Retour sur la 1ère édition du festival, avec vidéos, photos...
Retour sur la 2e édition du festival, avec vidéos, photos...
Prochainement sur Cinezik : retranscription de ces rencontres.
En tant que pianiste, il a interprété plusieurs de ses compositions pour Michel Gondry, qui lui a rendu hommage à travers un message personnel diffusé pendant sa master class.
Le compositeur espagnol était présent cette année pour discuter de sa jeune – mais déjà riche – carrière de musicien pour le cinéma. Lui qui prenait des cours à Paris il y a encore quelques années, débarquant à la gare d'Austerlitz du train en provenance de Madrid avec son violoncelle sur le dos, est aujourd'hui de retour en France sur la scène de la Gaîté Lyrique, accompagné de sa famille, d'une bonne humeur et d'une passion réellement communicative, pour discuter pendant une heure et demie de son travail pour le cinéma espagnol et américain.
On observant les films qu'il a mis en musique, il ressort principalement qu'il a travaillé avec des réalisateurs de sa génération, nés dans les années 70 et « biberonnés », comme lui, au cinéma américain des années 80 et 90. Il se dit particulièrement influencé par le travail de John Williams mais aussi, et surtout, par celui d'Ennio Morricone. C'est d'ailleurs une scène du film “Mission” de Roland Joffé (1986) qui ouvre la conférence.
L'influence de la génération Spielberg se fait aussi ressentir sur certains des films qu'il a mis en musique comme la comédie “Zip et Zap” mise en scène par Oskar Santos en 2013, d'après la BD de l'auteur espagnol José Escobar. On retrouve, à la fois dans l'image et dans la musique, l'esprit des Goonies ou de E.T.
A propos de ces influences, le compositeur dit : “il y a un problème en musique de film, c'est qu'on copie des copies de copies de copies... mais je ne suis pas un si bon copieur, j'ai l'impression qu'il y a toujours ma voix quelque part qui ressurgit”. A force de travail, un style naît progressivement, sans que le musicien n'en soit conscient. “Je me sens parfois comme l'apprenti sorcier dans Fantasia, j'ai un pouvoir dont je ne connais pas forcément tout.”
Mais depuis une dizaine d'année, le cinéma espagnol s'est particulièrement illustré dans les genres tels que l'horreur ou le fantastique, sous l'influence du mexicain Guillermo Del Toro, qui a produit en 2007 “L’Orphelinat” de J.A. Bayona, plus gros succès sur la péninsule ibérique à l'époque, et couvert de recompenses (dont le Goya du meilleur film). C'est le premier succès de Fernando Velazquez en tant que compositeur, et le début de sa carrière au niveau international.
Même s'il continue à travailler principalement avec des cinéastes espagnols, il s'agit de films à portée internationale, comme « Devil » (2010) écrit par M. Night Shyamalan et réalisé par John Erick Dowdle, « Mama » de Andy Muschietti (2013) ou plus récemment, « Hercules » de Brett Ratner (2014). Mais son film le plus ambitieux est sans doute « The Impossible » (2012) avec Naomi Watts et Ewan McGregor, réalisé par J.A. Bayona. Un extrait du film est projeté et commenté. Après avoir signé plusieurs films horrifiques, c'est une occasion pour Velazquez d'aborder la tragédie avec pudeur et subtilité, à travers des nappes de cordes et une orchestration ample.
Il explique qu'il ne travaille jamais en amont du film, mais toujours avec les images : “Je suis nul avec les scénarios. Mon cerveau commence à fonctionner dès que je vois des images. Un collègue m'expliquait que le cerveau fonctionne comme ça, avec le mouvement. Beethoven trouvait ses idées en marchant…”. Depuis quelques années, le succès amène les projets de plus en plus régulièrement et oblige naturellement le compositeur à travailler beaucoup, et de plus en plus vite. “Ce n'est pas un problème” dit-il. “Pour une bande annonce de Mama, j'ai dû composer en une nuit six minutes de musique pour le matin même. Composer c'est comme aller aux toilettes. On n'y réfléchit pas, on compose, point. Ca ne marche pas toujours. Mais quand on trouve une bonne voie et que les gens adorent, c'est magique.”
Les qualités d'un bon compositeur ? “Être un conteur. Avant tout. Et ensuite, adorer le travail en équipe. On ne peut pas faire ça tout seul.”
