Ecoutez l'interview au sein de l'émission de radio (dés 54:26):
Cinezik : Quelles étaient les intentions musicales pour LOUISE EN HIVER ?
Pascal Le Pennec : Il fallait que cette musique soit en accord avec le graphisme de Jean-François Laguionie. Ses références graphiques sont les peintres du début du XXe siècle. Pour LOUISE EN HIVER, il s'agit des peintres dit "du rivage", comme Henri Rivière ou Jean Francis Auburtin. Il fallait que la musique soit en accord avec ces peintres. Les images sont très pastel. Il fallait que la musique le soit également. Il fallait une musique un peu diffuse qui renvoie au graphisme. La bande-son est également très travaillée au niveau des bruitages, pour constituer un ensemble cohérent.
Y a t-il une continuité avec la musique de votre précédente collaboration avec Jean-François Laguionie pour LE TABLEAU (2011) ?
PLP : La musique de LOUISE EN HIVER est très différente. Dans LE TABLEAU, il fallait passer d'un univers à un autre puisque les petits personnages passaient sans arrêt d'un tableau à un autre, il y avait alors une multiplicité de thèmes. Là, il fallait une unité, avec un ou deux thèmes et des variations.
Y avait-il des références musicales de la part du réalisateur ?
PLP : La référence stylistique donnée par Jean-François et présente en musique temporaire provenait essentiellement de Debussy. Il fallait que la musique soit dans cette esthétique impressionniste. Il y avait également du Arvo Pärt, il s'agissait d'un chœur mixte d'adultes. On l'a troqué avec un chœur d'enfants. J'aime beaucoup cette formule vocale. Cela répondait à un vieux désir chez moi de composer un jour pour cette formation. Ce chœur d'enfants est une porte ouverte sur l'enfance de Louise. À chaque fois qu'on l'entend dans le film, on passe du présent au passé.
Vous partagez la partition du film avec un autre compositeur, Pierre Kellner...
PLP : En effet, il a été sollicité par Jean-François pour des pièces de piano seul, un piano de jazz. Cette musique en contraste avec la mienne renvoie à la présence de Louise sur sa plage essayant de survivre toute seule dans cette station balnéaire désertée, tandis que la musique que j'ai composée pour orchestre et chœur d'enfants renvoie à son passé, à son enfance, qui n'est pas faite seulement de souvenirs pénibles. C'est la fonction de ces deux musiques bien distinctes.
Votre musique est mélodique...
PLP : Je suis très attaché à la notion de thème au cinéma. J'aime l'idée que les gens quittent la salle en ayant en tête un ou deux thèmes associés à un film. Je trouve cela très important. Dans LE TABLEAU, il y avait plus de 20 thèmes différents. LOUISE EN HIVER est plus épuré autour de deux thèmes. Je déplore dans certaines productions, notamment américaines, l'omniprésence d'une musique que l'on ne retient pas, une "musique d'ameublement" (comme disait Érik Satie).
Comment avez-vous enregistré cette partition avec orchestre et choeur ?
PLP : Nous avons eu le plaisir de travailler avec la Maîtrise de Bretagne en ce qui concerne les voix, et avec L'Orchestre Symphonique de Bretagne. L'engagement des chanteurs et des musiciens a été remarquable !
Votre fils Johannes Le Pennec a dirigé l'orchestre ?
PLP : En effet, il avait aussi dirigé précédemment l'orchestre pour LE TABLEAU. Il a la maîtrise du temps. Je respecte son avis quand il me dit que l'on doit passer à autre chose, qu'on a ce qu'il faut. Car si on écoute toujours le compositeur, il faudrait le double de séances, ce qui n'est bien souvent pas possible financièrement .
Pensez-vous déjà à un prochain film avec Jean-François Laguionie ?
PLP : Oui car pour son prochain film, je vais devoir travailler très en amont puisqu'il aura besoin que la musique soit écrite parallèlement à l'écriture du scénario, tandis que pour LOUISE EN HIVER j'ai eu très peu de temps pour faire la musique.
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