par Quentin Billard
- Publié le 21-08-2014Avec le rajeunissement de la nouvelle équipe de mercenaires recrutée par Barney Ross, Brian Tyler répond par une musique plus moderne et davantage orientée vers les rythmes électro/rock si chers au compositeur, et ce même si la partie orchestrale reste toujours très présente bien que largement moins valorisée que dans les deux scores précédents. Ainsi, « The Drop » débute le film au son de rythmes rock/électro détonants à grand renfort de batterie/guitare électrique/basse façon « Fast & Furious » et de cuivres reprenant le thème d'action à la Jerry Goldsmith des deux premiers « Expendables ». Dommage par ailleurs que le reste du morceau tombe rapidement dans du sound design sans grande imagination et un peu décevant de la part du compositeur. Dans « Lament », Tyler met en avant une guitare acoustique mélancolique et intime pour évoquer l'échec de Barney Ross face à Stonebanks et les regrets de Barney, qui doit dorénavant envisager de nouvelles solutions pour venger son ami Caesar. On notera ici l'emploi de guitares aux consonances vaguement latino, associées dans le film au personnage d'Antonio Banderas. C'est d'ailleurs le cas dans l'amusant « Galgo's Grand Entrance », dans lequel Brian Tyler s'amuse à pasticher un flamenco typiquement espagnol pour l'entrée en scène de Galgo durant la bataille finale. Un morceau comme « Right on Time » est quand à lui plus révélateur de la nouvelle optique musicale opérée par le compositeur sur « The Expendables 3 », avec un mélange d'orchestre et de rythmes électro/rock fun mais sans grande personnalité particulière. Si le but de Brian Tyler est de créer une musique plus 'jeune', moins 'old school' et davantage dans l'ère du temps, le but est réussi, même si l'on peut regretter le recours fréquent aux clichés habituels des musiques d'action made in Remote Control d'aujourd'hui.
Tyler surprend néanmoins en composant de manière inattendue une brève pièce pour piano et cordes très classique d'esprit dans « The Art of War », associé aux activités de Stonebanks, grand amateur d'art lorsqu'il n'est pas en train de vendre des armes à des mafieux. Niveau thématique, si l'on retrouve donc les principaux motifs et thèmes issus des précédents scores, « Right on Time » introduit un nouveau motif de 4 notes entendu aux guitares à 0:29, repris ensuite par les cuivres. Ce motif est associé dans le film à Stonebanks et suggère clairement la menace représentée par le personnage de Mel Gibson. C'est d'ailleurs sans surprise que le motif du bad guy revient dans « Stonebanks Lives », premier morceau d'action sérieux du score de « The Expendables 3 », 5 minutes27 de déchaînement orchestral pur et dur repris en grande partie de morceaux du premier « Expendables » de 2010, servis par l'interprétation solide du Slovakia National Symphony Orchestra. Tyler propose quelques développements inédits de ces passages d'action bien connus et quelques prolongements intéressants, mais rien de bien nouveau pour pouvoir réellement susciter un intérêt durable par rapport aux précédents scores, et ce même si le plaisir de retrouver ces passages bien connus à l'écran est toujours intact, surtout pour les fans des deux autres films et scores de Tyler. Si la musique s'avère relativement peu intéressante durant toute la longue séquence du recrutement des jeunes mercenaires, on apprécie enfin de retrouver les motifs d'action si familiers dans « Late for War », incluant une superbe envolée épique du thème principal des Expendables à 2:48, et ce même si l'on regrettera le fait que Tyler ait choisi d'utiliser un peu moins fréquemment ce superbe thème dans ce troisième opus. Les choses se corsent ensuite à partir de « Descent Into War » : la musique s'empare alors d'une frénésie martiale et belliqueuse typique des deux précédents scores/films, si bien que l'on a l'impression d'entendre une compilation des deux précédents scores.
Au programme des réjouissances, vous apprécierez sans aucun doute les 5 minutes d'action intenses de « Infiltrating the Block » pour la bataille finale - l'un des meilleurs morceaux d'action de « The Expendables 3 » - ou les 5 minutes musclées de « Look Alive », sans oublier les déchaînements guerriers et survoltés du très orchestral « Valet Parking Done Right » et l'excellent « Armored Freaking Transport », (sauvetage du doc au tout début du film), des défouloirs symphoniques aux consonances 'score d'action des années 90' assez réussies, qui permettent d'oublier les passages électro plus modernes du début bien moins intéressants. Malheureusement, « The Expendables 3 » n'apporte rien de bien nouveau et déçoit par son manque de prise de risque ou d'innovation. Brian Tyler reprend un par un tous les éléments de ses précédents scores et propose quelques développements intéressants mais pas suffisamment aboutis pour laisser une impression durable, y compris dans le film, où l'on a parfois l'impression que le film entier a été scoré avec divers segments de « Expendables » et « Expendables 2 », hormis les nouveaux passages rock/électro plutôt sympas mais pas indispensables. Idem au niveau thématique, puisque Tyler ne propose rien de nouveau, hormis un motif pour Stonebanks finalement peu développé et quasiment absent du film par la suite. Brian Tyler assoit donc définitivement l'univers musical de la franchise « Expendables » mais ne parvient pas à renouveler son discours musical, recyclant toutes les formules et idées mélodiques des précédents scores sans aucune originalité particulière. Du coup, les fans des précédents « Expendables » apprécieront à coup sûr la musique de « Expendables 3 », tout comme ceux qui sont allergiques à ce type de musique d'action synthé/orchestral old school auront du mal à traverser l'écoute de ce troisième opus sans bailler ou s'ennuyer. Voilà donc un score d'action solide mais peu original, à réserver aux inconditionnels de la saga des vétérans du film d'action hollywoodien !
par Quentin Billard
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)