Armand Amar retrouve le cinéaste québécois Christian Duguay après "Belle et Sébastien, l'aventure continue" (2015) avec une partition lyrique de cordes et piano chargée par le poids de l'Histoire.
[© Texte : Cinezik] •
Nous avons commencé à travailler très tôt. Il fallait trouver, en amont, le thème que la mère devait jouer à Nice : un thème qui exprime de la nostalgie, quelques consonances pouvant faire penser à un thème juif, sans pour autant être trop connoté. J’ai repensé à trois notes d’un thème que je n’avais pas pu exploiter dans Amen. Il m’est apparu évident que ce thème convenait parfaitement. Christian a tout de suite adhéré. Il a été très présent tout au long de la conception de la musique, il nous a beaucoup guidés avec intelligence et sensibilité. Aujourd'hui l'amitié nous lie autant que le travail. Il nous est apparu, à Christian et à moi, qu’il fallait débuter par la musique de la fin du film et c’est par cela que j’ai commencé : le piano sur « Je suis juif », le voyage et la scène finale, airs qui sont récurrents dans le film. J’ai essayé d’être au plus près de la sensibilité du film et de celle de Christian sans être trop présent, et sans trop appuyer la douleur. C’est pour cela que le thème des enfants est très important dans le film. Il apporte tout au long du scénario la légèreté de ces deux enfants malgré le drame qui se déroule autour d’eux. J’ai beaucoup travaillé les thèmes autour du piano. Julien Carton, le pianiste, a été très présent tout au long du processus de création. Je me suis entouré, pour l’alto et le violon, de deux magnifiques solistes avec qui je collabore depuis des années : Lise Berthaud à l’alto et Sarah Nemtanu au violon. J’aimerais souligner aussi l’importance de mes collaborateurs qui ont été également très présents pendant ces quatre mois de création : notre ingénieur du son et directeur artistique Vincent Joinville, puis Anne-Sophie Versnaeyen et Hugo Gonzalez-Pioli pour les orchestrations et certains arrangements.
C'est mon deuxième film avec lui après BELLE ET SÉBASTIEN. Il sait comment la musique s'inscrit pour accompagner la dramaturgie et donner une nouvelle émotion au film. Il a été d'une générosité et d'une franchise totale. On a eu un vrai dialogue pour créer les thèmes musicaux. Il fallait notamment installer un thème au préalable pour Elsa Zylberstein, pour qu'elle soit crédible dans sa manière de tenir le violon et de l'accorder. D'ailleurs, dès qu'elle prend l'instrument et que les enfants la regardent, on comprend tout le passé de la famille. Car dans UN SAC DE BILLES, l'univers familial est très important : à chaque fois que les parents de Jo et leurs fils se retrouvent, il fallait qu'on sente à quel point ils sont bien ensemble, et ça passe par la musique. Cette scène ne dure que dix secondes mais on comprend tout.
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