Cinezik : A quel moment la musique intervient dans vos films ?
Tony Gatlif : Je commence à écrire l'histoire, puis je commence les scènes, scènes par scènes, et à partir de ce moment-là, quand je suis sûr de mes scènes, Delphine et Valentin, les musiciens, interviennen. Je leur raconte la scène que je vais filmer.
La musique de GERONIMO, véritable film musical, joue avec les sons...
T.G : Il y a un couteau, il y a une barre de fer, une chaîne, un tonneau, un poteau...
Delphine Manthoulet : Avec Valentin Dahmani avec qui j'ai fait la musique, on a composé à partir des éléments que nous a indiqués Tony. On a enregistré ces éléments, puis on a fabriqué la musique autour de telle manière que cela correspond au tempo que voulait Tony.
On a rajouté des instruments derrière les sons métaliques pour qu'ils sonnent de manière plus ronde, pour avoir un son qui soit plus profond, plus frappant. Que ce soit les poteaux, le grillage... on a repris dans la musique tous les sons du film. Puis on a rajouté une batterie, une contre-basse... tout ça mélangé.
T.G : Il y a bien des instruments de musique. Il y a certes le poteau, mais il y a aussi derrière une basse, un violon, il y a quand même des instruments.
Au delà du son, la musique correspond aux personnages, à leurs actions...
D.M : On a été sur le tournage avec la musique pour que tout le monde soit synchro. Tous les acteurs qui avaient une partie musicale (celui qui tape sur le grillage, celui qui tape sur le poteau) avaient une oreillette pour être parfaitement synchro.
La musique est empreinte de plusieurs cultures, ce qui correspond aux personnages de diverses origines...
T.G : Il y a la partie turque, parce que j'aime énormément la musique turque, et j'avais toujours envie de la mettre dans un film. De l'autre côté, il y a la musique espagnole, du flamenco mélangé au hip-hop.
D.M : Les deux types de musique sont avec le même tempo, comme cela on pouvait raccorder.
Au delà de l'aspect film musical, quel rôle joue la musique dans ce film ?
T.G : Je voulais faire un film non-violent, il fallait que la musique remplace cette violence-là. La musique devient finalement vraiment violente. Nous avons fait un drame ou un opéra musical, un opéra rock, c'est un ton propre au film. Le film est comme une grande partition.
En quoi la musique joue aussi sur l'histoire d'amour ?
T.G : C'est l'histoire d'une jeune fille qui s'échappe de son mariage arrangé et qui met une bombe dans le quartier où elle vie parce que ses frères vont se venger. Elle part avec un jeune gitan, dévorée par la passion. Il fallait montrer que rien ne pouvait les séparer, qu'ils se moquaient peut-être même de la mort, comme "Roméo et Juliette". Pour qu'on y croit, il fallait la passion, et la musique l'amène. J'ai demandé aux musiciens une musique de délire, de passion délirante.
D.M : Sur cette musique, on a commencé par les souffles, qu'on a enlevés après parce que c'est dans le film. La création de la musique de la plage a commencé par des souffles pour donner le rythme, avec une mélodie un peu flamenco qu'on a transformée au fur et à mesure vers un aspect plus turc oriental.
Parlez-nous de la chanson finale "Indestructible" de Tomasito ?
D.M : Tony voulait une chanson, et nous a demandé de faire un espèce de hip-hop flamenco. On a proposé une ligne musicale et Tomasito a écrit son texte.
T.G : C'est un flamenco moderne avec un texte moderne. Je lui ai dit "Ce que j'aimerais, c'est que tu dises que tu es invincible". C'est un très beau texte.
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