Riad Sattouf : Le film n'est pas une adaptation de mes BD mais c'est une histoire originale que j'ai écrite pour le film et je me suis concentré sur le fond. C'est l'univers et les personnages qui m'importaient. Pour moi le dessin et le cinéma sont deux univers qui n'ont rien à voir alors il fallait que je passe plutôt par le sens pour retranscrire l'essence de mes BD.
Et pourquoi avoir eu la nécessité de composer vous-même la musique du film ?
J'adore la musique de film, j'aime le rapport de l'image avec une musique et il était impossible pour moi de faire un film sans y participer. Dés le départ j'avais déjà des idées de musiques pour accompagner les images.
Quels genres de musiques de films appréciez-vous ?
La musique renforce souvent certaines images. Je n'aime pas les musiques orchestrales qui en font trop, mais j'aime David Lynch qui est hallucinant, même les films d'action comme "Predator", où il y a un souffle porté par la musique et illustre l'émotion d'une scène.
Quel fut le travail musical sur LES BEAUX GOSSES avec le groupe Flairs ?
J'ai donc composé la musique avec Flairs, mon pote musicien qui a fait tous les arrangements, et je tenais vraiment à avoir une musique qui rappelle celle des jeux vidéo des années 90 sur Amiga. Cette musique là, c'est la bande son de mon adolescence, donc je ne me voyais pas faire un film sur ce sujet sans cette musique que j'ai écoutée toute mon enfance devant mon écran d'ordinateur en train de jouer à des jeux. Je voulais cette musique minimale, électronique, primitive, avec quatre voix. On avait le film sur un écran et Flairs jouait les nappes pendant que les images passaient.
Quel a été le choix des musiques pré-éxistantes ?
Il y a R.I.C qui est un groupe de ragga car cette chanson me faisait rire, il y a Bubba, un rappeur que j'adore, et il y a The Vaselines qui est un groupe culte quand j'étais ados, et surtout connu par les reprises que Nirvana a faites. Cette chanson est une reprise de Divine et contient toute l'homosexualité refoulée qu'il y a dans mes personnages.
Les ados du film sont tellement en recherche identitaire par rapport à leurs goûts musicaux que je trouvais ça marrant de leur attribuer des goûts bien pourris dont ils sont fiers. Le personnage principal écoute du rap breton complètement nul et découvre Bubba qu'il ne connaissait pas. Kamel écoute du métal en ignorant ce qu'il y a de bien. C'est pour les exclure même dans leur goût.
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