toyne,shadow_in_the_trees, - Interview B.O : Jeff Toyne, SHADOW IN THE TREES Interview B.O : Jeff Toyne, SHADOW IN THE TREES

toyne,shadow_in_the_trees, - Interview B.O : Jeff Toyne, SHADOW IN THE TREES

Interview réalisée par Xavier Ducamp en 2007 - Publié le 13-11-2009




Le compositeur canadien Jeff Toyne a eu une expérience d'orchestrateur auprès d'Edward Shearmur (Reign of Fire, Sky Captain and the World of Tomorrow) et de Klaus Badelt (Poseidon, Teenage Mutant Ninja Turtles) avant de se lancer dans la composition de longs métrages avec "Prince of Jersey" (2005) et "Shadow in the trees" (2007).

Cinezik : Pourriez-vous nous dire comment vous êtes arrivé dans l'industrie de la musique de films ?

Jeff Toyne : C‘est à l'approche de ma dernière année d'université que j'ai décidé d'entamer une carrière musicale. Durant ma deuxième ou troisième année de cycle supérieur, j'ai commencé à voir que le genre de musique à laquelle j'étais intéressé prenait place dans les films, et mon chemin vers la musique de film m'est apparu comme une évidence. En parallèle à mon Master de musique, j'ai suivi les cours du défunt Institut Mancini à Los Angeles, où ils n'étaient pas intéressés par ce que l'on pourrait qualifier d'une carrière musicale mais plutôt par une vie consacrée à la musique. Ca m'a consolidé dans mes choix. Les années suivantes je suis revenu à L.A pour étudier à l'USC (University of Souther California ndlr), et j'ai commencé à composer des scores pour des films Hollywoodiens.

Comment avez-vous été impliqué dans le projet "Shadow in the trees" ?

J'ai été présenté à Chris Smith, le Scénariste/Réalisateur de « Shadow in the trees » par l'intermédiaire d'un ami commun à UCLA où il finissait également son diplôme d'études supérieures. Chris a entendu ma démo, et quand nous nous somme rencontrés la première fois, il m'avoua être très excité par la grande qualité de mes morceaux sur le CD que je lui avais fait parvenir. Il m'a demandé combien je prendrais pour composer pour le film entier (+ de 100 min quand même) avec ce même degré de qualité. J'ai proposé à Chris chaque morceau de la démo sans l'orchestre, parce que je savais qu'il allait filmer avec trois fois rien. Quand je lui ai soumis un budget qui me semblait convenir pour composer pour son film en utilisant des instruments que j'étais supposé pouvoir jouer moi-même dans mon propre studio, il était ravi de m'annoncer qu'en fait, il avait trois fois ce budget mit à ma disposition pour que je puisse m'exprimer. Je lui ai demandé de rajouter des fonds, parce que même si je savais qu'il avait un budget musique équivalent à celui du tournage (c'est vrai et c'est sans précédent), Il n'avait pas assez pour pouvoir enregistrer avec un orchestre complet pour la totalité du film. On a utilisé toutes les ruses pour allonger le budget et lui donner un score orchestral de thriller. C'était une grande expérience que de travailler avec Chris, je suis dans l'attente de recommencer bientôt.

Et si je vous dis que certaines parties de votre Score me font penser à Christopher Young (Jennifer 8, Murder in the first...) ou Brian Tyler (Frailty, The 4th floor...) ou encore James Newton Howard (dans les films de Shyamalan et plus précisemment "Le Village")... Que pensez-vous de ces références ?

C'est un véritable honneur que d'être comparé à ces compositeurs, et également une coincidence car je les ai rencontré tous les trois, il y a peu ! J'ai étudié avec chris Young à l'USC et "the Gift" a été ma première chance de travailler sur un projet Hollywoodien. J'ai fait des orchestrations pour Brian Tyler sur quelques films comme Rambo, AVPR (Alien Vs Predator) ou encore Eagle Eye. Donc, ce n'est pas une totale surprise que vous compariez mon Score à celui du "Village" de James Newton Howard, car une bonne partie de sa composition a été utilisée par Chris Young comme temp track. Donc j'ai également fait appel à un violoniste solo très doué, Le maître de concert du Vancouver Symphony, Mark Fewer. Par la suite, j'ai été ravi de rencontrer James Newton Howard au Laboratoire des compositeurs à Sundance en 2007, (et actuellement, j'ai eu l'honneur de composer un thème principal pour lui).

