La liste des films en sélection avec mention de leurs compositeurs dans notre espace dédié.
Parmi les films en lice pour la palme d'or, on retrouve quelques tandems réguliers. Terence Blanchard retrouve Spike Lee pour la 20e fois sur BLACKKKLANSMAN. Ils reviennent ensemble sur la Croisette 27 ans après JUNGLE FEVER (en compétition à Cannes 1991). En Chine, le compositeur Lim Giong retrouve pour la 7e fois son compatriote chinois Jia Zhang-ke sur LES ETERNELS / ASH IS PUREST WHITE. Ils tenteront de décrocher à nouveau ensemble la Palme d'Or après 24 CITY (2008) et A TOUCH OF SIN (2013). Pour la première fois en compétition avec leur troisième film en commun CAPHARNAÜM, le couple libanais Khaled Mouzanar et Nadine Labaki reviennent à Cannes après CARAMEL (Quinzaine des Réalisateurs 2007) et ET MAINTENANT ON VA OÙ? (Un Certain Regard 2011). Pour l'Italie, avec HEUREUX COMME LAZZARO / LAZZARO FELICE, Alice Rohrwacher retrouve une seconde fois le compositeur Piero Crucitti après LES MERVEILLES (également en compétition, Cannes 2014). Pour la France, Eva Husson fait son entrée dans la compétition avec LES FILLES DU SOLEIL pour lequel elle retrouve la jeune pianiste, violoncelliste et chanteuse américaine Morgan Kibby (White Sea, M83) après BANG GANG (2015). Nous attendons tout particulièrement la confirmation de deux collaborations qui nous ont marqué dans le registre de la musique électronique : UNDER THE SILVER LAKE marque les retrouvailles du réalisateur David Robert Mitchell et de la musique de Disasterpeace (Rich Vreeland) après IT FOLLOWS, tandis que les frères Yann et Anthony Gonzalez (M83) renouent sur UN COUTEAU DANS LE CŒUR après le choc des RENCONTRES D'APRÈS MINUIT (Semaine de la critique 2013). A noter deux premières fois, peut-être la promesse d'une relation durable, le film coréen BURNING / BUH-NING de Lee Chang-dong avec la musique de Mowg, et le réalisateur égyptien Abu Bakr Shawky qui signe sa première oeuvre, YOMEDDINE, en compagnie du musicien Omar Fadel.
Egalement en compétition, deux cinéastes qui tentent la présence musicale après l'avoir refusée. L'iranien Asghar Farhadi propose habituellement des films dénués de notes comme sur LE CLIENT (Compétition, Cannes 2016) ou alors uniquement en générique de fin comme avec LE PASSE (en compétition, Cannes 2013). Son dernier film EVERYBODY KNOWS / TODOS LO SABEN (sortie en même temps que le festival, le 9 mai) tourné à Madrid, filme une fête de mariage, on y entend ainsi des chansons interprétées à l'image par Javier Limón (guitare) et Nella Rojas (chant), dont une est reprise en générique de fin (l'espagnol Alberto Iglesias - compositeur régulier de Almodovar - était initialement attaché à ce projet avant que sa musique soit écartée. Stéphane Brizé était venu une première fois en compétition de Cannes avec LA LOI DU MARCHÉ (2015), sans un compositeur au générique. Avec EN GUERRE (sortie pendant le festival, le 16 mai), il retrouve l'acteur Vincent Lindon, et renoue avec le sujet social, mais prend le contrepied du précédent en convoquant la musique. Il invite le percussionniste de jazz Bertrand Blessing à signer une partition de guitare très nerveuse (proche du jazz-rock progressif) pour illustrer le conflit social. « Sa musique traduit le chaos, la ténacité et la fierté des ouvriers. C'était ma demande. Elle nous emmène sur les terrains de la colère et de la rage du combat des salariés. » (Stéphane Brizé).
Deux films de la compétition prennent la musique comme sujet. Dans le franco-polonais COLD WAR / ZIMNA WOJNA (de Pavel Pawlikowski, Oscar du film étranger avec IDA), la musique est l'un des personnages principaux dans une combinaison de musique folklorique polonaise avec du jazz et des chansons de bars parisiens du siècle dernier pour cette histoire d'amour au temps de la guerre froide, entre un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée. En Russie, L'ÉTÉ / LETO est un biopic musical du cinéaste Kirill Serebrennikov consacré à une rock-star soviétique du début des années 80.
