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horner, - Hommage à James Horner : Réponse aux critiques formulées sur l'Artiste Hommage à James Horner : Réponse aux critiques formulées sur l'Artiste

horner, - Hommage à James Horner : Réponse aux critiques formulées sur l'Artiste

François Faucon - Publié le 28-06-2015




Au moment où Cinezik rend hommage à James Horner (articles passés et à venir), nous revenons sur les critiques virulentes dont James Horner a pu faire les frais.

 


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JAMES HORNER ou Icare musicien au pays des tweets...

« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », affirmait De La Fontaine dans "Les Animaux malades de la peste". Une affirmation applicable au petit monde des musiques de film, à l'occasion d'une disparition qui n'aura malheureusement échappé à personne, celle de James Horner.

Tout homme qui brave les lois de la gravité le fait en abandonnant dans un recoin caché de son esprit ce mythe antique dans lequel Icare brûlait ses ailes sous l'implacable soleil de Crète. En ce 22 juin 2015, James Horner, passionné d'aviation, a brûlé les siennes. Certainement plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité et de façon violente. C'était un triste jour. Un jour de deuil. La disparition d'un grand artiste. C'est un fait ; c'est ainsi.

L'autre fait, tout aussi incontournable, est le déferlement de messages sur Twitter et sur les forums qui apparaissent alors même que les cendres de l'appareil n'ont pas même refroidi... Faut-il redire qu'un tweet n'est rien d'autre qu'un gazouillis de quelques mots ? Qu'un forum en 2015 n'a, et depuis longtemps, plus rien à voir avec l'antique lieu de débat républicain propre au monde romain ? Mais c'est à croire que les messages laconiques et larmoyants dont Internet nous abreuve à l'occasion de ce drame, peuvent faire oublier les critiques adressées à Horner pendant des années. Aux jours de décès, la famille et le milieu des artistes dont il fit partie pleine et entière pleure et ces larmes sont légitimes. Aux jours de deuil, tout est oublié ; surtout l'injuste. Or, c'est un peu de cela dont il s'agit.

La carrière de James Horner est prolifique. Près de 150 films dont le dernier en date est "Le Dernier Loup" de J.-J. Annaud, en attendant la sortie posthume de "Southpaw" et "The 33". Le tout en passant par les incontournables "Cocoon", "Aliens", "Star Trek II, la colère de Khan" et "Braveheart" ; les superproductions comme "Titanic" (un Oscar), "Avatar" (aucun Oscar mais faut-il s'en étonner ?) ou "Zorro" ; les score prometteurs de jeunesse comme l'épique "Krull" ; les inattendus comme "Brainstorm" ou "Le Nom De La Rose" avec son inoubliable gimmick à clochette de monastère ; les enfantins comme "Le Petit Dinosaure" ; les classiques un peu oubliés comme "L'Homme Bicentenaire" et "Spitfire Grill" ; les lyriques et romantiques avec "Legends Of The Falls" ; et tant d'autres...

Il fait partie de l'establishment hollywoodien, sans contestation possible. Et de l'avis de tous, il est d'une humilité et d'une simplicité à la limite de la timidité. Et c'est peut-être en raison de cette modestie qu'il est, malgré tout, un peu différent, un peu en marge des autres. Une carrière de premier plan mais dans la discrétion. Des succès planétaires mais sans interminable et tonitruant cri de victoire. Des succès fantastiques et des critiques. Beaucoup de critiques : Inégalités, auto-citations, pauvreté d'écriture, plagiat du classique, etc. Tout un chacun a bien sûr le droit d'être emballé ou déçu par l'œuvre d'un compositeur. Porté vers la musique épique on l'aurait aimé moins irrégulier d'une piste à l'autre sur "Willow", moins pauvre harmoniquement dans "Zorro", plus intéressant dans "The Amazing Spiderman" malgré le recours aux sonorités informatiques qu'il connaît si bien et utilise depuis les années 80. Mais, en même temps, il compose pour les films qu'on lui confie...

L'accusation de plagier le classique laisse rêveur et frise la mauvaise foi. La question est abordée notamment par Laurence E. MacDonald, "The Invisible Art Of Film Music" (Scarecrow Press, 2013, page 327). Sauf que l'auteur du livre ne formule pas vraiment une critique, il effectue un constat quant à la musique composée pour "Red Heat" dans laquelle Horner « effectively emulates the choral style of Prokofiev's film music ». Constat que l'on pourrait généraliser à bien d'autres compositeurs... Que dire en effet du procès intenté à Jean-Claude Petit pour avoir plagié dans "Cyrano de Bergerac", le thème du "Batman" de Tim Burton composé par Danny Elfman ? Mais sait-on que dans "Batman", on entend des procédés de composition inventés par Bruckner et des thèmes qui sont ni plus ni moins que ceux composés par Strauss pour "Ainsi Parlait Zarathoustra" ? Le fait que l'emprunt à Strauss ait été expressément demandé à Elfman est un argument spécieux : personne n'en sait rien et tout le monde croit à une composition originale du compositeur attitré de Tim Burton... Par ailleurs, s'il faut éliminer tous les compositeurs qui utilisent l'orchestration et la science musicale de Prokofiev (pour en citer que lui), on peut être assuré que beaucoup de compositeurs seront mis au chômage. Pas sûr que James Horner fasse partie de la première brouette... Idem pour "Willow" où l'on reproche au compositeur d'avoir plagié la "3ème symphonie" de Schuman pour le "Main Title" avec des orchestrations voisines de celles de Korngold. Je suis d'avis qu'il faudrait demander des comptes au grand Bernard Herrmann pour avoir recopié, quasiment note pour note, l'ouverture de la "4ème symphonie" de Bruckner dans "Journey In The Centre Of The Earth". A l'identique, ceux qui ont applaudi à la musique du "Hercule" musicalisé par Fernando Velazquez devraient aussi réécouter Bruckner... Les tonalités et les successions rythmiques sont modulées mais ça reste du Bruckner. Alors, oui, à condition d'être sourd et ignorant, on peut accuser Horner de recourir aux structures issues du classique. D'autres critiques sur "Troie" ou "Stalingrad" sont aussi contestables ; le site consacré à James Horner l'a bien compris et met en avant l'extrême maturation de certains thèmes.

