Cinezik : Comment êtes-vous arrivé au cinema ?
Alexis Rault : Je suis arrivé au cinéma par la musique. C'est la musique qui m'a fait m'intéresser au cinéma. J'ai toujours un peu rêvé de faire ça. Et en même temps, quand on grandit à Rennes, qu'on n'est pas du tout dans le milieu, c'est compliqué de se l'avouer. J'ai fait des études de commerce et j'y ai fait des rencontres importantes : Maxime Delauney qui est devenu mon agent et qui est aujourd'hui producteur, et Dominique Besnehard qui m'a permis de faire ma première musique de film, pour la télévision, un film sur la vie de Charlotte Valandrey pour France 3, L'AMOUR DANS LE SANG (2008). À cette époque, je faisais surtout des chansons. Il y avait l'histoire d'un chanteur dans ce film, donc on m'a demandé des chansons... Je me suis finalement bien entendu avec le réalisateur (Vincent Monnet) et j'ai fait toute la musique du film. C'était ma première vraie expérience. Ensuite, cela m'a conforté dans l'idée de vouloir faire ça, et de me dire que c'était possible. Aujourd'hui, je me sens surtout compositeur de musique de film. D'autant que c'était mon objectif dés le départ. Ensuite, j'ai fait des courts-métrages, d'autres téléfilms, des documentaires, des bouts de long-métrages, puis assez rapidement un premier long-métrage au cinéma, LE FILS A JO (2011).
Comment avez-vous rencontré André Téchiné pour QUAND ON A 17 ANS ?
A.R : Je suis intervenu une fois que le film était monté. On avait un ami commun, le cinéaste Thierry Klifa qui savait que j'aimais beaucoup le cinéma de Téchiné, alors il nous a mis en relation. Il m'a montré quelques bouts de séquence. On a beaucoup parlé du film, puis on a vu le film entièrement ensemble. Tout était très précis chez lui. Le rôle des intervenants dont la musique est très précis. À l'intérieur de ce cadre-là, on est très libre de proposer des choses, il fait rapidement confiance, ça s'est passé assez idéalement !
Avait-il des références à vous soumettre ?
A.R : Il aime beaucoup Georges Delerue. Il aime beaucoup le cinéma de Truffaut en général, et Delerue en particulier pour la musique. Il aime aussi beaucoup Ennio Morricone (notamment celle de 1900 de Bertolucci), ce qui tombe bien car ce sont des compositeurs que j'adore ! On s'est rapidement rendu compte que l'on parlait le même langage.
Qu'est-ce qui vous inspire le plus pour fabriquer votre musique ? Le scénario, les images... ?
A.R : Pour le film de Jean-Paul Rouve LES SOUVENIRS (2014), je suis intervenu avant le tournage, sur le scénario, en discutant beaucoup avec le réalisateur qui savait précisément ce qu'il voulait, donc on a beaucoup échangé. A un moment donné, en écoutant une musique, il a su que c'était ça. Il a monté le film sur ces musiques, j'ai juste ajusté ensuite aux images. Le gros s'est fait avant le tournage. Tandis que pour le film de Téchiné, je suis intervenu une fois que le film était complètement terminé. Dans ce cas, l'essentiel est d'avoir un metteur en scène qui sait ce qu'il veut, ce qu'il attend de nous. Dans QUAND ON A 17 ANS, il y a peu de musique mais à chaque fois elle apparaît seule, sans dialogue, comme un vrai personnage.
Vous avez enchainé des comédies tels que MAX, FISTON... qui ont une émotion en elles...
A.R : Je pense qu'il y a cette émotion dans ma musique. J'ai toujours eu du mal à faire des comédies uniquement axées sur la comédie. Il y a toujours chez moi quelque chose d'un peu triste au fond. C'est ce que j'aime en même temps. L'idée n'était pas de faire une musique drôle sur un film drôle. Aucune musique n'a rendu une vanne drôle, ça n'existe pas. En revanche, une musique peut rendre un type qui fait des blagues touchant.
Composez-vous à l'informatique ou avec vos instruments ?
A.R : C'est assez artisanal, je joue de tous les instruments, je pousse le plus loin possible pour qu'il n'y ait aucune différence entre mes maquettes et la musique définitive. Parfois je refais jouer les cordes en les mélangeant avec les fausses cordes. Jouer soi-même permet de trouver un style qui nous est propre.
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