Cinezik : En faisant appel à vous pour LOLO, Julie Delpy collabore pour la première fois avec un compositeur puisqu'elle avait signé elle-même les musiques de ses précédents films. Pour cette première collaboration, comment Julie Delpy a-t-elle exprimé ce qu'elle désirait musicalement ?
Mathieu Lamboley : Elle avait un a-priori sur l'image du compositeur. C'était compliqué pour elle de travailler avec des compositeurs, mais notre rencontre s'est très bien passée ! Elle avait des idées très claires de ce qu'elle voulait. Elle voulait pour sa comédie une musique enjouée et fraîche. Cela s'est fait assez naturellement. Je lui ai fait des propositions, des idées de thèmes, sous forme de maquettes. On n'avait pas beaucoup de temps pour écrire et enregistrer cette musique. Elle savait où elle voulait mettre de la musique, tout était déjà calé car je suis intervenu quand le film était très bien avancé dans le montage, pratiquement fini. La monteuse Virginie Bruant a aussi participé aux séances de travail, ce qui est assez rare mais très intéressant. Chacun a pu donner son opinion. C'était assez précis sur les calages.
Étant elle-même musicienne, avait-elle des indications musicales à votre encontre ?
M.L : Elle n'avait pas d'indications dans le sens stricte du terme. Elle n'exprimait pas un choix de notes par exemple. Mais elle avait quand même une idée pour les instruments. Elle proposait une guitare ou un banjo...
Une partie de la partition est proche du jazz...
M.L : Il y a deux univers dans la partition : le premier est le thème du personnage de Violette, avec un côté très comédie avec les cordes, et il y a le thème de Lolo, plus jazz pour ce personnage très décalé et fou. Il fallait pouvoir changer de thème musical en fonction du personnage qui apparaissait à l'écran.
Ce n'est pas la première fois que vous composez de la musique de comédie : LIBRE ET ASSOUPI de Benjamin Guedj et TOUTE PREMIÈRE FOIS de Noémie Saglio. Est-ce un travail spécifique ?
M.L : Effectivement, la comédie demande un travail spécifique, dans la mesure où il y a beaucoup de dialogues, et le montage est assez rythmé. La musique doit donc se faire assez discrète. On me demande souvent de faire des musiques légères. Il faut aussi parvenir à sortir de cela, sinon ça devient limité. L'idée est tout de même dans cette esthétique de trouver des particularités, de se renouveler.
Vous avez pour LOLO composé plein de titres assez courts...
M.L : Ce sont comme des Jingles (rires). En l'occurrence, sur LOLO il y a peu de place pour la musique en terme de longueur, ce sont des petites séquences. Mais c'est souvent le cas au cinéma, on a rarement six minutes pour développer une musique. Les formes sont réduites. Un thème peut durer 20 secondes. On apprend à être efficace sur une forme courte.
Parfois dans LOLO la musique est adaptée aux mouvements du personnage Dany Boon... on est proche du burlesque...
M.L : Tout à fait. Il y a une scène assez drôle où il se prépare pour un rendez-vous important. Je me suis clairement inspiré de l'acteur. Il y a quelque chose de l'ordre du clown qui m'a vraiment inspiré pour la composition du thème.
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