gi_joe_2,jackman, - G.I. Joe : Retaliation (Henry Jackman), prévisible et sans surprise particulière G.I. Joe : Retaliation (Henry Jackman), prévisible et sans surprise particulière

gi_joe_2,jackman, - G.I. Joe : Retaliation (Henry Jackman), prévisible et sans surprise particulière


par Quentin Billard

- Publié le 16-04-2013




A la première écoute, un premier constat s'impose : on est loin ici du style symphonique de premier score de Silvestri, Henry Jackman optant à contrario pour une approche plus moderne et beaucoup plus rock/électro. Ainsi donc, en plus du traditionnel orchestre symphonique - le Hollywood Studio Symphony - Henry Jackman et son équipe de compositeurs additionnels de chez Remote Control (Dominic Lewis, Matthew Margeson, Tom Holkenborg) mélangent synthétiseurs, instruments solistes, loops et section rock pour parvenir à leurs fins.

A l'écoute du score dans le film comme sur l'album publié par Varèse Sarabande, on s'imagine sans mal ce que les producteurs et le réalisateur ont demandé à Henry Jackman et son équipe : « fait du bruit », « fait un score branché que les jeunes écouteront », « fait un truc moderne », etc. C'est précisément à partir de ces desideratas que Jackman élabore son score de façon prévisible et sans surprise particulière. Après un « Prologue » fonctionnel qui ne laisse aucun souvenir particulier hormis le fait de dévoiler le thème principal des G.I. Joe aux cors, « Arashikage » fait appel à un ensemble de percussions ethniques/asiatiques pour l'une des scènes d'arts martiaux durant la bataille avec le clan Arashikage dans le temple de l'Himalaya vers le milieu du film. Ici, aucune subtilité à l'horizon : percussions guerrières, flûte ethnique, synthétiseurs, etc. Rien de bien passionnant hélas, surtout de la part d'un compositeur qui a pourtant brillé ses derniers temps (notamment dans le domaine des films d'animation). Hélas, cette impression se confirme avec « Get Me The GI Joes » pour la scène de l'attaque du camp des Joe au début du film. Jackman met ici en avant le thème principal des Joe - aucune trace de l'ancien thème écrit par Alan Silvestri, mais on s'en serait douté - sur fond de guitare électrique, loop électro-techno, percussions et cordes survoltées. La partie rock/électro de « Get Me The GI Joes » fonctionne bien, notamment lorsque le thème principal (qui s'oublie hélas très vite, car plutôt insipide et sans personnalité) décolle enfin sur fond de rythme rock fun et déchaîné façon Brian Tyler ou Steve Jablonsky.

Hélas, hormis les passages d'action, le score de « G.I. Joe : Retaliation » contient aussi son lot de passages fonctionnels incroyablement ennuyeux, comme « Friendly Fire », « Lady in Red » par exemple ou « Presidential Facade ». Néanmoins, Jackman fait quelques efforts lors des passages asiatiques plus prenants comme « Storm Shadow » et ses sonorités asiatiques rappelant certaines musiques modernes de films hongkongais - avec au passage une bonne envolée solennelle du thème principal lors de la séquence dans l'Himalaya, envolée héroïque façon « Transformers » - C'est aussi le cas durant la bataille avec Storm Shadow et Snake Eyes dans « Bad Dojo » pour lequel le compositeur utilise les sonorités asiatiques mélangées à l'orchestre, les rythmes électro et les percussions, le tout parsemé d'allusions musclées au thème principal. Que l'on ne s'y trompe pas : « Storm Shadow » est de loin le meilleur morceau du score de « G.I. Joe : Retaliation », surtout au regard de la piètre qualité du reste du score, qui semble avoir été écrit à la va-vite, sans grande réflexion particulière. Pour le reste, pas grand chose de particulier à se mettre sous la dent, car même la dernière partie du score, plus rythmée et nerveuse, ne laisse aucun souvenir particulier. Jackman applique les recettes des musiques d'action Remote Control moderne dans « Fort Sumter » où il rythme l'affrontement final dans le film à grand renfort d'ostinatos de cordes, de percussions synthétiques et de guitare électrique. A noter que Cobra Commander et ses sbires ont droit à leur propre motif de quatre notes, entendu notamment dans « Firefly » dans un arrangement électro/techno sympathique et sans prétention, motif aussi entendu vers le début de « Fighting Ugly » et dans « End Game », où Jackman fait se confronter le thème rock/électro des G.I. Joe et le motif des bad guys, sur fond de traditionnels ostinati entêtants des cordes, de rythmes martiaux (comme dans « I Want It All »), de sound design boursouflé de basses synthétiques (avec notamment une abondance d'effets de distorsion assez hideux) et de quelques envolées héroïques lors de la bataille finale du film et du sauvetage du président américain. On appréciera la reprise triomphante du thème des Joe dans « Honor Restored », même si on regrettera là aussi le côté quelconque d'un morceau qu'on aurait souhaité être plus emphatique, plus mémorable.

A l'écran, le score de « G.I. Joe : Retaliation » remplit donc parfaitement le cahier des charges en apportant de l'action et un certain fun aux images du film, accentuant le rythme et la tension comme il le faut mais sans aucune originalité particulière. Pire encore, le score semble avoir été écrit en compilant la plupart des samples électro de chez Remote Control et toutes les formules habituelles des musiques d'action modernes façon séries TV policières comme les scores de « C.S.I. » ou « Criminal Minds ». C'est d'autant plus regrettable qu'un blockbuster aussi explosif méritait certainement une approche musicale plus ambitieuse ou plus recherchée, du moins aussi efficace qu'aurait pu l'être le précédent score d'Alan Silvestri, qui, s'il ne brillait pas lui non plus d'une originalité particulière, avait au moins le mérite d'être écrit correctement et avec un certain talent. Henry Jackman est pourtant un compositeur talentueux, et il l'a prouvé à plusieurs reprises ces dernières années, mais force est de reconnaître que des films comme « G.I. Joe : Retaliation », « Abraham Lincoln : Vampire Hunter » ou « Man on a Ledge » ne lui apportent rien et ne lui permettent pas d'exprimer réellement tout son potentiel que l'on devine pourtant dans des films de bien meilleure qualité tels que « Wreck-it-Ralph », « X-Men : First Class » ou « Puss in Boots ». Seuls les inconditionnels des productions Remote Control qui ne jurent que par Zimmer et co. apprécieront donc le travail d'Henry Jackman sur « G.I. Joe : Retaliation », mais pour les autres, c'est une déception de la part d'un compositeur inégal qui peut et doit obtenir des projets plus riches et plus ambitieux pour réellement prouver ce dont il est capable !

par Quentin Billard


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