,@,important_aimer,delerue, - L'Important c'est d'aimer (Georges Delerue), une partition pour exorciser la folie L'Important c'est d'aimer (Georges Delerue), une partition pour exorciser la folie

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- Publié le 01-01-2021




La musique de Georges Delerue hante radicalement le film de Zulawski. Du début jusqu'à la fin, la musique traduit la passion destructrice et obsessionnelle entre Nadine et Servais, les tourments des différents protagonistes, le chaos, la folie, etc. En ce sens, Georges Delerue a probablement écrit l'une de ses musiques les plus sombres et les plus poignantes de ce milieu des années 70.

La partition de 'L'important c'est d'aimer' est dominée par un thème principal pour cordes. Ce thème poignant et envoûtant dépeint la relation tumultueuse entre Nadine et Servais. Répété de manière obsessionnelle tout au long du film, il souligne la folie des personnages, évoquant le thème de Camille dans 'Le Mépris' de Godard. Dès la première apparition de ce thème, on reconnaît une œuvre majeure du compositeur, inspirée par son sujet. Ce thème incontournable, pièce maîtresse de la partition symphonique, est sans doute la pièce la plus tonale du score. Il contraste avec la 'Ballade dérisoire', confiée à une trompette et à l'orchestre, dont l'ironie souligne la déchéance des personnages.

Le reste de la partition se compose de pièces atonales souvent dissonantes, massives et terrifiantes. La musique de 'L'important c'est d'aimer' pourrait être perçue comme une musique de thriller, avec ses effets orchestraux hérités des grands compositeurs contemporains de la fin des années 1950. Delerue utilise un orchestre où dominent les cordes, mais aussi des percussions, un clavecin, un vibraphone et un orgue. Le compositeur fait preuve d'inventivité dans son instrumentation, rappelant l'atmosphère suffocante et cauchemardesque du 'Locataire' de Philippe Sarde. Sa musique reflète le pessimisme du film de Zulawski, ainsi que les tourments et la psychologie torturée des protagonistes.

Dès la scène d'ouverture, où Servais travaille et se fait houspiller, Delerue dévoile une superbe pièce pour cordes, évoquant les partitions de thriller de Bernard Herrmann. Le rythme saccadé et les tambours de ce morceau reflètent la frénésie et le tourment du personnage principal. Cette musique de style thriller, bien qu'elle puisse sembler décalée par rapport aux images anodines de la séquence, s'intègre parfaitement à la psychologie des personnages.

Bien qu'utilisée avec parcimonie, la musique de Georges Delerue est omniprésente dans le film. Elle est essentiellement représentée par son thème de cordes obsédant à la dimension tragique. Cette atmosphère macabre et tourmentée parcourt tout le film, donnant lieu à des moments d'atonalité glauque et suffocante. On peut citer la séquence de la pièce de théâtre, où Delerue utilise des tenues d'orgue terrifiantes à l'ambiance surréaliste, avec des tenues de cordes dissonantes évoquant les pièces orchestrales de Penderecki. Cette scène, avec Klaus Kinski dans un numéro d'acteur halluciné, prend une tournure cauchemardesque grâce à la musique de Delerue.

On pourra trouver le caractère parfois grand-guignolesque de la musique de Delerue exagéré. Le résultat à l'écran n'en demeure pas moins intense et saisissant. 'L'important c'est d'aimer' est un chef-d'œuvre de ce compositeur, à découvrir ou redécouvrir de toute urgence.

 


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