Cinezik : Il y a beaucoup de musiques dans le film. C'était une idée originelle du réalisateur, où cela s'est imposé au fur et à mesure ?
Pedro Onetto : Lorsque l'on a commencé à travailler avec Benjamin Avila, le réalisateur d'ENFANCE CLANDESTINE, nous nous sommes concentrés sur le scénario. Nous avons beaucoup parlé des instruments qu'il fallait aux moments appropriés. Aussi, nous nous sommes demandés si chaque personnage devait avoir un genre de musique particulier, mais nous n'avons pas parlé de la quantité de musique utile pour le film, c'est venu naturellement.
La première chanson que j'ai écrite est celle des enfants, celle que le professeur chante avec eux. C'est une chanson typique de camps de vacances et la production en avait besoin avant de tourner la scène. Ensuite, j'ai donné au monteur quelques morceaux que j'ai écrits en pensant aux personnages avec différents climats et tons... Le réalisateur en a sélectionné quelques uns, et j'ai travaillé avec les versions définitives du montage et de la musique.
La dernière composition que j'ai faite pour le film est la ballade que nous pouvons entendre dans la scène de l'anniversaire de Juan/Ernesto. Au début ils devaient danser sur une chanson très connue des Pink Floyd. Le réalisateur la voulait vraiment, mais quand on a vu que les droits de cette musique étaient non seulement indisponibles mais aussi impossibles à avoir, je l'ai remplacée avec une chanson originale que j'ai écrite, essayant d'imiter le style un peu psychédélique et glamour des années 1970.
Que pouvons nous dire à propos du thème de la petite fille dont Juan/Ernesto tombe amoureux ?
P.O : C'est le leitmotiv du film, et toute la musique que j'ai composée pour le film est basée sur cette mélodie.
La chanson s'appelle "Juan y Maria", et on l'entend du début à la fin du film, la première fois que Juan/Ernesto tombe amoureux, dans la forêt avec le violon solo et dans le parc avec un ton plus enjoué. C'est un leitmotiv qui a plusieurs possibilités et variations.
Diriez-vous que la musique reflète l'état d'esprit de Juan/Ernesto ? Quelles étaient les instructions du réalisateur ?
P.O : Au départ, nous pensions qu'il y aurait deux leitmotiv, un pour Juan/Ernesto, et un autre pour Maria, mais ensuite c'est devenu une mélodie de Maria à travers les yeux de Juan/Ernesto. A d'autres moments, j'ai pensé à davantage associer la musique avec les images, comme par exemple avec l'oncle Betos pour la scène du rêve où je voulais que la musique accompagne la magie du rêve, la tension augmente et la musique grandit et accède à un autre niveau.
Dans le film, nous voyons que le réalisateur ne souhaite pas dramatiser, malgré le sujet, notamment grâce aux scènes de violence et de meurtres en animation. Etait-ce la même chose pour la musique ?
P.O : Oui, il m'a demandé que la musique n'ait rien de trop dramatique. La musique accompagne l'émotion de chaque scène, parfois avec une intention définie et des détails synchronisés, et parfois en contrepoint.
Il y a un contraste entre la musique et le sujet ? C'est l'innocence de l'enfant ?
P.O : La chose la plus difficile était de trouver le bon ton pour chaque scène, le regard de Juan/Ernesto est très important. Depuis le début, il y avait un concept musical qui devait opérer en relation entre les personnages, puis nous avons travaillé la musique avec les images de chaque scène plus en détail. Juan/Ernesto vit en clandestinité et sous un faux nom, mais il est aussi un enfant qui grandit, qui découvre son premier amour et ses rêves, et la musique reflète cette innocence.
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