Cinezik : A quel moment êtes-vous intervenu dans le projet INCOGNITO ?
Bénabar : Eric Lavaine le réalisateur m'avait parlé du pitch il y a trois ans quand il avait eu l'idée, puis je suis revenu sur le scénario pour donner quelques idées, j'ai participé à l'élaboration de l'histoire. J'ai surtout fantasmé avec Eric des scènes et situations qui pouvaient prêter à rire. Ce n'est pas vraiment autobiographique mais j'ai pu donner quelques observations que j'avais faites.
Le fait d'être chanteur vous a-t-il préparé à jouer la comédie ?
Je ne suis pas sûr que cela aide tant que ça, cela m'a aidé pour les scènes de chant car c'est une chose que j'ai l'habitude de faire, mais je me demande même si ce n'était pas plus compliqué car il ne fallait justement pas être moi-même, je ne jouais pas mon propre rôle. Il fallait non seulement que j'invente un personnage mais en même temps que je me débarrasse d'un autre, donc c'était un double travail. Mais on est tous un peu des imposteurs les chanteurs donc il y a un fond de vrai dans le film.
Quel a été votre travail sur la musique de ce film ?
Il y a très peu de musique instrumentale car elle est dans la continuité. Je ne devais pas faire la musique du film au départ, mais celle-ci est induite par les chansons, les hommages, donc la musique devait aller au bout de ce travail. Mais le plus important était sur les chansons de Luka, c'est quelque chose qu'on a travaillé en amont car elles vont avec le personnage, il fallait que ce soit crédible, que ça serve le film. Ce fut mon gros dossier, plus que le reste de la BO qui fut anecdotique.
La difficulté était que ce soit une chanson du personnage de Luka, mais puisque c'est vous qui la signez, il ne fallait pas que vous en ayez honte...
Oui, c'était la complexité du truc. Il fallait que ce soit crédible comme "tube" même si c'en est pas un, il fallait que ce soit accepté comme tel pour le spectateur. Il fallait en plus que ce soit une chanson qui ne me ressemble pas mais que je puisse assumer, on ne voulait pas faire de la parodie, ou de se moquer d'un autre chanteur, il fallait que ça serve le personnage.
Il y avait marqué sur le scénario "Luka chante son tube". L'idée de faire un tube quand tu écris une chanson c'est quand même très intimidant, car si je savais faire des tubes j'en ferais tous les jours. J'avais soumis plusieurs idées, et c'est en travaillant à la guitare que j'ai trouvé, car je me suis mis à la guitare pour changer du piano que je pratique habituellement. C'est une chanson plus pop, il y a moins d'importance accordée au couplet qu'au refrain alors que la chanson française telle que je la conçois c'est l'inverse, les couplets sont plus riches et le refrain n'est qu'une virgule alors que sur la chanson de Luka, le couplet permet juste d'attendre le prochain refrain. Il y a un côté Pop Rock FM, c'était cela l'idée de départ. Mon objectif était de faire une chanson pour quelqu'un d'autre, mais que je puisse assumer pour la jouer un jour sur scène sans rougir.
Vous être désormais connu en tant que chanteur, mais au départ vous étiez dans le cinéma et la télévision...
Je me destinais au cinéma, je voulais devenir réalisateur et scénariste, c'était ma vocation. Je n'ai fait que des court-métrages et j'ai écrit pour la télévision uniquement, je n'étais pas vraiment dans le cinéma, mais les quelques scénarios que j'ai co-écrit pour le cinéma n'ont pas marché, il faut dire que j'étais un piètre scénariste et un piètre cinéaste, donc cela convenait à la télé car ce n'était que des gags, ce n'était pas des histoires très élaborées.
Quels sont vos goûts cinématographiques ?
Du cinéma de divertissement... j'admet que je peux regarder trois DVD de trois films américains débiles avec des super-héros cons, comme Les Quatre fantastiques. je peux le regarder jusqu'au bout tout en me disant que c'est mauvais. Après j'espère avoir des goûts plus éclectiques, comme Claude Sautet, Pierre Salvadori, François Ozon...
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