Cinezik : Comment vous êtes-vous retrouvé à écrire une musique pour cette Bande Annonce ?
Cyril Moisson : Je suis un ami du réalisateur Olivier Jahan, qui était l'associé de Pierre-Henri Deleau, maître d'oeuvre des trente premières éditions de la Quinzaine. Il m'a d'abord convié à faire la musique des 30 ans de la Quinzaine, dans le style d'Aphex Twin. Puis il m'a rappelé en 2005 pour la bande annonce qui est encore diffusée aujourd'hui. Pour les 40 ans, j'avais aussi fait une musique pour un documentaire. Et cette année, pour les 50 ans, il m'a redemandé pour quelques spots supplémentaires.
Vous êtes le compositeur attitré de la Quinzaine ?
C.M : On peut dire ça... mais pas seulement, j'ai aussi fait pour Olivier Jahan des choses pour l'AFCAE, Pyramide (le distributeur)...
Vous vous dédiez donc à la composition de musiques de spots pour le cinéma ?
C.M : A la base, je suis ingénieur du son dans le cinéma. Mais puisque je suis aussi musicien, j'ai parfois accepté de faire de la musique de film, mais pour de petits formats, des pubs ou des spots d'entreprises, car j'ai des limites, je ne sais pas tout faire dans ce domaine. A un moment, je voulais faire les deux de front, mais cela ne s'est pas fait, c'est aussi une question de réseau. En revanche, par mon activité de musicien, on m'a souvent appelé comme ingénieur du son sur des films musicaux. J'ai fait « Django » et « La Famille Bélier » par exemple.
Vous est-il arrivé d'avoir un film sur lequel vous aviez travaillé sélectionné à la Quinzaine ?
C.M : Oui, le film d'Olivier Jahan, FAITES COMME SI JE N'ÉTAIS PAS LÀ (2000), pour lequel j'ai fait toute la musique avec piano, violon et guitares.
Le piano est l'instrument exclusif de votre musique pour la B.A de la Quinzaine... est-ce votre instrument fétiche ?
C.M : Pas du tout, je joue très peu de piano en fait. Je suis plutôt bassiste et guitariste au départ. C'est un morceau que j'ai composé à l'âge de 18 ans, qui n'a jamais été joué nulle part. J'avais écrit cette suite d'accord qu'on entend, mais j'ai ensuite ajouté des éléments au-dessus pour la commande du festival.
Depuis 2005, cette musique n'a pas changé ?
C.M : Pas vraiment. On m'a juste demandé il y a 4 ou 5 ans de lui rajouter 10 secondes. C'est dommage car on perd l'équilibre du morceau. Pendant longtemps le morceau faisait 1 minute, maintenant il fait 1'10. Pour cette rallonge, je ne pratiquais plus les mêmes instruments, j'ai dû donc reprendre une boucle et la rejouer avec un autre piano par dessus. Le morceau tel qu'il existe aujourd'hui est une sorte de Frankenstein entre la mélodie d'origine et des ajouts faits il y a 5 ans.
Chaque année votre musique est ainsi entendue à chaque séance de la Quinzaine. Elle est donc devenue un air que l'on retient... Y a t-il des réalisateurs venus à Cannes depuis 13 ans qui vous ont fait part de leur interêt pour cette musique au point de vous commander des musiques pour leur propre film ?
C.M : Il y a encore aujourd'hui des gens qui découvrent que c'est moi qui est fait cette musique. Marc Fitoussi avec lequel j'ai fait la série « 10 pour cent » (comme ingénieur du son) s'en est récemment étonné... Curieusement, la personne qui est indiquée comme pianiste a des appels, mais pas moi. Ce pianiste est un ami, cela ne me pose pas de problèmes, mais il n'a pas créé une seule note, la mélodie me revient. C'est vrai que cette petite musique a marqué les gens mais elle n'a pas donné l'envie à d'autres gens de me contacter pour faire quelque chose de plus conséquent.
En terme de royalties, vu le nombre de diffusion de cette bande annonce (à Cannes, sur le web, à la télé, mais aussi au Forum des Images lors des reprises...), la SACEM joue son rôle de redistribution ?
C.M : Et bien pas du tout... cette musique est une sorte de hit qui ne rapporte rien ! J'ai jamais bien compris... je ne m'en suis jamais occupé.
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