Après avoir travaillé sur plusieurs films produits par Guillermo Del Toro (“L’Orphelinat”, “Les Yeux de Julia”, “Mama”), il va mettre en musique la prochaine réalisation du cinéaste mexicain en 2015, “Crimson Peak”.
Extraits diffusés :
Mission (Ennio Morricone)
Zipi e Zape y el club de la canica (2013)
Devil (2010)
Lo Impossible (2012)
Mama (2013)
Fernando Velázquez au piano pour un mini-concert en fin de rencontre :
Accaparé par son travail sur le prochain film d'animation des studios Pixar, « Inside Out » réalisé par Pete Doctor, le compositeur américain ne pouvait pas être présent à Paris pour cette édition du festival Audi, mais a pu se libérer un créneau au début de sa journée de travail à Los Angeles pour une vidéoconférence retransmise en direct à la Gaîté Lyrique. Il apparaît à l'écran affublé d'un masque (et ce sera d'ailleurs le « running gag » de la Master-Class, puisqu'il fera le coup plusieurs fois, avec un casque de stormstroopers de Star Wars ou de E.T.!).
On apprend que Michael Giacchino n'est pas vraiment venu à la musique de film par formation musicale, mais par sa passion pour le cinéma. “Enfant, j'écoutais du classique, du jazz... mais aussi la BO de Star Wars. La musique de film m'obsédait assez. Mais je n'ai pas pensé en faire mon métier. Ce qui m'intéressait, c'était de faire du cinéma. J'ai fait des films en Super 8 dès l'âge de 9 ans, ma table de ping pong dans le garage servait de plateau de tournage. Mon premier choix a été une école de cinéma et non de musique. C'est seulement après avoir obtenu mon diplôme que je me suis penché sur la musique. En 1997, je travaillais chez DreamWorks et j'ai eu la chance de me faire remarquer par un jeune réalisateur du nom de Steven Spielberg ! Spielberg a aimé ma musique et m'a proposé d'écrire la BO des jeux vidéos qu'il produisait à l'époque : Le Monde Perdu et Medal of Honor. C'est vraiment Steven qui m'a ouvert la porte.”
“Je composais pour les jeux vidéos comme si c'était des films. C'était la meilleure des écoles. J'ai bien sûr été catalogué comme compositeur de jeux vidéos mais c'est comme ça que je me suis fait remarqué par JJ Abrams, qui jouait à ces jeux. Il m'a appelé un jour et m'a proposé de travailler avec lui pour la télé. C'est comme ça que je me suis retrouvé à composer pour la série Alias. Ensuite Brad Bird, qui regardait Alias, a remarqué ma musique et m'a appelé pour me proposer de travailler avec lui sur “Les Indestructibles”… et ainsi de suite. Je n'ai jamais envoyé de démo pour me faire remarquer, ça s'est fait simplement parce que je faisait des musiques qui étaient diffusées et remarquées.”
Un extrait du film “Les Indestrucibles” (2004) est diffusé à l'écran. Michael Giacchino parle de Brad Bird et ses influences musicales pour ce film : “Ce qui est génial avec Brad Bird, c'est qu'il parle en terme de narration. Il ne parle pas de musique, mais de l'impact que doit avoir la musique dans l'histoire. Il voulait travailler avec moi. On est des fans d'animation tous les deux. Quand on s'est rencontrés, on a parlé de nos sériés animées préférées, etc... mais pas vraiment du film. C'était une chouette soirée mais honnêtement, je ne pensais pas qu'il me prendrait. Puis il m'a rappelé pour me dire OK mais il a précisé : ce sera dur. La musique peut foutre en l'air le film, si le public ne comprend pas ce qu'on veut faire.” Il y avait principalement deux influences musicales pour “Les Indestrucibles” : John Barry (“James Bond”) et Henry Mancini (“Peter Gunn”). “Cette musique était une occasion de remercier Barry et Mancini. J'adorais Peter Gunn et Brad aussi. On se demandait tout le temps pourquoi plus personne ne faisait ce genre de musique aujourd'hui.”
Michael Giacchino avoue sa passion pour l'orchestre : “Jouer avec 100 musiciens donne de l'ampleur, ça se répond et se côtoie dans la pièce, c'est unique. C'est ce que j'aimais enfant quand j'écoutait de la musique orchestrale... C'est vraiment la partie la plus fun du travail.”
