En effet, il s'agit d'un véritable film rock, avec une forme baroque inventive, les paroles de chansons illustrent le récit, des scènes animées s'invitent dans les plans (rappelant The Yellow Submarine des Beatles), des cadrages imitent les pochettes de disques avec titraille incrustée... Cette forme débridée est malgré tout épurée par un noir et blanc éclatant.
Musicalement, on entend évidemment des morceaux de Viktor Tsoi, mais aussi de ses influences, venant d'Angleterre et d'Amérique. On danse ainsi dans un train sur « Psycho Killer » des Talking Heads et « Perfect Day » de Lou Reed, on entend "Passenger" d'Iggy Pop. Sont évoqués le Velvet Underground (et sa banane), les Sex Pistols, la rivalité entre le punk agité dont se revendique Mike Naumenko et le rock plus blues de Viktor Tsoi. On y entend aussi des adaptations russes de classiques de la New Wave.
Se dégage une énergie galvanisante propre au rock, accompagnant une jeunesse en soif de liberté, bravant l'autorité omniprésente et la censure (dont l'absence de Kirill Serebrennikov assigné à résidence ne fait qu'accentuer), tout en témoignant d'une certaine pureté insouciante. Le ton mélancolique et tendre est liée à une bienveillance dans les relations, les rivalités ne sont jamais violentes, même en amour, donnant lieu à une triangle amoureux pacifique (les deux chanteurs se partageant la même femme).
Même si le film ennuie dans sa deuxième partie à cause de longueurs et d'un manque d'enjeux narratif, il reste en nous comme une parenthèse enchantée et un hymne rock à l'insoumission.
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