Cinezik : Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania ?
Benjamin Violet : Je me suis retrouvé sur ce projet parce que j'ai déja travaillé avec elle sur un court-métrage, PEAU DE COLLE dont j'avais fait la musique. Elle en a profité pour faire appel à moi pour son long-métrage. C‘est aussi simple que ça.
Quand êtes-vous intervenu sur ce film ?
B.V : Le film était déjà en cours de montage. La production du film a duré à peu près 4 ans, un autre compositeur était intervenu avant moi. J'ai donc fait ma musique uniquement sur montage.
Quelles étaient les intentions musicales ? Est-ce que la réalisatrice avait des références ?
B.V : Elle n'en avait pratiquement aucune. Elle a une certaine inhibition vis-a-vis de la musique, elle ne sait pas vraiment communiquer avec un compositeur en termes musicaux, ce qui est normal pour une réalisatrice. C'est difficile. II faut avoir un certain vocabulaire. En tout cas, elle m'a laissé complètement le champ libre à ce niveau-là. J'ai ainsi proposé quelque chose d'assez brut avec les instruments. Par exemple, j'ai joué des guitares électriques en prenant uniquement le son de l'instrument non branché, le son à vide de la guitare. Le son obtenu était finalement pas très joli, mais ça fonctionnait bien avec l'univers du film.
Vous n'avez pas fait une musique mélodique...
B.V : Non, pas du tout. Il y a bien entendu des petits thèmes qui ressortent mais l'aspect mélodique a été complètement exclu. On a travaillé sur des textures. Je ne peux pas m'empêcher de caler un petit peu de mélodies, car je suis violoniste, mais cela n'a pas été le but recherché.
Le sujet du film étant violent, l'intention de la musique était-elle de ne pas trop minimiser la violence ?
B.V : Exactement. Mais la musique intervient à des moments assez précis, il n'y en a pas beaucoup, elle ne vient que lorsque l'on voit justement le personnage qui est sencé être le "Challat", dans ses moments d'égarement sur son scooter. La musique est là juste pour personnifier le personnage. Le sujet étant super grave, il tient tout seul, il n'a pas vraiment besoin de musique pour exister.
L'emplacement de la musique était-il précisement indiqué par la réalisatrice ?
B.V : Pour le coup, la réalisatrice avait déjà ses idées de timecode. On voit exactement où elle voulait de la musique. Je n'ai pas eu vraiment une force de proposition là-dessus, mais disons que ses propositions étaient très pertinentes dès le départ.
Est-ce que faire votre premier long-métrage, cela change quelque chose, avez-vous l'impression d'avoir franchit un cap ?
B.V : Oui, complètement. J'étais très fier de faire ce film, très honoré. Je pense que le chemin est encore long, il y a plein de choses à faire, mais effectivement, passer de court-métrages documentaires à un long-métrage que l'on doit porter tout seul, c'est quelque chose !
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