burnett,inside-llewyn-davis, - T-Bone Burnett : la folk de INSIDE LLEWYN DAVIS jouée en direct T-Bone Burnett : la folk de INSIDE LLEWYN DAVIS jouée en direct

burnett,inside-llewyn-davis, - T-Bone Burnett : la folk de INSIDE LLEWYN DAVIS jouée en direct

- Publié le 28-08-2013




T-Bone Burnett a arrangé les chansons folk du film des frères Coen (Prix du jury au Festival de Cannes 2013) tout en écrivant une chanson pleine d'ironie. Il nous explique en quoi consiste son travail de producteur. La BO sort le 17 septembre 2013 avant la sortie du film en novembre.

Interview T-Bone Burnett

 

Vous retrouvez les frères Coen après O'BROTHER pour l'arrangement des chansons qu'interprète dans le film le personnage de Llewyn Davis. Quel a été ce travail ?

T-Bone Burnett : Nous avons enregistré les chansons en live. Oscar Isaac qui interprète Llewyn Davis a appris un vieux répertoire d'environ dix chansons. Il a appris à les jouer et à les chanter en live d'une façon incroyable. Nous avons passé six mois avant le tournage pour s'entraîner. A la fin, il était capable de chanter comme Llewyn Davis... Il l'est même devenu !

Le choix des chansons était-il défini dés scénario ?

T.B.B : J'ai travaillé en effet avec les frères Coen quand ils écrivaient le scénario, et même après. Toutes les chansons du scénario, les paroles des chansons, font partie des dialogues du film. Les réalisateurs ont une grande connaissance de la musique américaine, de la musique traditionnelle américaine, et ils ont des goûts incroyables !

Comment avez-vous rencontré les frères Coen pour O'BROTHER ?

T.B.B : Je les ai appelé et leur ai proposé un diner. J'adore leurs films, j'ai vu SANG POUR SANG, qui est un film dont l'action se déroule au Texas, et j'habite au Texas. C'était si proche de chez moi que j'ai pris connaissance de ce film. Ce sont les réalisateurs les plus intéressants que j'ai jamais vus. Il y a aussi ARIZONA JUNIOR. Tous leurs films portent des références. Tout a un précédent quelque part.

Quel a été votre travail avec les acteurs, notamment avec Justin Timberlake qui n'est pas un chanteur folk, c'était nouveau pour lui. Étiez-vous présent sur le tournage pour l'accompagner ?

T.B.B : Oui, j'étais là tout le temps. Nous enregistrions tout en direct. Habituellement, pour ce type de film, on tourne des petites séquences pour pouvoir ensuite garder la version dont on a besoin, pour être libre au montage. Mais comme nous devions filmer en direct, les prises devaient être bonnes à chaque fois, et elles devaient être les mêmes. Les interprètes devaient jouer de la même façon, avec le même tempo.

Hormis le choix des chansons existantes, y'a t-il dans le film de la musique originale spécialement écrite pour le film ?

T.B.B : Oui, il y a quelques musiques originales. Nous avons par exemple écrit la chanson "Please, Please Mr. Kennedy", nous l'avons écrite pour une scène précise. Nous n'avons pas imité des versions existantes, nous avons créé là notre propre morceau, qui est probablement meilleur. (rires)

Quel a été votre travail avec Bob Dylan au début de votre carrière?

T.B.B : Je me sens en sécurité avec lui, c'est la personne la plus intelligente du show business, définitivement la personne la plus intelligente de la musique que je connaisse.

Avez-vous travaillé avec Bob Dylan pour le film ?

T.B.B : Non. Mais il nous a apporté quelques éléments nécessaires pour les chansons du film, donc d'une certaine façon on a un peu travaillé avec lui.

Vous êtes producteur musical ? En quoi cela consiste t-il ?

T.B.B : Produire un album, c'est comme diriger et produire un film, et comme composer de la musique aussi, car vous donnez le ton. Nous devons choisir le bon instrument, la bonne tonalité pour la voix. Vous choisissez chaque instrument, chaque musicien... pour aider l'artiste à raconter son histoire.

Peut-on dire de ce film que c'est une comédie musicale ?

T.B.B : Oui, c'est une comédie musicale.

Comme avec Gene Kelly, dans la tradition de la comédie musicale ?

T.B.B : Oui, comme à Broadway. Mais en général, dans les films, les acteurs font semblant, il est rare de voir quelqu'un qui joue vraiment de la musique dans un film.  On peut voir ça dans un documentaire, mais ce film débute avec une performance de trois minutes, c'est assez long, vous aviez déjà vu ça auparavant ? Moi pas.

Nous regardons ce film comme un spectateur assiste à un concert...

T.B.B : Oui c'est juste, il y a cet aspect

Quel a été le travail de mixage ?

T.B.B : Tout était enregistré en direct donc nous avons juste gardé ce que nous avions filmé, nous n'avons rien changé.

Vous n'avez pas fait d'arrangements ?

T.B.B. : Non, pas beaucoup, vraiment très peu. Quasiment tout était en direct, il y a juste deux ou trois choses que nous avons changées pour diverses raisons.

Vous sentez-vous à l'aise dans la composition orchestrale ?

T.B.B : Oui, je l'ai déjà fait. Je viens de faire une musique cette année pour la télévision américaine. J'ai fait une musique pour WALK THE LINE de James Mangold, et pour quelques autres films. Je commence à apprécier cela, j'apprends à le faire. J'ai aussi composé une mélodie pour le premier opus d'HUNGER GAMES, avec Danny Elfman et James Newton Howard, nous avons travaillé sur différentes parties. J'ai beaucoup appris avec Danny Elfman durant les trois mois où nous avons travaillé ensemble. Il était incroyablement généreux, il m'a appris à composer une musique de film. C'est quelque chose que je ne savais pas. N'importe qui peut prendre une scène et mettre un morceau de musique dessus... mais composer un vrai "score" c'est autre chose. La partition doit commencer et finir puis avoir des variations en son sein, c'est ce que m'a dit Danny.

Selon vous, est-il plus complexe de composer une musique originale ou de choisir la bonne musique préexistante ?

T.B.B : De composer la musique originale. C'est puissant de trouver une chanson que quelqu'un va interpréter. Les chansons dans le film sont en direct, jouées en entier, c'est quelque chose qui n'est jamais arrivée auparavant. Et une musique de film, si elle est bien faite, les gens ne la remarquent pas. C'est à l'opposé.

Il y a beaucoup d'humour dans le cinéma des frères Coen. Dans ce film, y a t-il de l'humour dans les paroles des chansons ?

T.B.B. : Oui, tout particulièrement dans la chanson "Please, Please Mr Kennedy", c'est complètement rêveur et fou. Elle s'inspire d'une chanson d'amour au sujet de la guerre du Vietnam, une chanson de protestation qui disait : "Please, Please Mr Kennedy, ne m'envoyez pas au Vietnam". Nous avons changé les paroles par "Please, Please Mr Kennedy, envoyez-moi un dollar". Pour le reste, les chansons du film ne sont pas dans l'ironie. INSIDE LLEWYN DAVIS n'est pas un film ironique, c'est un film à coeur ouvert.

Un hommage à la musique folk...

T.B.B. : Oui, exactement.

Avez-vous joué certaines chansons ?

T.B.B. : Oui, j'ai joué un peu de guitare.

Interview réalisée à Cannes en mai 2013 par Floriane Jenard et Benoit Basirico
Traduction : Floriane Jenard

 


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