Il s'agit de la première collaboration de Béatrice Thiriet pour la réalisatrice Brigitte Sy qui signe là son deuxième long métrage. La compositrice épouse dans sa partition la trajectoire du personnage, une jeune femme de 19 ans, Albertine (Leïla Bekhti) qui se brise le pied en s'évadant de prison puis tente grâce à Julien (Reda Kateb) de survivre cachée. Comme Albertine est violoniste, Béatrice Thiriet conçoit sa partition essentiellement avec cet instrument, interprété en soliste par Laurent Korcia, avec un thème repris régulièrement qui accompagne l'évasion, la reconstruction et dresse le portrait d'une jeune femme au goût prononcé pour l'extrême, éprise de liberté et d'ivresse. On comprend progressivement que c'est le thème d'une passion amoureuse. Le piano s'ajoute au violon pour établir un dialogue à deux.
Interview B.O : Béatrice Thiriet, L'ASTRAGALE de Brigitte Sy
[© Texte : Cinezik] •
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
Le scénario m'a tellement plu que j'ai envoyé un message à la réalisatrice Brigitte Sy sur Facebook pour lui exprimer mon intérêt, pour lui dire que si elle cherchait quelqu'un pour écrire la musique de son film, ça m'intéressait beaucoup. J'ai fait une vraie démarche pour la rencontrer. Je n'ai jamais fait cela auparavant. Mais là j'ai senti quelque chose de fort avec ce film. J'avais envie ! Je lui ai très vite envoyé des premières musiques. Mais ce n'est qu'après le montage du film qu'on s'est vu pour penser et travailler la musique.
On a pensé au violon car le personnage d'Albertine Sarrazin était violoniste. Très vite le nom de Laurent Korcia s'est imposé pour l'interpréter. Je me suis dit qu'il fallait que je compose quelque chose pour lui. C'était intéressant. Il y a une masculinité chez lui, une virilité, qui pousse la musique. Il a basé sa musique sur un grand crescendo.
J'ai tout composé pour des moments précis du film, en créant des maquettes avec des samples de cordes. Il fallait avoir de l'imagination pour se faire une idée du rendu final. Il y a des moments exclusivement musicaux qui sont comme une pause du récit. Brigitte Sy me disait que la musique serait le nerf de la guerre, le nerf du film. La musique devait traverser son film.
J'ai eu l'idée de reprendre la "Sicilienne" de Bach car j'aime beaucoup ce compositeur. C'est un grand mélodiste. Il a écrit des thèmes qui ont traversé les siècles. Cette sicilienne est un tube intemporel, une mélodie qui parle à tout le monde.
Le thème de l'Astragale est le thème d'une passion amoureuse. C'est un couple en cavale qui se retrouve dans des cafés pour attraper quelques instants de bonheur. C'est un film sur deux personnes qui s'attrapent. Le piano et le violon correspondent à leur dialogue. C'est un vrai film sur la passion, illustrée avec pudeur. Je cherchais une musique fusionnelle, qui donne le frisson au spectateur, qui laisse une trace puis disparaisse, qui vous serre un peu le coeur. Il y a un aspect romanesque dans la musique comme dans l'histoire. Il fallait aussi ne pas tomber dans la redondance, la musique devait être porteuse d'un élément très personnel.
Avec Leïla Bekhti, Reda Kateb, Esther Garrel Genre Drame Nationalité Français
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