medina,insensibles, - Juan Carlos Medina, sensible à la musique Juan Carlos Medina, sensible à la musique

medina,insensibles, - Juan Carlos Medina, sensible à la musique

- Publié le 21-10-2012




Pour son premier film INSENSIBLES, le réalisateur franco-espagnol Juan Carlos Medina a fait appel au compositeur suédois Johan Söderqvist qui accompagne ce film d'horreur avec une certaine poésie, grâce et lyrisme."Cette froideur scandinave allait apporter un contrepoint à la violence du film."

Cinezik : Quelle est votre relation à la musique ?

Juan Carlos Medina : La musique a toujours été pour moi une source d'inspiration, je fais du piano, j'aime beaucoup Morricone, Goldsmith, Shore. J'aime également l'utilisation musicale de Kubrick qui allait chercher dans des univers musicaux très différents.

Comment avez-vous abordé le travail musical du film INSENSIBLES ?

JCM : J'ai fait dans un premier temps une playlist de musiques préexistantes bien avant que le compositeur Johan Söderqvist soit impliqué. Il y avait des morceaux de Ligeti, Penderecki, du Bach, des chants religieux... Je savais que je voulais un univers avec des cordes, dans un mélange d'orchestre symphonique et de sons plus contemporains.

Pourquoi le choix du suédois Johan Söderqvist ?

JCM : J'avais remarqué sa musique dans MORSE, avec cette capacité de suggérer la tendresse et en même temps d'aller dans l'horreur absolue, où l'orchestre symphonique se mêle aux instruments étranges et exotiques. Je voulais une musique assez minimaliste et froide, c'est ce que j'ai remarqué chez lui dans ce mélange subtil et fin d'émotions dans la retenue et la pudeur. Cette froideur scandinave allait apporter un contrepoint à la violence du film. J'ai demandé à travailler avec lui avant le tournage. On lui a envoyé le scénario et mon tracklist musical élaboré avant le tournage. Il est venu me voir à Barcelone à la moitié du tournage, sur le studio, pour voir l'univers visuel du film. Les ébauches musicales de Johan m'ont aidé au montage. C'est lui qui m'a écrit le temp track, avec des brouillons de thèmes qui allaient venir. Je n'ai pas utilisé d'autres temp track que le sien.

Quels ont été les choix instrumentaux ?

JCM : On avait besoin d'un score avec des leitmotivs et une certaine ampleur épique qui pouvait rassembler des personnages. Il y a un univers musical pour la recherche du passé sombre avec la cellule 17, un thème qui correspond à la mort de l'être chèr, un autre pour la solitude et le désespoir des enfants... Dans son travail en amont, Johan a pu me proposer une large palette de sons et de textures parmi lesquelles j'ai choisi ce que je voulais. Johan m'a proposé des instruments à vent que j'ai systématiquement refusé. J'ai fait le choix d'une orchestration avec beaucoup de cordes, avec de la guitare, du piano, de la corde pincée et frappée, avec quelques instruments étranges comme le "waterphone" (instrument avec un réservoir rempli d'eau) ainsi qu'un violon norvégien pour la séquence finale.

Il y a aussi une petite comptine que chante le personnage féminin...

JCM : J'ai choisi la comptine et l'ai faite écouter à Johan qui l'a intégré dans la BO. Il a composé une partition à la guitare autour de ce chant traditionnel catalan.

Quel est le rôle de la musique au sein de cet univers assez violent ?

JCM : Je déteste l'utilisation de la musique qui consiste à souligner ou renforcer le contenu dramatique d'une scène. Je préfère l'utiliser comme un dialogue esthétique imprévisible, avec les personnages, le récit, ou des éléments thématiques. Je l'ai utilisé dans cette optique. On est dans une utilisation "morriconienne" telle qu'on peut la trouver dans des westerns de Leone. Plutôt que d'essayer de faire peur par intermèdes comme dans un thriller, j'aime quand la musique a une place à part entière dans le film dans son ensemble. J'adore à ce niveau-là le duo Shore/Cronenberg, Wojciech Kilar ou encore Christopher Young.

Avez-vous un nouveau projet qui serait votre second film ?

JCM : Oui, je suis en écriture d'un nouveau film qui serait dans un autre genre (le polar), dans un autre pays et une autre langue (à Paris et en Français). Mais cela n'empêchera pas de poursuivre la collaboration avec Johan Söderqvist.

Interview réalisée lors du Festival du film fantastique de Strasbourg, le 22 septembre 2012 par Benoit Basirico

 


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