Panorama BO : 20 musiques de films Jazz (2ème partie : le cinéma français) -
Panorama BO : 20 musiques de films Jazz (1ère partie : le cinéma américain et britannique)
Le Jazz désigne un ensemble de genres musicaux d'origine afro-américaine englobant aussi bien des folklores religieux ou profanes que des formes symphoniques. Deux caractéristiques essentielles sont indissociables du Jazz. D'une part un traitement particulier des sonorités, dérivé de l'imitation des voix humaines et animales, de l'autre une mise en valeur spécifique des rythmes.
Son origine est assez curieuse. C'est une opinion répandue en effet qu'il est né des marches funèbres avec lesquelles les Noirs de La Nouvelle-Orléans avaient l'habitude d'accompagner, vers la fin du XIXe siècle, les funérailles de leurs proches.
Au début du XXe siècle, le jazz est rustique, prolétaire et d'assez mauvais renon. Le Blues émerge des chants et des musiques des terres africaines razziés par les marchands d'esclaves. Avant de devenir une structure musicale c'est avant tout un chant de lamentation fredonnés par les travailleurs Noirs dans les champs ou sur les chantiers.
Le ragtime, genre pianistique fortement syncopé popularisé par Scott Joplin (qui n'a laissé que des rouleaux de papiers perforés) intervient alors dans la gestation du jazz de façon fondamentale. Son apogée se situe entre la fin de la guerre de Sécession et 1920. Parallèlement, dans les Etats du sud des Etats-Unis, dont la Louisiane, le style Dixieland se développe par la pratique de l'improvisation collective à trois voix : trompette, clarinette, trombone, et un choix de thèmes issus du ragtime, du blues et de marches.
C'est à Chicago durant les années 20, que sont enregistrés les premiers chef-d'ouvre de l'improvisation collective qui inspirent des disciples blancs.
En 1928, avec Pinetop's Boogie-Woogie, Clarence Smith développe une nouvelle manière de jouer le blues au piano. Un morceau de référence dominé par le rythme et la répétition qui sera pillé par beaucoup de pianistes. Des grands orchestres se créent à Kansas City, Chicago, New-York et à partir de 1930, le jazz devient à la mode et rencontre Hollywood.
Avant l'émergence des compositeurs de jazz pour l'écran, le genre était assez peu considéré par le cinéma. Les musiques Jazz que l'on entendaient dans les films étaient principalement des reprises et les quelques rares compositions se réduisaient à de pâles imitations des standards du répertoire.
Il faudra finalement attendre la fin des années 50 pour que les jeunes compositeurs indépendants osent enfin introduire des éléments contemporains, et en particulier les apports du jazz, dans leurs partition pour le Cinéma.
En 1955, dans le film, l'Homme au Bras d'Or, d'Otto Preminger, Elmer Bernstein a délibérément tourné le dos aux critères du moment en faisant le choix d'une bande jazz plutôt que symphonique :
« Cela me semblait simplement être la meilleure chose à faire. Après tout, il s'agissait d'un film à propos d'un junkie qui voulait devenir batteur de jazz. Le réalisateur, Otto Preminger m'avait dit une chose que vous n'entendrez plus de nos jours. "Je vous ait engagé pour faire du neuf. Si vous croyez que c'est ce qui convient, alors faites le ! " Jusqu'à la fin des années 30, la tendance était à la mise absolue du film. Puis avec l'émergence de personnages comme Bernard Herrmann, on a commencé à utiliser la musique de manière plus ciblée, plus efficace aussi . »
Après le succès de la bande son du film d'Elmer Bernstein, les compositeurs de Musiques de Films se lanceront à leur tour dans le genre.
En France : Paul Misraki, Michel Legrand, André Hossein, Michel Magne, Philippe Sarde mais aussi des jazzmen qui s'improvisent compositeurs de films. C'est le cas d'André Hodeir, Martial Solal, Michel Portal, Claude Bolling, Henri Crolla, Jean-Pierre Mas, Louis Sclavis.
Aux Etats-Unis : Elmer Bernstein, Alex North, John Williams (qui par la suite délaisseront complètement le genre), Kenyon Hopkins, Burt Bacharach ; des arrangeurs comme Henri Mancini, Quincy Jones, Lalo Schifrin, Dave Grusin, Oliver Nelson, Johnny Mandel, Lennie Niehaus ou des jazzmen tels que Neal Hefti, Eddie Sauter, Herbie Hancock et Don Ellis.
On trouve également dans la Musique de Film de nombreuses combinaisons de styles issus de divers courants :
Mambo-Jazz chez Paul Misraki (Et Dieu créa la Femme), Jazz-Twist chez Michel Magne (la série des Fantômas), Jazz lounge chez Henri Mancini (Diamant sur Canapé), John Barry (Le Knack) ou plus atmosphérique chez Stanley Myers (Homo Faber), Angelo Badalamenti (Twin Peaks) et Ennio Moriconne (CopKiller) ; Electro-Jazz chez Sun Ra (Space is the Place), cocktail détonnant de styles chez Manfred Hübler et Siegfried Schwab dans (Vampyro Lesbos) ou encore, Jazz-Funky chez Lalo Schifrin (Bullitt), Roy Budd (Marseille Contrat) et Quincy Jones (Dans la Chaleur de la Nuit), genre qui se développera dans le courant des années 70 dans le Cinéma de la Blaxploitation.