Pour terminer avec la compétition, deux cinéastes ont décidé d'interrompre l'association avec leur compositeur, c'est le cas de l'italien Mateo Garrone qui était venu à Cannes en compagnie de Alexandre Desplat pour REALITY (2012) et TALE OF TALES (2015), mais qui cette fois avec DOGMAN a fait appel à son compatriote Michele Braga. C'est la même chose avec Christophe Honoré, qui revient en compétition avec PLAIRE AIMER ET COURIR VITE (Sortie le 9 mai pendant le festival), sans son musicien Alex Beaupain avec lequel il était venu pour DIX-SEPT FOIS CECILE CASSARD (Un Certain Regard 2002), DANS PARIS (Quinzaine des Réalisateurs 2006), LES CHANSONS D'AMOUR (Compétition, Cannes 2007), LES BIEN-AIMES (en clôture, Cannes 2011). Il convoque des titres existants des années 90 pour illustrer l'époque où se situe l'action du film. Enfin, l'abonné Jean-Luc Godard (tous ses films sont sélectionnés) propose avec LE LIVRE D'IMAGE un nouveau collage de musiques hétérogènes.
La sélection hors-compétition, plus « grand public », est pourtant celle des premières fois. C'est la première participation du compositeur John Powell et de son réalisateur Ron Howard à la saga Star Wars avec SOLO: A STAR WARS STORY. John Williams est tout de même encore présent puisqu'il signe un nouveau thème pour le personnage de Han Solo au centre de cet épisode dérivé. Le brésilien Joe Penna signe son premier film ARCTIC avec à la baguette Joseph Trapanese. C'est la première fois que l'anglais Terry Gilliam fait appel à l'espagnol Roque Baños pour son film maudit L'HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE, adaptation de Cervantes filmée en péninsule Ibérique qui cloture le festival. Et enfin, Gilles Lellouche fait appel au chanteur, compositeur, auteur américain Jon Brion (auteur de B.O du cinéma indé US, de Paul Thomas Anderson à Greta Gerwig sur le récent "Lady Bird") pour sa première réalisation en solo.
Après avoir été blacklisté, le danois Lars von Trier revient avec THE HOUSE THAT JACK BUILT à la marge, hors compétition (après une présence régulière en compétition depuis THE ELEMENT OF CRIME en 1984 jusqu'à MELANCHOLIA en 2011, en passant par la palme d'or DANCER IN THE DARK en 2000, mais aussi EUROPA en 1991, BREAKING THE WAVES en 1996, LES IDIOTS en 1998, DOGVILLE en 2003, MANDERLAY en 2005, ANTICHRIST en 2009). Pour ce thriller, il convoque de nouvelles musiques existantes après Johann Sebastian Bach & Rammstein sur NYMPHOMANIAC (2014), Richard Wagner sur MELANCHOLIA, Vivaldi sur MANDERLAY...
Enfin, deux curiosités avec un documentaire musical sur la chanteuse Whitney Houston, WHITNEY de Kevin Macdonald, qui malgré les inévitables chansons, un compositeur est au générique (Adam Wiltzie), et une nouvelle adaptation du roman de Ray Bradbury, FAHRENHEIT 451 par Ramin Bahrani avec les compositeurs Antony Partos et Matteo Zingales qui ont la lourde tâche de succéder à Bernard Herrmann (au pupitre du film de François Truffaut).
La sélection découverte du festival propose 5 premiers films. LES CHATOUILLES de Andréa Bescond et Eric Metayer (musique : Clément Ducol), GIRL du belge Lukas Dhont (musique : Valentin Hadjadj, qui signe la musique de son 2nd long-métrage après l'animation "Avril et le monde truqué"), GUEULE D'ANGE de Vanessa Filho (musique : Olivier Coursier et Audrey Ismael, sortie pendant le festival le 23 mai), MON TISSU PRÉFÉRÉ de Gaya Jiji (musique : Peer Kleinschmidt), et LES MOISSONNEURS du Sud-Africain Etienne Kallos, qui permet aux frères compositeurs Evgueni et Sacha Galperine de revenir sur la croisette après la compétition l'année dernière avec le russe FAUTE D'AMOUR.
Par ailleurs, le chinois Lim Giong est doublement présent, puisque hormis le film de Jia ZhangKe en compétition, LES ETERNELS, il a signé la musique de LONG DAY'S JOURNEY INTO NIGHT de Bi Gan. Enfin, A GENOUX LES GARS de Antoine Desrosières fait entendre 7 chansons Yéyé des années 60 dont le morceau titre "A genoux les gars" (1965) interprété par Anne-Marie Vincent. On y entend aussi 4 chansons pop de 2018 par la jeune rappeuse MOON'A pour faire le lien avec l'époque actuelle. Le tout a été concocté par le superviseur musical Thibault Deboaisne (un régulier du fetsival, après VICTORIA, MAKALA, et un deuxième film cette année avec LES CONFINS DU MONDE à la Quinzaine).
