revoltes,boubal, - Interview LES RÉVOLTÉS : Simon Leclère / Rémi Boubal / Solène Rigot Interview LES RÉVOLTÉS : Simon Leclère / Rémi Boubal / Solène Rigot

revoltes,boubal, - Interview LES RÉVOLTÉS : Simon Leclère / Rémi Boubal / Solène Rigot

- Publié le 14-07-2015




Le jeune compositeur Rémi Boubal signe la musique du premier long-métrage de Simon Leclerc, LES RÉVOLTÉS (en salle le 15 juillet 2015). On y entend également deux titres du groupe Mr.Crock dont l'actrice du film Solène Rigot est membre (accordéon, chœur et clavier). Rencontre avec le réalisateur et compositeur qui nous parlent du son des machines, et avec la comédienne qui nous fait l’éloge de l’accordéon.

Interview Simon Leclere (réalisateur) et Rémi Boubal (compositeur)

Quelle a été l'intention musicale sur ce premier film ?

Simon Leclerc : J'étais à la base assez réfractaire d'avoir de la musique dans le film. C'est quelque chose que j'ai très peu utilisé dans mes court-métrages. Quand on s'est rencontré avec Remi au Festival d'Aubagne, dans le cadre du dispositif "3e personnage", on m'a demandé d'écrire une intention musicale. J'ai alors écrit que la musique me faisait très peur. Ainsi, la première idée pour mon film n'était pas de faire des thèmes, mais de travailler la musique à partir des sons directs. Cela est une manière d'écarter l'idée d'une musique trop illustrative. On a essayé de considérer d'abord la musique comme un élément sonore. Et petit à petit, c'est devenu plus musical. Je n'ai jamais considéré la musique comme une nécessité. Mais ce que Rémi a produit pour mon film m'ait apparu comme une valeur ajoutée intéressante. Aujourd'hui, la musique et les images sont intimement liés, on ne peut plus les considérer indépendamment l'un de l'autre. La musique fait maintenant partie de la matière du film.

Rémi Boubal : La base harmonique provient des sons directs du tournage. Les machines-outils de l'usine produisent des fréquences à partir desquelles j'ai trouvé un accord qui a été décliné tout le long du film. C'était une volonté de Simon. La musique prend souvent naissance dans les sons de l'usine.

A quel moment êtes-vous intervenu ?

R.B : Je suis arrivé sur le projet au stade du scénario, avant que le film ne soit tourné.

S.L : Bien que je ne pense pas à la musique lors de l'écriture, ce n'est pas naturel pour moi. Je ne savais pas ce que je voulais, mais je savais ce que je ne voulais pas. Le travail s'est fait par élimination. On avait l'idée d'un contrepoint, que la musique ne vienne pas en illustration mais qu'elle apporte quelque chose d'autre, qu'elle ajoute une couche différente, quelque chose qui ne soit pas narratif. À certains moments, la musique apparaît juste sous forme de nappe, pour générer de la tension ou déréaliser une image en décalage.

Dans cette partition inspirée des machines, quelle est la part d'électronique ?

R.B : Les cordes et la guitare sont vraies. On avait le désir d'avoir un son organique. Même dans les machines, j'ai programmé des synthés analogiques des années 70 qui ont une matière intéressante. Ce n'est pas froid. Dans cette partition, la matière sonore était aussi importante que l'écriture de la musique.

S.L : Je savais que je faisais un film social tourné dans une usine, j'avais envie à la musique d'aller vers un espace plus large, de travailler le romanesque, de donner un peu d'ampleur fictionnelle. L'idée était d'être "grand public" sur une thématique qui n'est pas forcément incitative.

 

Interview Solène Rigot - actrice dans le film et membre du groupe Mr. Crock

="http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=6,0,40,0">

Ce n'est pas si fréquent qu'une actrice soit présente dans un film non seulement dans le casting mais aussi dans la bande son... A quel moment vos activités de comédienne et de musicienne sont apparues ?

