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"Of Horses and men" se déroule en Islande, dans un village situé au milieu des grandes plaines. Cinq histoires s'entrecroisent autour de la relation entre les chevaux et les hommes. La force de l'œuvre se trouve dans les sentiments, les relations et les liens qui unissent les personnages, le dialogue oral étant peu présent.
La musique a ainsi un rôle de premier plan pour convoquer les sentiments, instaurer un rythme (les percussions associées à la course des chevaux), et convoquer un certain caractère cérémoniel. Dans l'instrumentation, on pense à Morricone ("Mon nom est personne") et dans le rapport aux images et paysages, on pense au "Guerrier silencieux" de Winding Refn.
David Thor Jonsson : C'est mon premier long-métrage islandais mais j'avais déjà collaboré auparavant avec des français. J'avais aussi fait pas mal de court-métrages. Je suis vraiment fier de ce projet, c'est une œuvre à part entière, comme faire un album.
Il y a six histoires connectées et les gens interagissent entre eux. Il y a du sexe, la mort, c'est brutal mais naturel. Quand j'ai lu le script, j'avais vraiment envie de le faire. Quand le voyage a commencé, j'ai réfléchi aux sons. Je me suis demandé quel était le fil conducteur dans cette histoire. Quand tu es compositeur et que tu te retrouves face à une scène super brutale, tu peux calmer le jeu avec une musique plus douce. Je savais que j'allais faire ainsi quand j'ai reçu le script. Il y a une distance entre le film et la musique. De plus, il y a peu de dialogues, donc plus de musique.
Les idées sont venues très rapidement. Je voulais utiliser beaucoup de voix, des voix d'hommes qui chantent magnifiquement. Quand on parle de cheval, on pense tous aux cow-boys, à un milieu où il y a de belles musiques, des guitares et des percussions. Il y avait beaucoup de possibilités différentes dans la manière d'aborder la musique de ce film.
Jouer et enregistrer la musique pour un film, c'est comme mettre des vêtements pour habiller le film. Parfois tu enregistres des choses et tu te rends compte que ça ne fonctionne pas. De toute façon, tu enregistres beaucoup plus de musique que ce qu'il y aura à la fin. Parfois, tu sais vraiment ce que tu veux mettre et ce qui ira sur des séquences. Ici, j'ai essayé d'illustrer le lien entre l'homme et l'animal.
Lorsque j'ai commencé à enregistrer, je me suis concentré à bien tenir la même ligne pour garder une unité au film, malgré les histoires différentes. L'enregistrement a duré entre trois à quatre mois, mais réfléchir sur ce que je voulais vraiment a mis deux ans.
Sur ce travail, j'ai été très proche du réalisateur qui est avant tout un ami. Nous avions un dialogue ouvert. Parfois il avait une idée très précise, moi non, alors je me laissais guider. Mais la plupart du temps, on avait vraiment un dialogue ouvert, chacun pouvait dire ce qu'il voulait. Il écoutait vraiment ce que je faisais. C'était très interactif. Parfois quand tu réécoutes tu te dis « ah, je devrais changer ce petit truc ici » mais tu dois le laisser. C'est comme un bébé, quand le bébé est né tu dois le laisser aller.
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