beffa,sur_ta_joue_ennemie,theatre_des_operations, - Interview B.O : Karol Beffa, LE THÉÂTRE DES OPÉRATIONS et SUR TA JOUE ENNEMIE (2008) Interview B.O : Karol Beffa, LE THÉÂTRE DES OPÉRATIONS et SUR TA JOUE ENNEMIE (2008)

beffa,sur_ta_joue_ennemie,theatre_des_operations, - Interview B.O : Karol Beffa, LE THÉÂTRE DES OPÉRATIONS et SUR TA JOUE ENNEMIE (2008)

Interview réalisée à Paris le 24 novembre 2008 par Benoit Basirico - Publié le 08-12-2008




Pianiste, compositeur, Karol Beffa est agrégé de l’université et docteur en musicologie. Sa spécialité est l'improvisation, il a pu ainsi l'opérer pour le cinéma lors de ciné-concerts. En 2008, il commence la composition originale pour deux films, "Sur ta joue ennemie" de Jean-Xavier de Lestrade et le documentaire "Le Théâtre des opérations" de Benoît Rossel. Il nous parle de ces 2 partitions dramaturgiquement fortes, aux cordes intenses.

Interview : "Ecrire pour le cinéma me permet de ne pas être écouté que par un petit cercle de mélomanes avertis"

Cinezik : Par quel biais avez-vous commencé à composer pour le cinéma ?

Karol Beffa : Je suis surtout un compositeur pour le concert, avec une musique plutôt accessible pour de la musique contemporaine. J'aime beaucoup le cinéma. Ma première occasion est venue par Benoit Rossel pour LE THEATRE DES OPERATIONS, et depuis c'est un peu grâce à lui que les choses ont lieu. Jean-Xavier de Lestrade avait vu le film de Benoit Rossel mais c'est par hasard qu'il m'a contacté. A une soirée, il demande à Arnaud Desplechin s'il connaissait un compositeur de musique, et il lui donne mon nom. J'avais partagé avec Arnaud une émission sur France musique quelques semaines auparavant. C'est comme cela que ça s'est fait.

Quel a été le travail musical sur le documentaire LE THEATRE DES OPERATIONS ?

J'ai travaillé à partir d'un DVD dans lequel les choses étaient déjà bien avancées. Je n'utilise pas de logiciels type Cubase, je ne fais pas de maquettes, je travaille un peu à l'ancienne, ce qui veut dire que le réalisateur doit me faire confiance. Benoit Rossel avait quelques musiques auxquelles il songeait, un quatuor de Britten, et une musique de John Cage. Il me les a faites écoutées, et je m'en suis inspiré. Aussi, j'improvisais au piano dans une direction en lui demandant si cela convenait. L'avantage du documentaire sur la fiction, c'est que c'est plus souple. 

Les images sont souvent très fortes, parfois insoutenables, et Benoit avait décidé d'avoir un contrepoint musical, de la musique pour orchestre ou de la musique de chambre. J'ai décidé de ne pas tomber dans les deux extrêmes opposés, de ne pas être dans la redondance, ni dans le contrepoint trop systématique. Il faut varier.

Et quel fut le travail pour le polar SUR TA JOUE ENNEMIE ?

Le réalisateur n'a pas du tout utilisé de musique pré-existante, contrairement à Benoit Rossel. Surtout, il avait une idée bien  précise. En revanche, il me faisait tout de même écouter des musiques qu'il avait en tête, notamment Howard Shore, Philip Glass, même si ce que j'ai écrit en est très éloigné. C'est en quelque sorte une ligne directrice qu'il me donnait de cette façon. 

Robinson Stevenin qui joue le rôle principal a composé une petite chanson qui est sensé être une chanson qu'il a écrite adolescent avant de commettre l'acte du film qui le mène en prison.

Vous appréciez le fait de composer pour le cinéma et êtes prêt à poursuivre l'expérience ?

Je pense qu'il peut y avoir un risque de trop composer pour l'image, un risque qui consisterait à ne pas se laisser porter par sa propre inspiration, ses propres ressources intérieures, mais de ne devoir composer que dans l'urgence. Ce qui peut être par ailleurs une bonne chose. Je suis content d'écrire pour le cinéma, ce qui me permet de ne pas être écouté que par un petit cercle de gens, des mélomanes avertis. Le milieu de la musique contemporaine est un milieu fermé, donc le cinéma permet de s'ouvrir vers autre chose. Je pense aussi qu'écrire pour l'image permet d'irriguer ce que je peux écrire pour le concert.  Par exemple, j'ai des projets d'opéra, et le fait d'écrire pour l'image est une très bonne façon de voir comment s'y prendre pour écrire pour une narration aussi longue que celle d'un opéra, entre une heure à une heure et demi.

Interview réalisée à Paris le 24 novembre 2008 par Benoit Basirico

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