La cinéaste Agnès Varda propose tout au long des 5x40min qui constituent cette série un voyage de par le monde (de Mexico à Venise, en passant par Nantes, la ville de Jacques Demy) et à l'intérieur de son musée intime et personnel, relatant à la fois sa propre vie et ses oeuvres que ses goûts, ses rencontres avec des artistes qu'elle apprécie. Alternant entre le carnet de voyage, les interviews d'artistes, une analyse d'oeuvre, un journal intime... ces chroniques font entendre diverses musiques comme autant de madeleine et d'évocations. Laurent Levesque est l'auteur d'une partie de ces musiques.

Nous entendons les musiques d'oeuvres de Jacques Demy (la musique de Michel Legrand pour LOLA, la partition de Michel Colombier pour UNE CHAMBRE EN VILLE lorsqu'un protagoniste lit la partition dans un train pour Nantes), ou celles d'autres films, comme la BO de RAN de Kurosawa lors de l'évocation du compositeur Toru Takemitsu.
Des airs font danser Agnès Varda (ou plutôt son double virtuel dans le Second Life de Chris Marker) ou Manoel de Oliveira que nous apprécions retrouver en grande forme.
Il y a quelques emprunts au répertoire classique, comme le piano de Domenico Scarlatti qui clôture tous les épisodes, et des musiques de Paule Cornet.
Et enfin il y a la musique originale de Laurent Levesque dont la flûte ouvre chaque épisode en générique, comme dans cette vidéo :
 

Le compositeur est intervenu au moment du montage, et ses échanges avec Agnès Varda l'ont enchanté : "Quand elle me parlait de ses besoins de musique, elle avait des goûts très éclectiques, elle me faisait voir quelques-uns de ses anciens films, comme son premier LA POINTE COURTE, une vraie connivence s'est établie au fur et à mesure de nos rencontres. Elle a apprécié que je sois réactif, que je puisse pour telle séquence lui faire entendre cinq ou six propositions différentes, d'aller dans plusieurs directions et styles. Et cela est intéressant pour moi. Cette rencontre était un bain artistique, une bouffée d'air, car elle transpire le côté artistique, elle est ouverte à toute possibilité, à toute rencontre. Elle est stimulante, elle parvient à me donner de l'énergie pour me surpasser dans mes recherches musicales. Avec toutes les musiques qu'elle avait à sa disposition, Agnès voulait glaner de ci de là pour mettre les musiques sur ses images, parfois même des petits bouts. J'ai fait une musique mexicaine de mariachi lorsqu'elle est au Mexique, deux musiques avec flûte et orchestre lorsque Agnès rencontre l'artiste Boltanski... etc. Il y a eu deux manières de procéder : soit proposer beaucoup de musiques dans lesquelles elle puisse glaner, ou faire une musique adaptée à une séquence précise. On a aussi repris une musique des PLAGES D'AGNÈS lors du voyage à Los Angeles".

Outre son travail avec Agnès Varda, Laurent Levesque a pu travailler en 2011 avec Jean-Jacques Annaud pour L'OR NOIR (avant d'être remplacé par James Horner - qui a d'ailleurs pour ce film divisé par 10 son salaire), avec Sébastien Bailly (le magnifique court-métrage DOUCE), et le dernier opus de Karl Zéro, BEING MICHAEL JACKSON, faisant suite à DANS LA PEAU DE JACQUES CHIRAC, STARKO ou BEING W. Il y a une certaine cohérence avec les films d'Agnès Varda : "Il y a des liens avec le travail pour Karl Zéro, c'est une nouvelle fois un travail par rapport à la voix off, dans l'accompagnement musical d'un narrateur qui évoque une histoire. La musique participe à la narration. Là, on est dans la peau d'Agnès Varda."

Cette série documentaire est diffusée sur Arte du lundi 19 au vendredi 23 décembre à 22h.
Rediffusion pendant une semaine sur le site web d'Arte (plus7.arte.tv).

Texte et propos de Laurent Levesque recueillis par Benoit Basirico