JJ Abrams est scénariste, réalisateur mais aussi musicien. Même si Giacchino a composé la musique de “Lost”, la musique du (bref) générique de la série est l'oeuvre de JJ. Abrams lui-même. “Il connait la musique. Là aussi quand on s'est rencontrés, on a beaucoup parlé de nos disques préférés... on a tout de suite accroché. Quant il raconte une histoire, JJ part avant tout des personnages et cette approche me plait particulièrement.”
En 2006, JJ Abrams est engagé pour réaliser “Mission : Impossible III” avec Tom Cruise et fait des pieds et des mains face au studio pour imposer Michael Giacchino comme compositeur. Ce dernier n'était déjà plus un inconnu mais la bataille a été rude. Finalement, Abrams a eu gain de cause mais Giacchino s'est vite retrouvé désemparé devant l'ampleur du travail. Composer une musique d'après le célèbre thème de Lalo Schifrin, qu'il admirait, le tétanisait. Finalement, il s'est décidé à contacter le compositeur qui a accepté de le rencontrer. Puis, il s'est décidé à lui demander un conseil pour “M:I 3”. Dans sa grande sagesse, le compositeur argentin a répondu “Eclate toi !”. “Quoi, c'est tout ? Wow, quel type génial !”.
A ce moment, la conférence est interrompue par un message audio dudit Lalo Schifrin, qui dit tout le bien qu'il pense du travail de Michael Giacchino, qui l'écoute attentivement non sans émotion.
“Dans « Mission:Impossible 3”, j'ai utilisé des rythmes et des chiffrages insolites pour évoquer l'incertitude. C'était une approche un peu expérimentale, qui était clairement inspirée par Schifrin.”
La Master-Class se clôt sur une petite surprise : Jean-Michel Bernard monte sur scène et rend un hommage à Michael Giacchino (toujours en direct à l'écran) avec une variation du thème des “Indestructibles” :
Isabelle Giordano était la maîtresse de cérémonie du ciné-concert et de nombreuses personnalités étaient présentes, des compositeurs venus assister aux performances de leurs confrères (Francis Lai, Bruno Coulais, Ludovic Bource) mais aussi Clémentine Célarié, Jacques Weber, Olivier Dahan, Guillaume Canet, Tomer Sisley, Clovis Cornillac, Bérénice Bejo, Michel Hazanavicius, Axel Bauer...
Les 90 musiciens du Paris Symphonic Orchestra, dirigés par Diego Navarro, ont interprété les thèmes des compositeurs de film de cette 3ème édition.
L’hommage à Jean-Michel Bernard s’est ouvert sur “Duo d’Escrocs” (sortie en 2014) avant de traiter la série de BO pour Michel Gondry : “La Science des rêves”, “Human Nature” (avec Kimiko Ono apparue pour interpréter “Here With You” tiré du film) et “Be Kind Rewind” (avec Bert Van Looy, leader du groupe belge Das Pop qui a interprété “Mr. Fletcher’s Song”) :
Puis Fernando Velázquez a pris la direction de l’orchestre symphonique pour faire entendre “The Impossible”, “Hercules”, “Lope” et “Medal of Honor”.
L’hommage à Michael Giacchino a proposé quant à lui un medley de ses BO de ses 10 dernières années, avec Diego Navarro au pupitre, et accompagné par un montage d’extraits sur grand écran en synchronisation : “Medal of honor”, “The Incredibles”, “Super 8”, “Cloverfield”, “Lost”, “Ratatouille”, “Star Trek into Darkness”, “Dawn of the Planet of the Alpes”, “Up”, “Speed Racer” et “Mission Impossible 4”.
Cloverfield :
Après une standing ovation à la fin du thème de “Mission Impossible” revisité par Michael Giacchino, les centaines de fans venus soutenir ARCHIVE se sont précipités au devant de la scène.
Audi Talent Awards
En parallèle, dans le cadre de leur accompagnement, un coup de projecteur est donné aux lauréats "court métrage" et "musique à l’image" du programme Audi Talents Awards. [Le programme de mécénat culturel Audi talents awards soutient depuis 8 ans les talents émergents]
Le jury 2014 : Olivier Dahan, Vahina Giocante, Stéphane Letavernier, Elise Luguern.
Lauréats 2014 : Romain Quirot en Court Métrage et Thomas Karagiannis en Musique à l’Image.
Plus d'informations sur www.audi.fr/FMI3
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)