Solène Rigot : Les deux en même temps. J'ai fait du cirque à l'école de Rosny. J'ai rencontré mon agent dans le cadre d'une représentation lors de rencontres régionales. C'est la même année qu'un ami qui vient aussi de Rosny me propose de faire partie d'un groupe qu'il était en train de monter. Il me demande alors d'y jouer de mon instrument, l'accordéon. J'ai fait mes premiers concerts en 2011, entre mon premier long-métrage ("La Permission de minuit" de Delphine Gleize) et la série "Xanadu".

Qui sont les membres de ce groupe ?

S.R : Le groupe s'appelle Mr. Crock. Je joue de l'accordéon, du synthé et des chœurs. Il y a deux chanteurs : Walter Laguerre et Christelle Canot, tous deux également guitaristes et bassistes. Il y a aussi Ben (Benjamin Zana) le pianiste, et Marc Sanchez le batteur. Tout le monde compose.

Que représente pour vous l'exercice de la composition musicale ?

S.R : C'est comme si j'écrivais des scénarios. Ce processus de création est important pour moi, c'est enrichissant. Au cinéma, je dois rentrer dans le projet de quelqu'un, alors qu'en musique je suis un peu réalisatrice.

Comment les deux titres de Mr. Crock se sont retrouvés dans la BO du film ?

S.R
: Le réalisateur Simon Leclerc ne savait pas que j'avais un groupe avant de me choisir pour son film. On n'en a parlé sur le tournage. Il avait besoin de musiques pour accompagner le groupe de jeunes. Ces deux musiques sont entendues lorsqu'elle part en voiture avec Antoine, puis lors de la séquence où j'apprends les insultes en polonais lors de la fête. Ce sont des morceaux entendus par les personnages. J'aime que cela fasse partie de l'histoire. C'est un élément qui fait partie de la vie des gens. Dans l'un des morceaux je joue de l'accordéon, et dans l'autre du synthé.

Vous est-il arrivé pour un film de devoir écouter des musiques à la demande du réalisateur ?

S.R : Pour le film "Les Fleuves m'ont laissée descendre où je voulais" (2015), la réalisatrice Laurie Lassalle avait fait une grande playlist pour chacun des comédiens. J'aime bien quand un réalisateur me fait écouter de la musique, il a souvent bon goût !

Vous est-il arrivé de mettre votre accordéon au service d'un film ?

S.R : Dans "Les Filles" de Alice Douard (2015), je joue de l'accordéon et j'ai composé le morceau pour le film. C'est bien quand mes deux activités peuvent s'allier.

Quels artistes employant l'accordéon appréciez-vous ?

S.R : J'adore Fixi qui jouait dans Java. Je l'ai découvert avec Winston McAnuff. Ils font du "reggae-musette" comme ils appellent ça. J'aime aussi André Minvielle. Je n'écoute pas non plus énormément d'accordéon. J'essaie de mon côté de l'utiliser davantage comme un synthé. L'accordéon est une bataille de tous les jours car beaucoup de gens sont allergiques à cet instrument. C'est un vieil instrument qui a mal vieilli, on a les souvenirs d'une vieille France guinguette. Mais il y a aussi l'accordéon des musiques d'Amérique du Sud qui sont extraordinaires. Concernant l'accordéon au cinéma, je pense biensûr à Yann Tiersen dans "Amélie Poulain" et à Goran Bregovic dans "Arizona Dream" de Kusturica.

Quelles sont les musiques que vous avez aimées au sein des films dans lesquels vous avez joué ?

S.R : J'ai beaucoup aimé la musique de Soldout dans "Puppylove" (de Delphine Lehericey, 2013). Elle est très moderne. J'ai aussi beaucoup aimé la musique de Rover pour "Tonnerre" (de Guillaume Brac, 2013). La musique nous a accompagné pendant le tournage. L'acteur Vincent Macaigne jouait de la guitare sur le tournage car son personnage est musicien et compose pendant le film. La musique est à son apothéose à la fin. D'ailleurs, j'adore les musiques de fin, c'est à ce moment-là que les émotions du tournage reviennent en mémoire. J'ai aussi eu cette sensation avec la musique d'Izia (Higelin) sur "17 filles" (de Delphine et Muriel Coulin, 2011).

Propos recueillis par Benoit Basirico
A Aubagne en mars 2015 pour Simon Leclère et Rémi Boubal
A Paris en juillet 2015 pour Solène Rigot.

 


En savoir plus :

Vos avis