vient guider Adama pour le remettre sur le chemin de sa quête.
Les percussions de la scène de Cérémonie sont inspirées des films (non-sonores ! ) de Jean Rouch. Elles sont donc traitées avec une approche quasi-ethnologique pour le choix des instruments, mais la rythmique est inspirée de cérémonies Rastafari, issues des descendants d'esclaves. L'idée est de donner à entendre non pas une musique traditionnelle savante, mais l'expression d'un souvenir de ce qu'elle a pu être. Le résultat étant quelque chose de très digeste, proche du battement cardiaque.
Dans la composition de la musique, la présence d'Adama à l'écran est liée au son du kalimba, instrument enfantin, sorte de boite à musique. Elle évoque la berceuse, l'enfance au début du film, et devient ensuite l'instrument rythmique des compositions plus thématiques.
Puis arrive l'Occident, comme un présage d'abord, et plus tard une réalité. Il est représenté par un ensemble de cordes, qui créent la base de la musique extra diégétique du film.
La scène du film représentative qui prend en charge cette rencontre entre Occident et Afrique a lieu dans le cabaret « l'Albatros ». Dans cette scène l'association musicale entre un accordéoniste français et un tirailleur donne lieu au mélange de l'accordéon et d'une caisse en bois, prémices du kajon.
Le générique de fin d'ADAMA a dès la genèse été envisagé avec la collaboration de l'auteur Oxmo Puccino qui par ailleurs prête sa voix singulière au personnage de Djo. Il a accompagné le projet avec un engagement sincère et a suivi attentivement l'élaboration du processus musical. Après avoir assisté aux enregistrements et s'être imprégné de l'histoire et de ses résonances personnelles, il a écrit le morceau du générique de fin.
C'est ce mélange de cordes occidentales et d'instruments africains, cette « Batarsité » comme dit Danyel Waro, qui donne à la musique d'ADAMA sa forme finale et qui parvient, en mariant les genres, à retranscrire émotionnellement la trajectoire du héros, celle d'un enfant s'éveillant au monde moderne en guerre dans lequel subsiste une part salvatrice de magie.
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