Le mouvement Jazz, Third Stream (Littéralement : troisième courant) peut aussi s'appliquer chez les compositeurs de musiques de films. C'est un mouvement qui apparaît à la fin des années 50 désignant des ouvres de compositeurs qui tentent de réaliser une synthèse du jazz et de la musique européenne classique ou contemporaine.
On trouve par exemple, du Jazz symphonique chez Alex North (Les Désaxés), Michel Legrand, (L'Amérique Insolite), Bernard Herrmann (Taxi Driver), Philippe Sarde (Le Choix des Armes)
Dans les années 70, le jazz dissonant fut particulièrement utilisé chez les compositeurs américains. Déjà en 1955, Leonard Rosenmann en faisait une brève utilisation dans La Fureur de Vivre. En 1973, avec French Connection, le jazzman Don Ellis poussa l'expérimentation plus en avant ; Jerry Goldsmith (Chinatown), David Shire (Les Pirates du Métro)ou encore Dennis Zeitlin (L'Invasion des Profanateurs de Sépultures) s'y intéressèrent également.
Beaucoup de réalisateurs se sont également passionnés pour le monde du Jazz. C'est le cas de Louis Malle qui, par une suggestion de Jean-Claude Rappeneau, fit venir le trompettiste Miles Davis pour improviser sur les images de son film Ascenseur pour l'Echaffaud, (1959). Le réalisateur collabora également avec Stéphane Grapelli et Django Reinhardt. Dans ses films de nombreux thèmes de Jazz sont utilisés. Mambo n°5 joué par Duke Ellington dans Le Souffle au Cour ou Le Jazz de La Nouvelle Orléans dans La Petite.
En 1957, Vadim demanda à John Lewis, l'un des principaux initiateurs du Third Stream, de composer la musique de son film Sait-on Jamais ? Musique qui contrairement à celle de Davis pour le film de Malle fut écrite et non improvisée.
On peut mentionner également, Orson Welles et Henri Mancini sur La Soif du Mal en 1958 ainsi que John Cassavetes et sa collaboration avec Charles Mingus sur Shadows en 1959. Plus récemment en France, Bertrand Tavernier et Alain Corneau, ont régulièrement travaillés avec Philippe Sarde et des interprètes de jazz. On peut également citer Clint Eastwood, Woody Allen et Robert Altman qui utilisent de nombreux standards de Jazz dans leur films.
(La liste tient également compte des partitions qui ne sont pas uniquement constituées de Jazz mais qui en sont néanmoins fortement imprégnées comme c'est le cas par exemple de Chinatown de Jerry Goldsmith.)
- Music Land de Paul Witheman. Real. W. Disney (Court Métrage) (1935)
- Un Tramway Nommé Desir d'Alex North. Real. E. Kazan (1951)
- Caprice en couleur d' Oscar Peterson. Real. N. Mc Laren (1955)
- Autour d'un récif d'André Hodeir. Real. J.Y Cousteau (Documentaire) (1949)
- Sur les Quais de Leonard Bernstein. Real. E. Kazan (1954)
- l'Homme au Bras d'Or d'Elmer Bernstein. Real. O. Preminger (1955)
- Baby Doll de Kenyon Hopkins. Real. E. Kazan (1956)
- Ascenseur pour l'Echafaud de Miles Davis. Real. L. Malle (1957)
- Sait-on Jamais ? de John Lewis et son Modern Jazz Quartet. Real. R. Vadim (1957)
- Peter Gunn d'Henry Mancini. Série TV. (1958-61)
- La Soif du Mal d'Henri Mancini. Real. O. Welles (1958)
- Je Veux Vivre de Johnny Mandel. Real. R. Wise (1958)
- Deux Hommes dans Manhattan de Martial Solal. Real. J.P Melville (1958)
- Autopsie d'un Meurtre de Duke Ellington. Real. O. Preminger (1959)
- Les Liaisons Dangereuses de Thelonious Monk et Art Blakey. Real. R. Vadim (1959)
- A Bout de Souffle de Martial Solal. Real. J.L Godard (1959)
- Un Témoin dans la Ville de Barney Wilen. Real. E. Molinaro (1959)
- Le Bruit et le Fureur d'Alex North. Real. M. Ritt (1959)
- Les Rats de Cave d'André Previn. Real. R. Mc Dougall (1960)
- Les Désaxés d'Alex North. Real. J. Huston (1960)
