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par Julie Issartel
- Publié le 07-12-2017Michael Giacchino nous fait subtilement entendre le Mexique et la fête des morts (dia de los muertos) par des couleurs, des sonorités qui font exploser le carcan de l'orchestre classique. Guitare, accordéon, flûte traditionnelle, et toutes sortes de percussions (xylophone, maracas, bongos...) s'ajoutent ou succèdent à l'orchestre pour créer une musique hybride et unique. L'univers de Coco s'émancipe ainsi des clichés et des automatismes de la musique mexicaine mais aussi de la musique de film elle-même car, contrairement à beaucoup de musiques de film hollywoodiennes, la guitare n'est pas cantonnée au folklore, et la trompette n'est pas limitée à des thèmes épiques. Au contraire les instruments sont en perpétuelle mutation, sans jamais rester dans l'exotisme gratuit.
Giacchino fait varier l'effectif, joue avec de nombreux modes de jeux (flûte jazz percussive, trémolos à la guitare..) et c'est bien là qu'on reconnait l'extrême finesse du compositeur. Mais n'oublions pas l'autre composante musicale de cette bande sonore, la chanson. Sans tomber dans les excès de certains films jeunesse, les quelques chansons qu'on entend sont de véritables "catchy songs" à la mexicaine, on défie quiconque de ne pas fredonner « Ne m'oublie pas » (« Remember me ») en sortant de la salle ! Les paroles de cette dernière vont d'ailleurs prendre tout leur sens par le film, et s'avérer bien moins niaises que ce qu'elles laissent paraître. Parce que c'est aussi cela qui fait l'intelligence de ce film : il n'y a plus de hiérarchie musicale, mais une musique mêlant des éléments populaires de chanson et de folklore aux sonorités de l'orchestre.
Ce qui compte c'est la musique au singulier. Le film aborde sa richesse, mais aussi les sacrifices qu'elle demande, pour les musiciens comme Miguel dont la vie n'est pas toujours facile. En somme, un film et une bande sonore d'une fraîcheur remarquable, qui ne manqueront pas de faire rêver, rire et parfois pleurer petits et grands.
par Julie Issartel
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