lai, - Francis Lai (1932-2018) : Simplicité, Humilité & Fidélité, 3 vertus d'un grand mélodiste Francis Lai (1932-2018) : Simplicité, Humilité & Fidélité, 3 vertus d'un grand mélodiste

lai, - Francis Lai (1932-2018) : Simplicité, Humilité & Fidélité, 3 vertus d'un grand mélodiste

par Benoit Basirico - Publié le 07-11-2018




La mort à 86 ans de Francis Lai survenue le 7 novembre 2018 nous a rendu triste. Non seulement parce qu'il représente beaucoup pour la musique de film (auteur de thèmes mémorables pour le cinéma français et international), mais aussi et surtout parce qu'il incarnait de belles vertus humaines : une simplicité qui habitait autant ses mélodies épurées que son approche amicale dans les relations, une humilité qui faisait que sa musique était toujours à sa juste place, jamais au-dessus, et qui encourageait les collaborations et les transmissions, et enfin, la fidélité, à lui même (il ne s'est jamais trahi) et aux autres (38 films avec Claude Lelouch depuis leur rencontre sur UN HOMME ET UNE FEMME en 1966). Son Oscar pour LOVE STORY (1971) lui convient bien car toute sa vie a été une histoire d'amour, pour la musique, le cinéma, et les autres. 

Mélodiste hors-pair

Francis Lai commence en jouant de l'accordéon dans les cabarets, et comme accompagnateur ou compositeur dans la chanson auprès de Edith Piaf, Mouloudji, Yves Montand... Pour UN HOMME ET UNE FEMME (1966) qui marque sa première collaboration avec Claude Lelouch, on retrouve une chanson, celle interprétée par Nicole Croisille sur des paroles de Pierre Barouh (Dabadabada). Il était très attaché aux mélodies mémorisables, et déclinées en plusieurs couleurs au sein d'un même film. Il avait le sens de la ritournelle, du refrain, de la rime musicale.

Dans un registre orchestral, il compose à l'international la partition de MAYERLING (1968) de Terence Young orchestrée par Christian Gaubert. Pour le mélo LOVE STORY (1970) d'Arthur Miller, il remporte un Oscar et un Golden Globe (il n'a reçu aucun César malgré ses 4 nominations). Sa phobie de l'avion stoppe net son essor à Hollywood. Avec René Clément, il écrit ses musiques les plus personnelles et intimes (LE PASSAGER DE LA PLUIE, 1969 / LA COURSE DU LIÈVRE À TRAVERS LES CHAMPS, 1972). 

On peut également citer dans le registre sensuel BILITIS (1977), EMMANUELLE 2 (1975) et MADAME CLAUDE 2 (1981), ainsi que dans le genre du film policier LES HOMMES (1973) de Daniel Vigne, LE CORPS DE MON ENNEMI (1976) de Henri Verneuil, CANICULE (1984) d'Yves Boisset, LES RIPOUX (1984), ASSOCIATION DE MALFAITEURS (1986) de Claude Zidi.

Simplicité, Humilité & Fidélité

Simplicité : Ses mélodies épurées évitaient toute sophistication superflux, il demeurait au service des personnages, épousant la ligne ténue de leurs sentiments. Dans la vie, il avait la même spontanéité, on peut même parler d'une certaine bonhomie, qui a pu provoquer chez certains un dédain à son égard, lui reprochant son côté "populaire", à l'opposé d'un esprit savant, même s'il l'était assurement dans son domaine, mais de manière légère.

Humilité : Sa musique était toujours à sa juste place, ne cherchait pas à prendre le vedette sur le film. Ses thèmes étaient pourtant mémorables, mais toujours humbles. Dans les collaborations, il assumait pleinement l'apport de ses partenaires, arrangeurs, orchestrateurs, qui lui reconnaissent sa bienveillance. Il savait transmettre à la jeune génération qui se souvient de lui comme un être délicieux. Jean Musy dans notre récente interview évoque sa proximité en tant qu'arrangeur : "Francis est absolument merveilleux, adorable, il me laissait une grande latitude". 

Fidélité : Il ne s'est jamais écarté de sa voie, il est toujours resté lui-même. Sa phobie de l'avion a écarté toute attirance pour les sirènes de Hollywood. Son attachement et dévouement vis à vis des autres est incarné par les 38 films qu'il a fait avec Claude Lelouch, en incluant son prochain film, LES PLUS BELLES ANNÉES, la suite d'UN HOMME ET UNE FEMME. La boucle est ainsi bouclée.

Interview et 5 musiques choisies

 

 

par Benoit Basirico

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