- Paris Blues de Duke Ellington (avec Louis Armstrong et Guy Lafitte) Real. M. Ritt (1961)
- Shadows de Charles Mingus. Real. J. Cassavetes (1959)
- Diamants sur Canapé d'Henri Mancini. Real B. Edwards (1961)
- Le Doulos de Paul Misraki. Real. J.P Melville (1962)
- Strip-Tease d'Alain Goraguer et Serge Gainsbourg. Real. J. Poitrenaud (1962)
- Le Couteau dans l'Eau de Krysztof Komeda. R eal. R. Polanski (1962)
- La Panthère Rose d'Henri Mancini. Real. B. Edward (1963)
- Fantômas de Michel Magne Real. A. Hunebelle (1964)
- Les Félins de Lalo Schifrin. Real. R. Clément (1964)
- Belphégor d'Antoine Duhamel. Série TV (1965)
- Le Knack de John Barry. Real. R. Lester . (1965)
- Le Kid de Cincinnati de Lalo Schifrin. Real. N. Jewison (1965)
- La Métamorphose des Cloportes de Jimmy Smith. Real. P. Granier-Defferre (1965)
- Mickey One d'Eddie Sauter (avec Stan Getz). Real. A. Penn (1965)
- Alfie le dragueur de Sonny Rollins. Real. L. Gilbert (1966)
- Casino Royale de Burt Bacharach. Real. V. Guest, K. Hughes (1966)
- Blow Up d'Herbie Hancock. Real. M. Antonioni (1967)
- Le viol de Michel Portal. Real. J. Doniol-Valcroze (1967)
- l'Homme de Fer de Quincy Jones. Série TV (1967)
- Dans la chaleur de la Nuit de Quincy Jones (avec Roland Kirk). Real. N . Jewison (1967)
- Point Blank de Johnny Mandel. Real. J. Boorman (1967)
- Petulia de John Barry. Real. R. Lester (1968)
- La Fiancée du Pirate de Claude Bolling (1969)
- L'Affaire Thomas Crown de Michel Legrand. Real. N. Jewison (1969)
- Le Cercle Rouge d'Eric Demarsan. Real. J.P Melville (1970)
- Vampyros Lesbos de Manfred Hübler et Siegfried Schwab. Real J. Franco (1970)
- French Connection de Don Ellis. Real. W. Friedkin (1971)
- Boulevard du Rhum de François de Roubaix. Real. R. Enrico (1971)
- Le Dernier Tango à Paris de Gato Barbieri. Real. B. Bertolucci (1972)
- Les Pirates du Métro de David Shire Real. J. Sargent (1974)
- Space is the Place de Sun Ra. Real. John Coney (1974)
- Les Valseuses de Stéphane Grappelli. Real. B. Blier (1974)
- France Société Anonyme de Clifton Chenier. Real. A. Corneau (1974)
- Chinatown de Jerry Goldsmith. Real. R. Polanski (1974)
- Calmos de Georges Delerue. Real. B. Blier (1975)
- Taxi Driver de Bernard Herrmann. Real. M. Scorcese (1976)
- La Menace de Gerry Mulligan. Real. A. Corneau (1977)
- L'invasion des Profanateurs de Sépultures de Denis Zeitlin. Real. P. Kaufmann (1978)
- Flic ou Voyou de Philippe Sarde (avec Chet Baker) Real. G. Lautner (1978)
- Roberte d'Eric Demarsan. Real. P. Zucca (1979)
- Beau Père de Philippe Sarde. Real. B. Blier (1981)
- Coup de Torchon de Philippe Sarde. Real. B. Tavernier (1981)
- Le Choix des Armes de Philippe Sarde. Real. A. Corneau (1981)
- Mortelle Randonnée de Carla Bley. Real. C. Miller (1983)
- Autour de Minuit d' Herbie Hancock. Real. B. Tavernier (1986)
- Mo' Better Blues de Bill Lee (avec le Branford Marsalis Quartet) Real. S. Lee (1990)
- Dingo de Miles Davis et Michel Legrand. Real. R. De Heer (1991)
- Le Festin Nu d'Ornette Coleman et Howard Shore. Real. D. Cronenberg (1992)
- L 627 de Philippe Sarde. Real. B. Tavernier (1992)
- Just Friends de Michel Herr. Real. M.H Wajnberg (1993)
- Clockers de Terence Blanchard. Real. S. Lee (1995)
- Le Cour Fantôme de Barney Wilen. Real. P. Garel (1996)
- Kadosh de Louis Sclavis. Real. A. Gitaï (1999)
- Kippour de Jan Garbarek. Real. A. Gitaï (2000)
- Attrape-moi si tu Peux de John Williams. Real. S. Spielberg (2002)
- Appartement # 5C de John Surman. Real. Radjari (2002)
- Jours Tranquille à Sarajevo de Sonny Simmons. Real. F. Lunel (2003)
- Holy Lola d'Henri Texier. Real. B. Tavernier (2004)
- Edy de Nils Petter Molvaer. Real. S. Guérin-Tillié (2005)
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