par Quentin Billard
- Publié le 30-04-2013Première écoute, premier constat - et c'est une constante chez Brian Tyler - la musique est complètement arrangée sur l'album, Tyler agençant son score différemment pour obtenir une qualité d'écoute plus satisfaisante que dans le film, où le score semble évoluer plus lentement, ou avec moins d'emphase que sur l'album. Ainsi donc, soyons clair : si le score semble relativement mou aux premiers abords dans le film, l'album offre une toute autre vision de la musique, plus rythmée, plus musclée et nerveuse. Après deux scores en demi teintes pour les opus 1 et 2, Brian Tyler prend avec sérieux cette troisième aventure d'Iron Man et mélange orchestre symphonique, rythmes rock et synthétiseurs/électro modernes avec, cerise sur le gâteau, un nouveau thème principal extrêmement solide et entraînant, un pur anthem héroïque dans la grande tradition des musiques 'anthemics » des productions Zimmer/Media Ventures des années 90. Et c'est bien là où le score de « Iron Man 3 » marque des points, là où celui de John Debney était particulièrement décevant tout comme celui de Djawadi : pour la première fois dans la franchise, Iron Man se voit enfin confier un vrai thème principal héroïque, prenant et mémorable, bien loin de celui plus rock et plus lisse de Djawadi ou des motifs quasi inexistants chez Debney. Brian Tyler en profite aussi pour rester fidèle à son style synthético-orchestral habituel matiné de touches rock/électro omniprésentes. Impossible donc de ne pas résister à la puissance héroïque et à l'énergie du thème de « Iron Man 3 » (entendu dans le générique de fin), avec ses cuivres puissants, ses choeurs épiques et ses percussions acoustiques/électroniques musclées. On ressent ici toute la hargne, la détermination et la puissance du personnage de Tony Stark/Iron Man, un vrai thème de super héros comme on aimerait en entendre plus souvent de nos jours dans ce type de film.
Niveau thématique, Brian Tyler développe donc le thème héroïque tout au long du film, parfois sous la forme d'une cellule d'une dizaine de notes ou parfois de façon plus furtive suivant les différentes situations de l'histoire. Le deuxième thème du score est un motif de cinq notes associé au Mandarin et à Killian dans le film (car, contrairement à ce que certaines critiques affirment sur le net, il y a un bien un motif de bad guy dans ce film !), un thème sinistre que l'on reconnaît dans « The Mandarin » (aux contrebasses, à 1:15), et qui est en réalité emprunté à la traditionnelle mélodie du « Dies Irae » grégorien, constamment référencée depuis des siècles dans l'histoire de la musique, y compris au cinéma (Jerry Goldsmith s'en était servi dans « Poltergeist », ou Elliot Goldenthal au début de « Demolition Man »). Le motif du « Dies Irae » apporte un vrai sentiment de menace au Mandarin et au personnage de Guy Pearce, un motif qui progresse tout au long de l'histoire, comme dans « Heat and Iron » où il revient de façon plus robuste aux cuivres à 4:55 puis aux cordes à 5:13, ainsi que dans « Return » ou « Hot Pepper ». Le Mandarin a aussi droit à ses propres sonorités dans « The Mandarin », que l'on reconnaît aisément grâce à l'emploi d'instruments ethniques aux consonances orientales/arabisantes très réussies. Les auditeurs plus attentifs pourront aussi reconnaître un motif secondaire constitué d'un enchaînement majeur/mineur sur deux notes de cordes : on peut notamment l'entendre dans « Heat and Iron », Avec ses deux thèmes, Tyler développe action et tension pour évoquer une aventure plus sombre, plus mouvementée et aussi plus fun. Attendez vous à des déferlantes orchestrales épiques avec « Iron Man 3 », comme c'est le cas pour la scène de l'attaque de la maison dans l'intense « Attack on 10880 Malibu Point », solide morceau d'action déchaîné où les cuivres et les choeurs épiques dominent la scène, avec une déferlante de percussions chères à Brian Tyler - façon « Expendables » - Le thème principal est largement développé tout au long du morceau sous un angle action plus sombre et déterminé.
Si vous appréciez le caractère spectaculaire et intense de « Attack on 10880 Malibu Point », vous adorerez aussi la bataille finale dans l'impressionnant « Battle Finale » et ses envolées héroïques trépidantes et surpuissantes, ou l'affrontement dans l'avion avec les sbires enflammés de Killian dans « Heat and Iron », autre morceau d'action incontournable de « Iron Man 3 », dans la lignée de la saga « Expendables », avec son lot de rebondissements rythmiques, cuivres, cordes agitées et percussions martelées. On appréciera aussi l'envolée aventureuse très symphonique du début de « Hot Pepper », le happy end triomphant de « New Beginnings » ou les touches rock plus fun du final de « Dive Bombers » ou de l'excellent « Can You Dig It (Iron Man 3 Main Titles) », entendu au début du générique de fin du film, et composé dans un style rock/funky rétro très années 60, à grand renfort d'orchestre, clavier, sax, batterie, basse et guitare électrique. Désireux de repartir sur des bases neuves, Brian Tyler offre donc une toute nouvelle partition particulièrement énergique et survitaminée pour « Iron Man 3 » : exit la déception du score de Debney ou celui de Djawadi, place à une nouvelle musique plus emphatique, plus enthousiasmante, plus pêchue, et surtout beaucoup plus héroïque ! Grâce à son thème principal mémorable et à quelques bonnes idées (un « Main Titles » funky 60's, des sonorités orientales pour le bad guy, des motifs bien développés, etc.), le score de « Iron Man 3 » s'avère être une bonne surprise, sans aucun doute le meilleur opus musical de la franchise Iron Man, et le plus convaincant d'un point de vue purement musical. Les fans de Brian Tyler devraient donc être aux anges avec ce nouveau score des aventures de l'homme de fer !
par Quentin Billard
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