A la Quinzaine des Réalisateurs, le compositeur franco-tunisien Amine Bouhafa revient à Cannes après être passé par la compétition (TIMBUKTU de Abderrahmane Sissako, 2014) et Un Certain Regard (LA BELLE ET LA MEUTE de Kaouther Ben Hania, 2017). Cette fois-ci il est demandé par un cinéaste français, Philippe Faucon, sur son nouveau film bien-nommé, AMIN.
Nicolas Becker, qui a écrit la musique du film tunisien remarqué en 2017, CORPS ETRANGER de Raja Amari, revient pour le premier film de Marie Monge, JOUEURS. Tandis que l'année dernière nous avions rencontré Stuart Staples, pour UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR de Claire Denis, nous sommes ravis de retrouver cette année son acolyte au sein des Tindersticks, Dickon Hinchliffe, pour LEAVE NO TRACE de Debra Granik qu'il retrouve après WINTER'S BONE (2010). Quant à Romain Gavras avec LE MONDE EST À TOI, il retrouve la musique electronique de SebastiAn qui opérait déja sur son premier film NOTRE JOUR VIENDRA (2010), et ajoute l'artiste anglais Jamie XX à la B.O. Toujours en France, Pierre Salvadori retrouve l'auteur-compositeur-interprète franco-libanais Camille Bazbaz sur sa nouvelle comédie EN LIBERTÉ !, après "Comme elle respire" (1998), "Les marchands de sable" (2000), "Après vous..." (2003), et "Hors de prix" (2006).
Pour un des rares films d'animation projeté à Cannes, MIRAI MA PETITE SŒUR, le japonais Masakatsu Takagi retrouve Mamoru Hosoda après LE GARÇON ET LA BÊTE (2015) et LES ENFANTS LOUPS, AME & YUKI (2012). En Amérique du Sud, le compositeur mexicain Leonardo Heiblum fait la rencontre pour LES OISEAUX DE PASSAGE des réalisateurs colombiens Ciro Guerra & Cristina Gallego qui avaient fait appel à Nascuy Linares sur "L'étreinte du serpent" (2015). En France, Guillaume Nicloux fait appel pour son film de guerre LES CONFINS DU MONDE à l'auteure-compositrice-interprète de folk et de rock Shannon Wright ! On y entend aussi deux chansons traditionnelles (dont La Marseillaise) interprétées dans le film par les militaires. Enfin, ce ne sera pas sans émotions que nous allons découvrir MANDY de Panos Cosmatos puisqu'il s'agit de la dernière musique écrite par Johann Johannsson, disparu brutalement en février dernier, tandis que son cinéaste ami Denis Villeneneuve figure au sein du jury officiel.
Par ailleurs, toujours pour la Quinzaine des Réalisateurs, le réalisateur français Gaspar Noé emploie des musiques existantes sur CLIMAX, après son LOVE (compétition Cannes 2015) avec John Frusciante, Erik Satie et John Carpenter...
Pour terminer avec la Semaine de la Critique, il ne faut pas manquer le premier film portugais de Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt, DIAMANTINO que nous avons déjà pu voir avant le festival et qui témoigne d'une grande ampleur musicale, à la fois autour du travail sur mesure du français Ulysse Klotz et de la violoncelliste et pianiste brésilienne Adriana Holtz, que sur ses emprunts du répertoire classique, convoqués pour magnifier la figure triomphale et spectrale d'un joueur de foot sur le déclin. Quel plaisir aussi de retrouver le jeune compositeur Romain Trouillet (apprécié dans des court-métrages - 37°4S de Adriano Valerio, et sur scène avec EDMOND de Alexis Michalik) sur le premier film de Camille Vidal-Naquet, SAUVAGE.
Enfin, quelques curiosités à la Semaine de la critique : Avia (Pierre Aviat), entendu récemment dans CARNIVORES des frères Rénier, signe la musique de MONSIEUR, romance franco-indienne, premier film de Rohena Gera ; l'acteur américain Paul Dano présente sa première réalisation, WILDLIFE, avec le compositeur de musique minimaliste David Lang ; et Alex Lutz dévoile sa nouvelle comédie, GUY, avec la musique de Vincent Blanchard et Romain Greffe.
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)