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Cinezik : Pour LE JEUNE KARL MARX, quelles étaient les intentions musicales ?
Alexei Aigui : Le film était long à produire. Raoul Peck ne savait pas trop ce qu'il voulait. Ce n'est pas vraiment un biopic, mais comme c'est un film historique, Raoul me disait tout de même de jouer le grand style orchestral, sans être trop mélodique. Il voulait montrer les idées de Marx à travers un film grand public classique, donc il était évident de prendre un grand orchestre. Pour les moments intimes, il fallait passer à une forme plus minimale, comme le piano.
Le réalisateur avait-il des références ?
A.A : Quand Marx court poursuivi par la police, Raoul Peck avait mis au montage une musique haïtienne, ce qui fonctionnait très bien. Mais on ne pouvait pas utiliser cette musique, elle donnait un effet comique. J'ai essayé de trouver un autre son, je suis allé vers la musique irlandaise. Pour le début du film, il m'a demandé de regarder le "Danton" de Wajda avec Depardieu et d'écouter sa musique, très contemporaine. Raoul ne voulait pas la même chose, mais cela donnait une indication, il voulait quelque chose de sombre.
Comment se sont déterminés les emplacements ?
A.A : Raoul m'indiquait les emplacements précis où les musiques devaient intervenir. Et j'ai pu avoir tout l'espace nécessaire pour m'exprimer, il y a même un long morceau de 7 minutes !
Vous avez aussi participé aux musiques entendues par les personnages... vous avez composé de la musique pour le tournage ?
A.A : Il y a une musique irlandaise entendue dans un bar, qui provient d'une archive avec un homme alcoolisée qui chante, dont on a fait une version pour le tournage avec un choeur. J'ai demandé à des amis à Moscou de l'interpréter avant le tournage, diffusée aux acteurs qui la reprennent. Aussi, pour une musique entendue dans le parc, j'ai fait une sorte de Marseillaise à partir des paroles d'une chanson ouvrière que j'ai adaptée avec un petit orchestre qui la joue pendant le tournage. J'ai donc écrit une chanson française révolutionnaire qui s'appelle "Vive le roi", c'est sarcastique. Mais le souci n'était pas de correspondre à l'époque, le style demeure moderne, on reste au 21e siècle, contrairement à "I am not your negro" où le style jazz d'époque était reconstitué.
Vous adaptez votre style aux enjeux des films ?
A.A : J'essaie de m'adapter aux films en changeant de registre à chaque fois. Mais tant que c'est orchestral, cela reste une musique personnelle. Je ne peux faire quelque chose qui ne me plait pas.
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