Michael Nyman retrouve une dernière fois Peter Greenaway après "The Falls", "Meurtre dans un Jardin Anglais", "A Zed & Two Noughts", "Drowning by Numbers", et "Le Cuisinier, le Voleur sa Femme et son Amant". Le compositeur anglais renoue avec son style flamboyant, à mi-chemin entre la musique baroque du 18e et la musique répétitive du 20e. Pour cette histoire adaptée de Shakespeare se situant pendant la Renaissance, au début du XVIIe siècle, Nyman met la voix au premier plan pour des chants adaptés des textes du dramaturge anglais. Avec la voix soprano d'un enfant, la musique est à mi-chemin entre la tradition de l'opéra, en lien avec la période historique, et l'écriture moderne, fidèle au style expérimental de Greenaway. Le compositeur a pu livrer sa composition en amont, comme une véritable oeuvre vocale de concert. Il n'a pas été soumis au rythme du film, le cinéaste a ensuite modifié ce matériel musical pour l'adapter à ses images. La voix est ainsi elle-même maltraitée, mise en écho, modulée en tonalités différentes, pour un résultat déconcertant.
En lire plus sur cette B.O (par Julien Mazaudier)
[© Texte : Cinezik] •
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Prospero's Books (1991, Michael Nyman)
[ par Julien Mazaudier]
Prospero’s Books est assurément le projet de Peter Greenaway le plus riche et le plus ambitieux. Le film est réalisé en Vidéo Haute Définition (un procédé très rare pour l’époque), ce qui permet de nombreuses manipulations d’images. Le film utilise en effet le langage populaire de MTV, (l’incrustation de texte et de l’image) mais il s’attaque à un texte profondément archaïque et obscur, la dernière pièce de William Shakespeare, The Tempest présentée pour la première fois à la cour en 1611. L’histoire se situe pendant la Renaissance. Prospero, Duc de Milan, est chassé de son trône avec sa fille Miranda par son frère Antonio. Il les met sur un bateau en espérant que ceux-ci mourront dans le voyage puisqu'il sabote le bateau. L'ami de Prospero, Gonzalo, lui laisse 24 livres encyclopédiques qui contiennent toutes les connaissances accumulées au début du XVIIe siècle. Prospero et sa fille échouent sains et saufs sur une île magique où règne Caliban, un monstre hybride. Par la puissance de ses livres, Prospero va régner pendant 12 ans sur cette île. La Post-Production de ce film a suscité un partenariat important avec l’infographiste parisienne Eve Ramboz qui créa les enluminures particulièrement complexes des 24 livres de Prospéro (sur "Le livre de l’eau", l’image est composée d’une cinquantaine de sources différentes !) Par moment, le film rappelle la démesure baroque du Satyricon de Fellini, on y trouve aussi des allusions à la mythologie grecque et biblique.
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