Cette interview résulte d'une table ronde qui s'est tenue au Festival de Brive 2014.
Voir notre page dédiée au festival - Brive 2014 en 5 interviews
Photo : Ulysse Klotz au micro avec à sa droite Gabriel Abrantes
Cinezik : Comment s'est amorcée la collaboration avec Ulysse Klotz ?
Gabriel Abrantes : C'est la première fois que je travaille avec un compositeur. J'avais écouté la musique d'Ulysse dans L'AGE ATOMIQUE (de Héléna Klotz, 2012) que j'avais beaucoup aimée. J'ai beaucoup aimé cette collaboration. Travailler sur une musique spécialement pour le film est une chose que j'aimerais poursuivre. J'étais intéressé pour ENNUI ENNUI de faire une musique synchronisée avec l'image, avec les scènes d'action ou de comédie, dans un aspect un peu "Disney".
Ulysse Klotz : Je suis intervenu à la fin du montage qui n'était pas encore totalement terminé.
G.A : Puisque je voulais que la musique soit post-synchronisée sur les actions, on devait avoir les images pour le faire. Mais on a tout de même commencés à parler des idées et références en amont.
Quelles étaient ces références ?
G.A : J'ai évoqué les musiques de Enya et de Sinéad O'Connor.
U.K : J'ai adoré les références de Gabriel. Il n'y avait pas besoin de se parler davantage entre nous. On ne s'est pas posés beaucoup de questions. L'idée était d'être drôle avec la musique, ce que je n'avais jamais fait avant. J'aime bien m'oublier sur un film et faire ce que le réalisateur veut. Ensuite, il faut réussir à amener sa propre patte.
Y avait-il des musiques temporaires placées sur le montage pour indiquer une direction au compositeur ?
G.A : A quelques moments, mais Ulysse m'a assez vite envoyé des bouts de musique sur lesquelles je pouvais travailler au montage.
Comment a été écrite cette partition ?
U.K : C'est la première fois que je faisais de la musique orchestrale. Il fallait que ce soit précis. Alors j'ai écris sur partition, ce que mes études au conservatoire m'ont permis de savoir faire. J'ai l'impression d'avoir fait la BO en 2/3 semaines. Tout a été fait avec des logiciels. Travailler avec un orchestre aurait pris plus de temps, avec le choix des musiciens, la logistique... Et puis on n'avait pas le budget de toute manière.
Concernant l'emplacement de la musique, était-il prévu avec précision ?
G.A : On faisait des essais au montage. On changeait les emplacements, c'était très évolutif.
Ulysse, on peut lire "AmourOcean" à côté de votre nom au générique, de quoi s'agit-il ?
U.K : C'est mon projet personnel de musique. Je l'associe pour convoquer une autre couleur musicale, plus "pop".
Quelles sont vos envies de films pour la poursuite de votre parcours dans la musique de film ?
U.K : En ce moment, j'aimerais beaucoup travailler sur des projets importants, des films de genre plus commerciaux, et avoir moins de liberté, être là juste pour habiller une séquence, satisfaire une commande. Car sur les films d'auteurs, il y a beaucoup trop de liberté je trouve.
Vous aimez donc la contrainte, alors que dans un précédent entretien pour Cinezik vous disiez ne vouloir que des cartes blanches... (voir l'interview)
U.K : J'ai complètement changé là dessus. Les meilleures BO sont celles qui correspondent à l'univers d'un réalisateur. Il faut faire ce qu'il veut.
Le travail du compositeur est aussi bien souvent de convaincre le réalisateur de la nécessité d'une musique. Par exemple, Hélier Cisterne n'en voulait pas initialement sur VANDAL (voir notre entretien avec Hélier Cisterne).
U.K : J'étais arrivé à la toute fin. Il y avait d'autres musiques posées sur le montage. Cela faisait un enchaînement de musiques sans homogénéité. Hélier était très peureux de cette collaboration car il n'avait pas les termes musicaux pour s'exprimer. Quand je lui ai parlé de mes intentions, ça s'est bien passé. Il fallait laisser de coté ses premières idées et trouver une cohérence à l'ensemble. La musique a aidé le film à se finir au montage.
Pour finir, quelle type de BO aimez-vous écouter ?
U.K : J'aime la musique de film américaine. J'aime beaucoup Hans Zimmer. "Gladiator" est l'une des plus belles BO. Alors que ce que je fais est totalement différent.
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