par François Faucon
- Publié le 12-02-2014
James Bond est la "constante résurrection d'un personnage" et ces thèmes, par leur récurrence, servent de fil conducteur, de marqueur identitaire tout au long des aventures de l'espion britannique. Les acteurs, les réalisateurs, les compositeurs, les mélodies et procédés de mise en tension changent mais 007 reste 007. C'est pour assurer cette persistance d'un même personnage que la musique doit répondre à certains critères (que l'on retrouve encore sur SKYFALL).
Tout le monde connaît le "James Bond theme" arrangé (changement de tonalité et rythmes notamment) mais non composé dès le premier opus par John Barry :
- Car ce thème est en effet repris et ré-arrangé d'une composition de Monty Norman intitulée « Good sign, Bad sign » en 1961.
Norman œuvre ici pour l'adaptation en comédie musicale du roman "A House for Mr Biswas" de V. S. Naipaul (dans un style très bollywood), comédie finalement abandonnée faute de financements. Monty Norman est donc le véritable créateur du "James Bond theme". En 2006, dans "Completing the circle", il donne sa version de son thème orchestré par ses soins. Redisons-le encore, afin que tout soit clair : le "James Bond theme" est une composition de Monty Norman et de personne d'autre. Ce thème se retrouve dans tous les James Bond officiels et, de fait, le nom de Monty Norman reste au générique chaque fois que son thème est utilisé.
- Un motif chromatique (0'00 à 0'07) qui traverse les opus de DR NO à SKYFALL, généralement exécuté à la basse, et qui pourrait être assimilé au suspense propre aux scènes d'action de la franchise. Ce motif est clairement une réutilisation faite par John Barry de ses précédentes compositions. On l'entend dans "Poor me" chantée par Adam Faith en 1960 (et arrangée par John Barry) ainsi que dans "Black stockings" la même année.
- Le "Gunbarrel" traditionnel, assimilable aux détonations du Walter PPK (007 fait mouche à tous les coups...), permet d'entendre un autre motif aisément identifiable (accord de 9ème ?) de DR NO à SKYFALL. Bien sûr, avec quelques variantes. Ainsi, dans SKYFALL, le motif ci-dessous n'apparaît initialement que de façon écourtée (en ouverture de "Grand Bazaar, Istanbul" puis en entier à 4'55).
- Cet enchaînement est suivi, dès DR NO par un thème d'action que l'on retrouve encore dans QUANTUM OF SOLACE. C'est d'ailleurs sur ce thème de John Barry que s'ouvre DR NO, donc l'univers cinématographique de Bond et non sur le "James Bond theme".
- John Barry composa un autre thème pour identifier James Bond ; thème intitulé "007". Il se trouve, par exemple, dans FROM RUSSIA WITH LOVE durant la bataille au camp gitan ou dans YOU ONLY LIVE TWICE, durant la séquence où Bond s'envole à bord de la Petite Nellie. Après MOONRAKER, ce thème ne sera plus jamais utilisé en totalité. Le thème mélodique est accompagné par des percussions et des cuivres jouant sur le contretemps.
- A noter, dans FROM RUSSIA WITH LOVE, les quelques secondes d'ouverture (parfois appelée "James Bond is back") censées marquer le retour en force de l'espion après un premier opus certes plein de promesses, mais quelque peu fade. Le bikini d'Ursula Andress, éternelle ultimate bond girl, ne peut, à lui seul, compenser les faiblesses du film. Ce thème sera repris par d'autres artistes que John Barry, notamment les Propellerheads dans "On Her Majesty's Secret Service" lors d'un album de reprises consacré aux musiques de James Bond.
- David Arnold, est le seul à introduire un autre motif récurrent notable sur quatre des cinq films qu'il musicalise : TOMORROW NEVER DIES ; THE WORLD IS NOT ENOUGH ; DIE ANOTHER DAY ; CASINO ROYALE ; QUANTUM OF SOLACE. Ce thème est cependant moins évident à chaque nouvel opus et se trouve supplanté par le thème de Vesper sur les deux derniers opus. Il s'agit de quatre notes généralement descendantes favorisant la mise en suspense de certaines scènes. Nommons-le, pour s'y retrouver, le "Arnold Bond theme".
Une fois supprimé la quatrième note, ce motif est-il autre chose que le motif chromatique composé par John Barry mais joué de façon descendante ?
A moins qu'il ne s'agisse d'une récupération permettant un retour aux origines. On trouve en effet un motif étrangement similaire dans DR NO durant la scène de l'araignée (0'15) ou dans ON HER MAJESTY'S SECRET SERVICE (0'11 du générique).
par François Faucon
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