ete2019, - Cannes 2018 : LETO (L’été), film rock dans un mélange d'énergie galvanisante et de tendresse. Cannes 2018 : LETO (L’été), film rock dans un mélange d'énergie galvanisante et de tendresse.

ete2019, - Cannes 2018 : LETO (L’été), film rock dans un mélange d'énergie galvanisante et de tendresse.

Benoit Basirico - Publié le 11-05-2018

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Le cinéaste russe Kirill Serebrennikov présente en compétition du festival un film musical sur des icônes rock dans la Russie des années 80. On y suit ainsi les aventures sentimentales et musicales de Viktor Tsoi (rock star du groupe Kino) et  Mike Naumenko (leader du groupe Zoopark). Evitant le biopic narratif sur une icône rock morte en 1990 à 28 ans dans un accident de voiture, le réalisateur propose plutôt une véritable immersion musicale, mettant la forme de son film au service du rock.

En effet, il s'agit d'un véritable film rock, avec une forme baroque inventive, les paroles de chansons illustrent le récit, des scènes animées s'invitent dans les plans (rappelant The Yellow Submarine des Beatles), des cadrages imitent les pochettes de disques avec titraille incrustée... Cette forme débridée est malgré tout épurée par un noir et blanc éclatant.

Musicalement, on entend évidemment des morceaux de Viktor Tsoi, mais aussi de ses influences, venant d'Angleterre et d'Amérique. On danse ainsi dans un train sur « Psycho Killer » des Talking Heads et « Perfect Day » de Lou Reed, on entend "Passenger" d'Iggy Pop. Sont évoqués le Velvet Underground (et sa banane), les Sex Pistols, la rivalité entre le punk agité dont se revendique Mike Naumenko et le rock plus blues de Viktor Tsoi. On y entend aussi des adaptations russes de classiques de la New Wave.

Se dégage une énergie galvanisante propre au rock, accompagnant une jeunesse en soif de liberté, bravant l'autorité omniprésente et la censure (dont l'absence de Kirill Serebrennikov assigné à résidence ne fait qu'accentuer), tout en témoignant d'une certaine pureté insouciante. Le ton mélancolique et tendre est liée à une bienveillance dans les relations, les rivalités ne sont jamais violentes, même en amour, donnant lieu à une triangle amoureux pacifique (les deux chanteurs se partageant la même femme).

Même si le film ennuie dans sa deuxième partie à cause de longueurs et d'un manque d'enjeux narratif, il reste en nous comme une parenthèse enchantée et un hymne rock à l'insoumission.


"Konchitsya Leto" (Summer Will Come To An End) - Viktor Soy

 

Benoit Basirico

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