Le portugais Joao Nicolau travaille pour la musique avec sa soeur Mariana Ricardo, membre comme lui du groupe München. Sont également présentes des musiques traditionnelles de toute époque et toute langue, comme ce chant traditionnel irlandais, Worms, dans la séquence d'animation sur le fleuve.
[© Texte : Cinezik] •
"La musique est présente à chacune des étapes du film : à l'écriture, au tournage mais aussi au montage. Elle s'immisce dans le film de plein de manières différentes. Bien que je ne me considère pas comme musicien, je dois admettre que le fait de savoir jouer de plusieurs instruments m'est d'une grande aide pour la conception et la réalisation d'un film. Lorsque j'écris, je fais régulièrement des pauses pour jouer des morceaux qui, d'une manière ou l'autre, sont liés à mon sujet.
Les allers-retours entre musique et écriture m'aident à surmonter la terreur de la page blanche. Cela me permet aussi d'enregistrer des démos à partir desquelles les acteurs peuvent s'entraîner et surtout de comprendre et d'anticiper les difficultés techniques qu'ils rencontrent. J'ai tendance à travailler avec des gens qui ont des bases musicales, mais lorsque ça n'est pas le cas, j'organise des répétitions très poussées avec l'aide de München, le groupe dont je fais partie.
Je n'attends pas d'eux des performances sidérantes mais il est essentiel pour moi de pouvoir tourner ainsi. Je trouve qu'il est souvent plus intéressant d'entendre quelqu'un de normal chanter que d'engager quelqu'un dont c'est le métier. Vous me direz : alors pourquoi tourner avec des musiciens professionnels comme acteurs ? Principalement, parce qu'ils comprennent instinctivement les questions de rythme et de tonalité des scènes lorsqu'ils ont à les jouer, ce qui rend l'expérience du tournage plus riche et plus gratifiante, à mes yeux. Le gros du travail consiste à répéter avec les acteurs afin que les chansons puissent être jouées en live et en plan-séquence au moment du tournage, car je ne tiens pas à découper les scènes où les personnages jouent et chantent. J'intègre toujours les dialogues aux chansons. Elles ont une fonction narrative précise, elles participent de la fiction.
Les musiques traditionnelles ont été choisies en fonction de la multiplicité et de la diversité des sources d'inspiration du récit. Des noms des personnages (Van der Linde, Ana Lee, Juana, etc.) à la confrontation des périodes (un gigantesque ordinateur dans un bateau du XVe siècle), en passant par les nombreuses langues entendues dans le film, tout obéit à la forme mutante et syncrétique que requiert une fable sur le Plutex.
Je suis collectionneur de 78 tours. Mon domaine de prédilection comprend ce que l'on entend généralement par musique folklorique (formations de flûtistes sud-africains ou combos de violons polonais, par exemple) et toutes les bizarreries et mélanges de genres : un siffleur hollandais avec orchestre ou un Indien jouant de la guitare hawaïenne suffisent à me rendre heureux.
La musique de cette époque m'enthousiasme au point d'avoir créé avec ma sœur, Mariana Ricardo (co-scénariste et actrice du film et membre de München), un groupe qui reprend certains de ces titres.Mon intérêt pour ce type d'enregistrements est intimement lié à ma recherche de sons et de structures musicales différentes. D'où cela provient-il ? Disons qu'à un moment donné, la sainte trinité guitare/basse/batterie sur un morceau de 3'30" ne m'a plus suffi (même si je continue à croire que les Beatles et les Clash sont les meilleurs groupes au monde !) Par ailleurs, mes oncles passionnés de musique populaire et traditionnelle m'en ont fait écouter très jeune. À leur influence, s'est ajoutée celle des Pogues. Leur mélange de punk brut et de mélodies et poésie irlandaises a bercé mon adolescence. À mes yeux, Shane MacGowan est un véritable poète issu de la culture rock. Dans L'Épée et la rose, on peut entendre un chant traditionnel irlandais, Worms, dans la séquence d'animation sur le fleuve. La première fois que je l'ai entendu, c'était dans une interprétation des Pogues."
Manuel a 31 ans et travaille comme journaliste free-lance. Il habite dans un quartier populaire de Lisbonne. Son quotidien est solitaire et répétitif, dû aux petits boulots qu\'il se voit obligé de faire et dont il s\'acquitte sans grande motivation face à l\'écran de son ordinateur. Il n\'est pas le plus heureux des jeunes hommes mais, malgré tout, n\'est pas un sauvage non plus : il a des amis, une petite copine, une femme de ménage et un inspecteur des impôts. Les objets avec lesquels il remplit chaque jour un vieux coffre rouge, la visite éclair à un laboratoire clandestin et son enthousiasme à recevoir certains messages cybernétiques sont les signes d\'un plan en marche. Après avoir trouvé un nouveau maître pour son chat et s\'être soumis à un insolite test d\'épreuves physiques, c\'est sans aucun drame ni émotion qu\'il annonce à sa famille son départ pour une durée indéterminée, dans une crique au Nord de Lisbonne où il embarque sur le Vera Cruz, une caravelle océanique portugaise du XVe siècle, avec les seules lois valides à bord qui ne sont autres que celles de la piraterie...
Avec Manuel Mesquita, Luis Lima Barreto, Nuno Pino Custódio...
(France, Portugal, Allemagne)
2h10
Distribution : Shellac
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)