A accuser Horner de facilité, de manque d'inspiration, d'autocitation, pourquoi ne pas accuser le tout-Hollywood des mêmes travers ? A ce compte-là, pourquoi ne pas plus souvent lire de critiques sur la facilité exaspérante d'un Morricone qui, comme tout le monde, se recopie copieusement (la charge de cavalerie en 1983 dans Hundra à 5'40 et, deux ans plus tard, quasiment la même dans Red Sonja) ? Pourquoi ne pas plus souvent se demander si John Williams, ce monument du classicisme récemment célébré au Walt Disney Hall en septembre 2014 sous la baguette de Gustavo Dudamel, a réellement innové en terme d'écriture musicale ? Pourquoi ne pas contester ouvertement les productions de l'écurie Remote Control ? Pourquoi ne pas signer une pétition pour demander à Klaus Badelt d'arrêter toute composition pour le cinéma sous prétexte que des avis autorisés formulés par des particuliers sur Deezer le demande ?

Mais alors, comment expliquer de telles accusations ? Au-delà de la personnalité propre de James Horner et dont l'influence sur sa composition mériterait une enquête minutieuse ; au-delà des films qu'on lui a demandé de musicaliser ("Willow" est un succès, certes, mais la reine Bavmorda transformant l'armée en cochon possède tout de même des relents de Circé sur fond d'héroic-fantasy comique...), on peut avancer une autre explication. James Horner est entre deux âges. Trop jeune pour être placé aux côtés de John Williams, il constitue une sorte d'avant-garde de celui-ci. Déjà trop âgé pour être placé aux côtés de Giacchino ou de Desplat, il constitue l'arrière-garde de ceux-ci. En somme, un compositeur plus difficile à placer sur l'échiquier des musiques de films qu'il n'y paraît. Une casquette pas aussi nette et franche que souhaitée. Gageons que cela en dérange plus d'un...

Malgré une carrière exceptionnelle, James Horner avait pris quelques distances avec le monde du cinéma. L'insatisfaction sur "The Amazing Spiderman" et son éviction de "Roméo et Juliette" expliquent partiellement un tel choix. Suite à ces projets ratés, le compositeur s'est davantage tourné vers ses autres compositions orchestrales, plus contemporaines. Il n'en gardait pas moins un œil critique et dénué de toute agressivité sur les actuelles compositions pour le cinéma. Ainsi, le 23 juin, Alex Jaffray rediffuse sur Télé Matin, l'interview faite un mois auparavant avec le compositeur pour le ciné-concert consacré à "Titanic". Celui-ci explique « qu'il y a beaucoup de compositeurs actuels qui n'écrivent pas de manière mélodique. Ils font de la musique étourdissante avec de gros accords plaqués. Et quand tu regardes la scène, tu te dis « Waouh ! Incroyable ! ». Mais quand tu as vu dix films comme ça, avec la même technique, il n'y a pas beaucoup d'émotions, pas beaucoup de finesse qui est véhiculée. Je ne pense pas être démodé en disant ça. C'est juste que tous ces films sont stéréotypés. Ils pensent que tous leurs films doivent ressembler à "Avengers". Mais ce ne sont pas des aventuriers de la musique. » On ne demandera pas à quels compositeurs il pensait en affirmant cela... Mais, à une époque où la musique hollywoodienne devient assourdissante et omniprésente, où les mélodies porteuses de plus-value émotionnelle ou significative font défaut, où les réalisateurs ne font plus appel à des compositeurs mais à des compositions préexistantes pour garder la main sur leur œuvre, comment lui donner tort ? On le réécoute avec d'autant plus de plaisir.

Si le monde musical de James Horner a pu décevoir ou parler moins bien à certaines oreilles qu'à d'autres (dont les miennes...), son talent est incontestable. Certains grands artistes sont parfois de ceux qui n'ont pas cherché à s'imposer ou que l'on n'a pas pu cerner aussi aisément que d'autres. Et ceux qui usent et abusent des tweets et des forums devraient peut-être se livrer à une sévère introspection quant aux raisons profondes de leurs critiques. Il faut plus que quelques lignes de critiques - ou même le temps de cet article - pour évaluer de la pertinence d'une œuvre. Alors, puisque les ailes d'Icare ont fondu, faisons fondre celles des contempteurs. Réécoutons et réjouissons-nous de ce que le défunt continue - et continuera encore - de ravir nos oreilles. Car, n'en doutons pas, Icare est gravé dans la mémoire collective.

Sur tous les films musicalisés par James Horner, il est forcément impossible d'effectuer un choix honnête et représentatif. Ce sera un choix tout personnel, donc subjectif...

Le Nom De la Rose

Krull

The Spitfire Grill

En Pleine Tempête

L'Homme Bicentenaire

Jusqu'au bout du rêve

Un homme d'exception

Fievel Et Le Nouvel Monde

Glory

Brainstorm

Braveheart

Et pour finir, avec tout le pathos adolescent dont je sais faire preuve :
« Listen to the Wind » chanté par Hayley Westenra pour « The New World » en 2006. 

 

François Faucon

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