Quelles sont vos aspirations musicales ou vos Mentors ?

Quand je suivais les cours à l'Institut Henry Mancini, John Clayton est venu parler aux futurs compositeurs, et il a dit quelque chose que j'ai toujours conservé en mémoire. « Si vous mettez de l'énergie positive et la partagez à travers le monde, elle vous reviendra de façons dont vous n'avez pas idée ». En temps que compositeur, le moyen que vous avez de dégager de l'énergie positive est de composer une musique sincère qui sort de vos tripes. C'est ce que j'ai toujours essayé de faire, et je sens que cette énergie est en train de me revenir de façons surprenantes. Quand je compose, je trouve mes ressources musicales dans les personnages, les lieux et l'histoire...Chaque projet est différent et nous amène à évoluer. Ce que j'aime particulièrement dans l'art de la composition est qu'on apporte des sortes de touches colorées, un contexte qui nous pousse à être créatif, et d'avoir la chance de faire partie intégrante d'une œuvre qui peut devenir plus grande que la somme de toutes ses parties.

Est-ce que vous jouez d'un instrument ?

J'ai joué du piano et pris des cours particuliers depuis que j'ai 5 ans ; j'ai aussi joué du trombone à l'école depuis le cours élémentaire (9-10 ans), et j'ai commencé à apprendre la guitare à la grand école (14-15 ans). Actuellement, je joue du piano et de la guitare, après avoir été un modeste joueur de trombone un an après mon diplôme de fin d'études. J'aime changer l'instrument avec lequel je compose de temps en temps. Je crois, comme l'a dit Marshall McLuhan (philosophe, sociologue, et un des fondateurs des études contemporaines sur les médias - ndlr), que le medium est Le message.

Pourriez-vous nous en dire plus sur votre rôle d'orchestrateur pour Edward Shearmur ou encore Klaus Badelt ? Qu'avez-vous appris à travailler à leur côté ?

J'ai travaillé en temps qu'assistant pour Ed Shearmur pendant près de 3 ans, après avoir obtenu mon diplôme de l'USC à L.A. Il a été très linéaire quant aux responsabilités musicales qu'il m'a donné, donc ce n'est pas avant le 3e ou 4e film sur lequel nous avons collaboré que j'ai eu l'opportunité d'orchestrer. J'ai beaucoup appris en travaillant sous la tutelle d'Ed, ainsi qu'avec des orchestrateurs tels que, Bob Elhai (orchestrateur de Brian Tyler entre autre...) et Brad Warnaar (idem et orchestrateur sur « Shadows in the trees ») . L'une des leçons que j'ai apprise, et l'une des choses les plus difficiles à faire pour un orchestrateur, est d'être capable de savoir quand un compositeur veut, a besoin ou est susceptible d'être intéressé que vous apportiez quelque chose de plus à la maquette au format Midi, qu'il est sensé présenter au réalisateur. Les orchestrateurs ne font rien qu'un compositeur ne soit capable de faire également, La plupart des compositeurs adorent orchestrer leur propre partition, mais pas tout le temps, c'est là que nous intervenons. Il est difficile d'évaluer combien de documents écris à la main, lorsqu'il y en a, un compositeur va utiliser pour présenter une maquette. Les démos de Klaus Badelt, en sont un bon exemple, parce qu'elles sont très détaillées. Il a été très généreux, et a su prendre sur son temps lorsque nous travaillions ensemble sur « Premonition » pour me montrer quelques unes de ses astuces pour présenter de bonne maquettes finalisées.

Quel pourrait-être votre terrain de jeu musical favoris ? (Documentaires, Jeux Vidéos, Dessins Animés, Films) Quelle est votre vision de l'industrie musicale du film actuelle ?

Je suis définitivement plus à l'aise pour composer pour des longs métrages et des épisodes de télé que pour des Dessins animés. J'aimerai bien œuvrer pour un jeu vidéo que je ressentirai proche d'un film dans sa trame, et je trouve qu'ils évoluent de plus en plus dans ce sens. Les documentaires sur lesquels j'ai travaillé, ce sont les scènes qui avaient le plus un aspect cinématographique, sur lesquelles j'ai le mieux réussi. Ce serait aussi un challenge que de composer une musique qui n'aurait, au final, aucune qualité émotionnelle. Je vois évoluer et changer rapidement l'univers de l'industrie musicale de film, et de nombreux nouveaux challenges se présenter aux compositeurs. La plupart des compositeurs de musique de films que je connais, sont des personnes pleines de ressources, adeptes des meilleures solutions pour résoudre des problèmes éventuels, je suis confiant dans leur (ma) capacité à s'adapter à toutes les situations et d'évoluer dans ce sens.

