Cinezik : Comment est venue l'idée de faire chanter le personnage de Paul que vous incarnez ?
Louis Ronan-Choisy : François Ozon m'a demandé de chanter une chanson sur une scène du film, il voulait quelque chose de tendre et mélancolique, une chanson qui rappellerait l'enfance de Paul et Louis, quelque chose d'enfantin.
C'était compliqué, car j'ai composé la chanson pour le tournage et je n'avais pas réalisé à quel point d'être acteur était si éprouvant, si carnassier physiquement. J'étais épuisé du tournage et je devais tout de même composer la chanson. J'avais perdu mes repères harmoniques, je ne savais plus jouer du piano.
Le fait que vous soyez chanteur par ailleurs a favorisé ce choix ?
L-R.C : Mais il n'était pas question que je compose la musique au départ, François m'avait juste parlé d'une chanson. Ce qui l'a intéressé, c'est que je sois sur l'ambiance du tournage, comme si Paul l'avait composé.
Cela m'embêtait au départ, car tant qu'à jouer, autant être quelqu'un d'autre. Il ne s'agit là que de l'intervention de Paul sur la demande de Mousse, même si le personnage de Paul me ressemble sur certains points c'est quelqu'un d'autre.
Comment était François Ozon avec vous ?
L-R.C : Il m'a encouragé, il est exigeant et quand il dit que c'est pas mal, c'est que c'est bien, il m'a encouragé à briser mes codes pop rock avec couplet/refrain en essayant de garder l'aspect simple d'une ritournelle comme dans les berceuses.
Comment est venue l'idée de reprendre la chanson avec Isabelle Carré ?
L-R.C : François et Isabelle suivaient la chanson pendant le tournage, où elle en était, et je trouvais cela naturelle qu'elle vienne la chanter à la fin du film. Elle chante juste, je lui juste dit de ne pas forcer la voix, comme si elle murmurait une chanson à l'oreille d'un enfant, qu'elle garde un côté fragile.
Et vous êtes aussi le compositeur de la musique originale pour ce film...
L-R.C : François m'a demandé de faire des arpèges qui pourraient lui servir en me faisant jouer des variations de la chanson et il s'en est servi pour illustrer ses premiers montages. Je me suis rendu compte que dés que je sortais du thème ça ne fonctionnait pas. On ne voulait pas d'une musique de film avec des violons. Le film avait une petite équipe, une simplicité qu'il fallait garder dans la musique, avec du piano seul, et une guitare pour le personnage de Louis qui est le frère plus rock n'roll.
Le but était que l'on n'entende pas la musique, qu'elle soit transparente, sauf pour la chanson. Il fallait qu'elle soit en toile de fond comme une chose impressionniste, discrète pour accompagner les émotions des personnages. Au début je faisais l'erreur de trop m'inspirer des images et de chaque émotion, et je tombais parfois dans le larmoyant, ton sur ton, puis je me suis rendu compte qu'il fallait que je ne prenne que la première image pour ensuite m'en détacher.
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