Si un réalisateur veut que vous collaboriez avec un autre compositeur, comment réagiriez-vous ? et avec quel compositeur aimeriez vous travailler ?

Un Film est le fruit d'une collaboration artistique ; j'ai déjà collaboré avec de nombreux artistes - Acteurs, scénaristes, designers, et nous suivons tous la vision d'un réalisateur. Sur tous les Scores, il y a beaucoup de musiciens qui contribuent tout autant que moi - Interprètes, ingénieurs, éditeurs. J'ose espérer que toute suggestion avec tout autre compositeur soit une forme de complémentarité, en ce sens qu'ils peuvent apporter des astuces et savoirs liés à leurs expériences respectives, que je n'ai pas et vice versa. C'est en ce sens que j'apprécie de travailler avec tous ces artistes, j'aimerai beaucoup travailler avec les « Barenaked Ladies » (groupe alternatif de rock canadien - ndlr), j'ai toujours été l'un de leurs fans.

Pouvez-vous nous parler de cette compétition entre les nouveaux compositeurs de votre génération ? Quelle peut-être la différence qui fera que vous serez celui qui est choisi ?

Je sens qu'il y a toujours une place à Hollywood pour les compositeurs talentueux aimables. La compétition que je traverse a toujours été amicale, mais c'est assez abstrait, tout comme chaque compositeur est unique et a pour habitude de travailler en solitaire. Il y a un équilibre nécessaire à avoir entre l'humilité et la volonté de se mettre en avant dans le climat actuel. Un compositeur aujourd'hui, doit être capable de mettre son égo de côté quand il apprend les ficelles du métier, tout en conservant ce qui le (la) rend unique, pour finalement pouvoir sortir des rangs et se faire un nom. De mon point de vue, le jeu de la rivalité atteint des niveaux de plus en plus élevés, à mesure de l'évolution des technologies, les outils d'aujourd'hui rendent les choses plus aisées pour obtenir des sons agréables. Je pense que le tout est d'avoir des aptitudes sociales et être capable de les appliquer en collaboration avec les autres artisans avec lesquels nous sommes amenés à travailler. Tout ça, combiné avec un bon coup de chance, fait la différence.

Qu'en est-il de vos travaux récents comme "Within" ou "Ten years later" ? est-ce qu'il y aura une sortie chez MovieScore Media ou ailleurs et comment êtes-vous entré en contact avec MovieScore Media ?

Je ne suis pas entré en contact avec MovieScore Media, c'est eux qui sont venus vers moi. L'un de mes amis, Scott Glasgow, a réalisé un album avec eux, et je pense qu'il leur a laissé entendre que je travaillais sur un score orchestral, qui est l'une de leurs priorités actuelle. L'album « Within » devrait bientôt être disponible sur iTunes

Pourriez vous nous en dire plus sur votre travail en qualité d'orchestrateur sur "Rambo", "AVPR" ou encore "Eagle Eye" ?

Ce sont biensûr des scores composés par Brian Tyler, j'ai été amené sur ces projets par l'un des orchestrateurs de longue date rattaché à Brian Tyler, Bob Elhai, pour le seconder dans un certain nombre de morceaux. L'approche de Brian pour réaliser ses démos, est unique, il joue la plupart des instruments lui-même : guitares, percussions, piano, et parfois les morceaux orchestraux sont enregistrés directement sur bande, ils ne sont même pas séquencés sous forme de maquette au format Midi, c'est impressionnant. Au final, les démos ont une sonorité extraordinaire, vivante et avec beaucoup d'ampleur, mais les orchestrateurs font un boulot énorme pour transférer toutes ces notes en audio plutôt qu'au format Midi habituel. L'une des choses les plus intéressantes que j'ai demandée de faire sur « Rambo » était de retranscrire le thème principal du premier film composé par Jerry Goldsmith, ce qui consistait en un formidable exercice, j'ai tellement appris en faisant ça

Interview réalisée par Xavier Ducamp en 2007

En savoir plus :

Vos avis